Tour de Catalogne : Sepp Kuss (Visma - Lease a Bike) et l'opportunité de confirmer son changement de statut

Jusque-là, il n’était qu’un homme de l’ombre. Celui qui abat le sale boulot, impose le tempo en altitude et place ses leaders sur le sentier de la gloire. Cette condition de lieutenant idéal, Sepp Kuss ne l’a jamais reniée, bien au contraire. À la fin de l’été 2023, cependant, il s’en est extirpé. En remportant la Vuelta à la surprise générale, le grimpeur du Colorado est passé dans une autre dimension. Il fait désormais partie du cercle des vainqueurs de Grands Tours et son statut, par conséquent, ne peut plus être tout à fait le même.

"Je n’ai pas le sentiment de devoir prouver plus ou de donner encore un peu plus cette saison. J’irai sur les courses avec plus de confiance et c’est déjà un énorme facteur", avait affirmé l’Américain dans Cycling Show, fin février. Non, son sacre espagnol ne va pas fondamentalement bouleverser ses habitudes. D’ailleurs, l’été prochain, il sera bel et bien au soutien de Jonas Vingegaard sur le Tour de France, comme lors des deux dernières saisons. Mais la nouveauté, c'est que d’ici-là, il pourra aussi jouer sa carte personnelle. À commencer par cette semaine.

Après un début de saison piano, notamment marqué par une 6e place sur la Clasica Jaén et une 8e sur le Tour de l’Algarve, Kuss dispute, sur le Tour de Catalogne, sa première course par étapes World Tour depuis la Vuelta. Il aborde l’épreuve en tant que leader, au sein d’une formation Visma - Lease a Bike également composée du prometteur Cian Uijtdebroeks ou de l’expérimenté Steven Kruijswijk. Sans avoir à protéger Vingegaard, ni Primoz Roglic - qui a depuis rejoint la Bora-Hansgrohe -, le natif de Durango pourra se concentrer sur lui-même. En bref, ce sera l’occasion rêvée de confirmer son changement de statut.

Et ce d’autant plus que le menu catalan s’annonce copieux. Pour briller au général, le coureur de 29 ans devra ferrailler avec Simon Yates (Jayco AlUla), Alexander Vlasov (Bora-Hansgrohe), Geraint Thomas (Ineos-Grenadiers) et, surtout, Tadej Pogacar (UAE Emirates), déjà passé tout près de rafler la première étape lundi. Du beau monde, qui observera le lauréat de la Vuelta 2023 d’un œil nouveau. "Avant, j'étais vu comme un bon coureur mais jamais celui qui pouvait se battre pour la gagne jusqu'aux derniers jours, a remarqué Sepp Kuss dans un entretien à L’Équipe. Maintenant, j'ai aussi cette capacité, donc je suis probablement vu différemment par mes rivaux."

En outre, le parcours de la 103e édition de la Volta semble taillé pour ses qualités : pas le moindre kilomètre de contre-la-montre, mais beaucoup de montagne et du dénivelé à volonté. Dès ce mardi, le peloton devra se coltiner l’ascension vers la station de ski de Vallter 2000. D’autres arrivées au sommet sont prévues mercredi et samedi, sans oublier l’ultime étape, le traditionnel circuit barcelonais faisant la part belle à la colline de Montjuic. Celui qui vit en Espagne - il est d’ailleurs marié à une Catalane - sera ainsi dans des conditions idéales pour se frotter à Pogi et consorts.

De quoi lui permettre de s’exprimer au mieux dans son inhabituel costume de leader. "Désormais, il y a plus d’espace pour moi, pour tenter des choses qui me sont propres et voir comment ça fonctionne", avait reconnu l’intéressé dans Cycling Show, en faisant référence au vide laissé par le départ de Roglic. En attendant de retrouver Vingegaard et un rôle de fidèle lieutenant qu’il affectionne sincèrement, Kuss va pouvoir tenter ces "choses". Et montrer qu’il mérite, lui aussi, d’être en haut de l’affiche.