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Tour d'Italie 2014 : Un nouveau "Pirate" est né

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 25/05/2014 à 21:28 GMT+2

Il y a vingt ans, Marco Pantani remportait sa première victoire sur le Tour d’Italie. En remportant la 15e étape du Giro 2014, Fabio Aru s’est révélé aux yeux de tous, à 23 ans. Et difficile de ne pas faire le lien avec l’ancien champion italien.

Fabio Aru (Astana), vainqueur à Montecampione

Crédit: AFP

Plan di Montecampione. Le "Mont des champions". Cette montée ne s’offre pas à n’importe qui et ceux qui y arrivent en tête méritent le même nom de baptême que cette montagne. Jusqu’ici, seuls deux grands champions y avaient gagné. Victorieux de la 15e étape du Tour d’Italie 2014, Fabio Aru a montré sur les difficiles pentes de l’ascension lombarde son incroyable talent de grimpeur. Il a ainsi rejoint au palmarès Bernard Hinault, victorieux ici en 1982 mais surtout Marco Pantani, vainqueur en 1998. Depuis son passage chez les professionnels, le coureur de l’équipe Astana est considéré en Italie comme le possible successeur du "Pirate". Et ce n’est pas sa prestation du jour au Plan di Montecampione qui devrait changer l’avis des tifosi.
Du côté des supporters italiens, on n’a surement pas oublié que Pantani avait remporté sa première victoire lors de son deuxième Giro, en 1994, lors de la 14e étape. Voir, vingt ans plus tard, Fabio Aru, pur grimpeur italien comme son illustre compatriote, remporter le 15e étape du Tour d’Italie ne peut que raviver des souvenirs aux plus nostalgiques. Surtout avec une victoire au Plan di Montecampione. Considérée comme "la" montée Marco Pantani. Celle où le Pirate avait forgé une partie de sa grande légende en 1998. Alors, bien sûr, pour Aru, c’était l’étape ou jamais pour montrer qu’il avait les épaules. Le coureur de l’équipe Astana connaissait très bien l’ascension pour y posséder une maison au pied. Mais encore fallait-il en avoir les capacités. Ce dont beaucoup doutaient.
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Fabio Aru, 2012

Crédit: AFP

Pourtant, lorsqu’il est passé professionnel, en août 2012, dans l’équipe Astana, Fabio Aru était déjà auréolé d’un passé chez les espoirs plutôt glorieux. Double vainqueur du Tour de la Vallée d’Aoste en 2011 et 2012 – l’une des épreuves espoirs les plus prestigieuses – et deuxième du Baby Giro 2012, l’Italien d’à peine 23 ans était l’un des jeunes les plus prometteurs de la génération 90, celle des Pinot et autre Bardet. Son parcours avant de passer professionnel n’était d’ailleurs pas sans rappeler celui de Marco Pantani. Le Pirate avait réussi trois fois consécutivement à se hisser sur le podium du Baby Giro, en 1990 (3e), 1991 (2e) et 1992 (vainqueur).

Un style assez comparable mais plus en puissance

Même leurs premières performances chez les professionnels sont sensiblement les mêmes. Après être passé pro en août 1992, "Il Pirata" est parvenu à accrocher une 5e place sur le Tour du Trentin en 1993. Vingt ans plus tard, Aru est lui resté au pied du podium (4e) en travaillant pour son leader, Vincenzo Nibali. Comme Pantani à l’époque chez Carrera Jeans avec Chiappucci. Car, là aussi, leur situation se ressemble. Tous deux appartiennent à l’équipe de meilleur coureur italien sur les courses par étapes de leur époque. Qui est dans les deux cas un attaquant-né !
Mais la comparaison ne s’arrête pas là. Car Pantani c’est avant tout un pédalage, un style sur le vélo et un look hors du commun. Du moins jusqu’ici. N’allez pas imaginer Fabio Aru oreilles percées, bandana à l’air. Non. C’est réservé au Pirate et les nouvelles réglementations empêcheraient sûrement toute imitation vestimentaire de l’unique auteur du doublé Giro-Tour (1998).
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1998 Tour de France Marco Pantani

Crédit: AFP

Mais, sur un vélo, le coureur d’Astana semble vraiment avoir appris avec "El Elefantino". La transmission directe n’a évidemment jamais eu lieu. Ils ont vingt ans écart. Mais le style est troublant. Mains en bas du guidon, la tête dodelinant à droite et à gauche, le quatrième provisoire du Giro 2014 a rappelé à tous son illustre compatriote, malgré un gabarit légèrement supérieur (1,83m, 66kg contre 1,72m, 57kg). Surtout lors de sa première attaque, qui lui a permis de revenir sur Pierre Rolland. Quelle idée aussi de placer une banderille exactement au même endroit que Pantani en 1998… Aérien, presque facile visuellement parlant, Fabio Aru a réussi à faire sauter presque tous les favoris de sa roue, à l’image de Nairo Quintana, pourtant explosif lui aussi. Surtout, l’Italien a réussi à maintenir sa violente attaque sur plusieurs centaines de mètres. Une performance très rare de nos jours. Pas dans les années 90. Sa puissance lors de la fin d’étape a montré qu’il ne s’était pas mis dans le rouge pour cette attaque. Comme si c’était normal. Comme si grimper était une seconde nature.
En 1994, Marco Pantani avait terminé meilleur jeune et deuxième du Tour d’Italie. Mais Fabio Aru n’a pas l’intention de pousser la comparaison jusque-là.  Lui vise bien plus loin. Le maillot rose pour être précis. Dès cette année. Et vu sa performance ce dimanche, aucun rêve ne lui est plus interdit sur ce Giro.
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