Seuls Cunego et Petacchi

Le Giro pouvait difficilement trouver meilleur épilogue en mettant à l'honneur les deux grands acteurs de cette 87e édition au terme des 154 Km du dernier acte. A eux deux, Damiano Cunego et Alessandro Petacchi ont en effet régné sans partage sur le peloton, totalisant 13 victoires d'étapes. Seuls McGee (prologue), Simono (3e), McEwen (5e), Rodriguez (9e), Sella (11e), Honchar (13e), Tonkov (17e) et Garzelli (19e) sont parvenus à grappiller les miettes laissés par les deux ogres du cyclisme italien. En la matière, on connaissait l'appétit vorace de Petacchi.

Mais, à 30 ans, le roi du sprint a franchi un nouveau palier en faisant tomber le record de victoires datant de la Seconde Guerre Mondiale (Alfredo Binda en 1927, Learco Guerra en 1934, Giuseppe Olmo en 1936). Pour la première fois, le coureur de la Fassa Bortolo a survécu à la montagne, lui permettant ainsi de signer neuf succès d'étape. Lors du final, ce dernier a livré une nouvelle démonstration en plaçant une accélération dans les derniers mètres qui laissât ses principaux rivaux sans réaction. Incapables de suivre le rythme, Marco Zanotti (Vini Caldriola) et (Gerolsteiner) ont ainsi dû se contenter des places d'honneur avec plusieurs longueurs de retard.

Mais, si la performance de Petacchi force l'admiration, l'avenir semble désormais appartenir à Damiano Cunego. A seulement 22 ans, il devient en effet le plus jeune coureur à remporter le Tour d'Italie depuis Giuseppe Sarroni en 1979 après seulement trois saisons dans le peloton professionnel. Il n'en fallait pas plus au cyclisme italien pour se trouver une nouvelle idole. Représentant de la nouvelle génération, il a ainsi eclipsé les favoris trentenaires, au premier rang desquels Stefano Garzelli et Gilberto Simoni, double vainqueur de l'épreuve.

Sa faculté de démarrer et de prolonger l'effort, sa lucidité et son sang-froid ont impressionné au point de le hisser au rang de successeur de Marco Pantani. Les félicitations de Simoni à Milan ne font pas oublier que ce succès dans le Giro a pris des allures de passation de pouvoir au sein l'équipe Saeco, le champion du monde junior en 1999, fort de ses quatre victoires, ne laissant qu'une étape dans l'escarcelle de son coéquipier, 3e au général. Il faudra pourtant attendre deux ans avant de le voir sur le Tour de France. Mais Cunego peut désormais voir la vie en rose...