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Tour d'italie : Le nouveau Pierre Rolland s’éclate de l’autre côté des Alpes

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 29/05/2014 à 21:06 GMT+2

Nouveau troisième du Giro, Pierre Rolland découvre avec réussite l’univers du Tour d’Italie. Le Français, qui a changé sa manière de courir, a montré qu’il avait les moyens de lutter avec les tous meilleurs.

Pierre Rolland (Europcar)

Crédit: Panoramic

1990. Il faut remonter à 24 ans pour voir un Français monter sur le podium du Tour d’Italie, le jour de l’arrivée. C’était Charly Mottet. En 2011, John Gadret (AG2R) n’avait pas eu cette chance (il avait fini 4e mais le vainqueur Contador avait été déclassé ensuite). A Trieste dimanche, Pierre Rolland (Europcar) pourrait succéder au grimpeur de la défunte équipe RMO. Bien sûr, certains diront que ce n’est pas le Tour de France. Que le plateau n’est pas très relevé. Que la performance est à relativiser. En tout cas, à trois jours de la fin de cette 97e édition, le Giennois est monté pour la première fois de sa carrière sur le podium provisoire d’une course de trois semaines. Une juste récompense de la remise en cause à laquelle le Français s’est pliée.

Une préparation spéciale Giro réussie

Depuis le Tour de France 2012, le leader de l’équipe Europcar est attendu par toute la France comme le coureur – avec Thibault Pinot – capable d’accrocher un top 5, voire un podium sur un grand Tour. Malheureusement, aucun des deux n’avait réussi à confirmer ces promesses entrevues l’an passé, Rolland terminant à la 24e place du Tour. Il avait surtout inquiété par son incapacité à attendre le bon moment, partant souvent à contre-temps et cherchant à se battre pour le maillot à pois alors que le général devait être son objectif. Le Français, qui n’avait remporté que le Circuit de la Sarthe (+ une étape) l’an passé, avait ainsi pris la décision cet hiver de bouleverser totalement ses plans et sa préparation pour retrouver les sensations qui lui avait permis de se classer 10e du Tour 2011 et 8e en 2012.
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2012 Tour de France Pierre Rolland

Crédit: AFP

Bye, bye donc le Tour de France (un première depuis cinq ans) et la pression qu’il impliquait. Bonjour le Tour d’Italie, seul Grand Tour dont Rolland n’ait encore jamais fait l’expérience. Mais les décisions révolutionnaires hivernales du cycliste de 27 ans ne sont pas arrêtées là. Le grimpeur d’Europcar a pris confiance en lui et en son équipe. C’est en tout cas ce qui ressort du début de saison du Giennois qui avait axé sa première partie de saison sur l’épreuve transalpine. 26e de Tirreno-Adriatico, 23e de Liège-Bastogne-Liège, le Français est doucement monté en puissance pour être en forme optimale en fin de Giro. Force est de reconnaître que jusqu’à maintenant, sa préparation a semblé parfaite.

Une attitude de leader

15e et 19e lors du premier week-end montagneux, Pierre Rolland a depuis terminé 14e à Oropa (14e étape), 4e au plan di Montecampione (15e étape) et 3e au Val Martello (16e étape). Ce jeudi, le Français a été le seul à tenter sa chance, le seul à prendre des risques dans la dernière ascension. Même s’il a finalement perdu quelques secondes (six exactement) sur Fabio Aru, cette 18e étape a été une preuve supplémentaire de son changement d’attitude. Il y a six mois, le troisième provisoire de ce Giro aurait espéré une victoire d’étape en partant de loin et pourquoi pas une belle remontée ainsi au classement. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui plus serein, plus sûr de lui et de ses capacités, Pierre Rolland n’a pas hésité à attendre la dernière montée pour attaquer. Comme s’il ne se sentait plus inférieur dans la montagne. Comme s’il n’avait plus peur de regarder les autres grimpeurs dans les yeux.
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Nairo Quintana (Movistar), en compagnie de Pierre Rolland (Europcar), avait encore repris du temps sur Rigoberto Uran à l'arrivée de la 15e étape du Giro 2014

Crédit: AFP

Sans complexe face aux favoris théoriques de ce Tour d’Italie, le Français a transmis sa fougue et son envie de réussir à ses équipiers. Encore en Continental l’année passée, Europcar a  semblé ce jeudi l’équipe à la fois la plus solide et la plus ambitieuse sur le Giro, derrière la Movistar du leader Nairo Quintana. Elle a été la seule, avec AG2R quelques instants, à prendre ses responsabilités parmi les équipes des favoris. Comme tous les jours ou presque en haute montagne. Que ce soit à Montecopiolo (où Rolland a failli gagner), à Oropa ou au plan di Montecampione, Europcar n’a cessé de travailler pour permettre à Pierre Rolland d’attaquer.
Souvent, le leader de l’équipe de Jean-René Bernaudeau  a pris la poudre d’escampette avec un de ses équipiers. Il a parfois su en placer à l’avant, pour bénéficier d’un point d’appui en fin de course. Une tactique intelligente, à laquelle ne nous avait habitué ni Europcar, ni Rolland. Et, mardi, vers Val Martello, elle a fini par payer. En attaquant dans la descente du Stelvio avec Romain Sicard, flanqué des seuls Quintana et Hesjedal, Pierre Rolland a changé le cours de son Tour d’Italie. Et s’est offert la possibilité d’un premier podium sur un Grand Tour qu’il devra confirmer vendredi au monte Grappa et samedi au Zoncolan. Il n’en a en tout cas jamais été aussi près.
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