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Un parcours toujours plus difficile, la stratégie payante du Giro face au Tour de France

Christophe Gaudot

Mis à jour 24/02/2021 à 17:59 GMT+1

TOUR D'ITALIE - Premier grand tour du calendrier, deuxième dans la hiérarchie derrière la Grande Boucle, le Giro cherche à réduire l'écart. Pour cela, il a adopté depuis une décennie une stratégie qui consiste à proposer un parcours toujours plus difficile. Et ça plaît. Explications après la présentation du parcours de la 104e édition, ce mercredi.

Wilco Kelderman (Team Sunweb) on the Stelvio during Stage 18 of the Giro d'Italia 2020

Crédit: Getty Images

C'est une tradition autant qu'un jeu. Les semaines, les mois mêmes, précédant la divulgation du parcours d'un grand tour, les rumeurs vont bon train et certains se spécialisent dans le recensement de celle-ci. Le but, devancer l'appel et tomber juste, évidemment. Avec le Giro, il y a une petite chose en plus car le parcours du premier grand tour de l'année est bien souvent à la fois surprenant et effrayant. C'est la marque de fabrique de Mauro Vegni, le Christian Prudhomme italien, qui aime faire parler de lui et de sa course.
Dans la hiérarchie des courses de trois semaines, le Tour d'Italie a depuis bien longtemps largué son homologue espagnol, troisième roue du carrosse. Vegni ne s'en cache pas, son ambition est de faire du Giro un égal de l'intouchable Tour de France. Sur le terrain du prestige, l'écart s'est considérablement réduit mais la Grande Boucle demeure au-dessus. Vegni a beau communiquer, faire des grands départs qui font parler, viser New York à terme, il regardera toujours le Tour d'en bas de ce point de vue-là. Son arme est ailleurs et il s'en sert allègrement.

Zoncolan, Stelvio, Mortirolo… Le Giro a des belles armes

Toujours plus haut, toujours plus dur, le Tour d'Italie a longtemps adapté la devise olympique à sa sauce. La Botte, plus que l'Hexagone, propose des cols terribles. Et le Giro n'a pas peur d'y aller. Ainsi, en 2021, le Monte Zoncolan, peut-être l'ascension la plus dure d'Europe (8,3 km à 13,6% de moyenne) avec l'Angliru, figure au programme. Une arrivée de ce type ferait sensation sur le Tour de France ? Vegni en a ajouté d'autres avec, notamment, une étape massacrante entre Sacile et Cortina d'Ampezzo. Au conservatisme du Tour, l'Italie répond par une volonté de casser tous les codes.
Gavia, Stelvio, Trois Cimes de Lavaredo, Mortirolo, Plan de Corones, Colle delle Finestre (et son sommet non goudronné), l'organisateur n'a qu'à se baisser pour donner aux coureurs des raisons de souffrir. Et il n'hésite pas car il a fait de la difficulté et des cols mythiques, l'identité de sa course quand le Tour mise sur son prestige et sur des découvertes ici et là (Planche des Belles Filles…). En résumé, le Giro peut tout se permettre, quitte à défrayer la chronique (c'est sans doute même une partie de l'objectif), quand le Tour n'a pas la même liberté.
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"Geoghegan Hart, on le voit venir depuis un petit moment"

Bernal et Pinot en 2021

Les Tour de France et Giro 2020 symbolisent assez bien la différence entre les deux entités et pourquoi la course italienne plaît de plus en plus aux puristes. Sur la Grande Boucle, la Jumbo-Visma a pu imposer un rythme dingue grâce à son train, étouffant toutes les velléités offensives des adversaires. Quelques semaines plus tard, l'étape-reine du Giro se résumait à un match entre un duo Dennis-Geoghegan Hart d'un côté et le seul Hindley de l'autre. Pourquoi une telle différence de spectacle ? Parce que le niveau des équipes n'était pas le même en Italie ? Oui mais pas seulement.
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Rohan Dennis leads Tao Geoghegan Hart and Jai Hindley up a climb on Stage 20 at the Giro d'Italia

Crédit: Getty Images

Depuis plusieurs années désormais, les organisateurs du Giro sont passés maîtres dans l'art de tracer des grandes étapes de montagne. A l'inverse, le parcours du Tour est souvent montré du doigt pour des parcours pas assez difficiles. En Italie, la multiplication des ascensions et la longueur des étapes défavorisent les équipes organisées en train et font la part belle aux purs grimpeurs qui ont le loisir de rapidement se trouver entre eux.
De quoi offrir une course plus ouverte et donc gagner une partie de la bataille du prestige. Une partie seulement. Pourtant magnifique, l'étape du Stelvio sur le Giro 2020 ne tient pas la comparaison avec celle de La Planche des Belles Filles du Tour. Indéniablement le Giro est désormais dans la roue du Tour. En 2021, Egan Bernal, l'un des meilleurs grimpeurs du monde, et Thibaut Pinot, qui zappe la Grande Boucle, seront au Giro. Preuve que la stratégie de Mauro Vegni porte ses fruits et que le toujours plus a des adeptes.
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