Cavendish d'un cheveu

Au terme des 1 600m de l'avenue de la Châtre, ligne droite finale de l'étape la plus longue de cette édition 2008, Mark Cavendish a décroché la première victoire de sa carrière sur le Tour de France, la huitième cette saison. A Châteauroux, ville arrivée de ce 5e opus, le Britannique de la formation Columbia, déjà vainqueur de deux étapes sur le dernier Giro, a devancé avec plus d'une longueur l'Espagnol Oscar Freire (Rabobank), l'Allemand Erik Zabel (Milram) et le Norvégien Thor Hushovd (Crédit Agricole), nouveau maillot vert de l'épreuve. L'Australien Robbie McEwen a dû se contenter d'une décevante 8e place.

Grâce au travail de son équipe dans les derniers hectomètres, Mark Cavendish est parvenu à triompher, après avoir dépassé dans les derniers mètres Nicolas Vogondy, passé à deux doigts de signer un véritable exploit. "J'étais très motivé et tout s'est bien passé", a commenté le coureur de l'Ile de Man, qui succède à l'Italien Mario Cipollini, dernier vainqueur à Châteauroux en 1998. "J'ai tout donné sur la fin et j'avais de bonnes jambes. Gagner une étape sur le Tour de France, c'est fabuleux. Je pourrais presque rentrer à la maison dès ce soir !" .

Avant cette arrivée massive, trois hommes se sont distingués en provoquant la sortie du jour. Une nouvelle fois, ce sont trois Français qui ont pris la poudre d'escampette quelques minutes après avoir quitté Cholet. Partie dès le 3e des 232km, l'échappée a pris naissance sous l'impulsion de l'attaquant Lilian Jégou, déjà aux avant-postes lors de la première étape et papa dans les prochaines heures. A ses côtés, deux autres Tricolores, champions de France : Florent Brard (Cofidis; 2006) et Nicolas Vogondy (Agritubel, 2002 et 2008), le régional de l'étape puisque originaire de Blois. Moins charitable que depuis le début du Tour, le peloton, souvent mené par l'équipe de Stefan Schumacher, la Gerolsteiner, et en fin d'étape par la Columbia du futur vainqueur, n'a jamais permis aux trois fuyards de rêver à la victoire. Après avoir atteint 8'15" au km 33,5, l'avantage des trois Français n'a cessé de diminuer. Jusqu'au 126e km, Lilian Jégou fut tout de même maillot jaune virtuel.

Calquant ses efforts sur les trois échappés, le groupe maillot jaune ne s'est jamais affolé. Même lorsqu'il a assisté, sans sourciller, à la chute d'Alejandro Valverde. Il était difficile de ne pas repenser aux éditions 2005 et 2006 qui avaient vu le vainqueur de Plumelec abandonner après s'être blessé à un genou en tapant son guidon et avoir goûté de près au bitume. Flanqué de sa garde prétorienne, l'Espagnol sollicitait l'assistance de la voiture médicale puis regagnait tranquillement le corps du peloton. Bien avant cet épisode sans conséquence, on avait appris que Juan Mauricio Soler avait lui rendu les armes pour de bon.

Victime d'une chute en fin de première étape, le Colombien avait décidé, après une heure de course, de jeter l'éponge, devenant ainsi le 3e coureur à abandonner dans cette édition 2008, après les retraits du Français Hervé Duclos-Lassalle (Cofidis, 1re étape) et de l'Espagnol Angel Gomez (Saunier Duval-Scott, 3e étape). "Je ne pouvais plus freiner. J'avais très mal à chaque fois. Cela devenait dangereux. Ce n'était plus possible de poursuivre" , a expliqué l'intéressé. Diminué par une fracture d'un petit os de la main droite, le maillot à pois 2007 a quitté le Tour par la petite porte. Les candidats français déclarés à sa succession, que sont Sylvain Chavanel (Cofidis) et Christophe Moreau (Agritubel), qu'on devrait voir à l'attaque jeudi, peuvent se frotter les mains. C'est un adversaire de moins dans la chasse au titre de meilleur grimpeur...