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Eurosport
ParEurosport

Publié 17/07/2009 à 10:00 GMT+2

A 31 ans, Rinaldo Nocentini n'est plus un débutant. Sauf sur le Tour de France, que l'Italien découvre sur le tard cette année. Avec une réussite inespérée puisqu'il porte le maillot jaune depuis maintenant une semaine. Et s'il sait que l'heure de passer la main approche, il en aura bien profité.

Un rookie pas comme les autres. Un maillot jaune pas comme les autres. A 31 ans, à l'âge où certains flirtent avec la dizaine de participations, Rinaldo Nocentini découvre pour sa part le Tour de France cette année. Non qu'il n'ait pas eu le niveau requis auparavant pour le rendez-vous de juillet. Mais au fil des ans, pour des raisons diverses, l'Italien avait toujours manqué la Grande Boucle. Depuis son arrivée chez AG2R, début 2007, il avait demandé à participer au Tour. Sans succès, jusqu'à cette année. "Mes deux premières années chez AG2R, on m'a demandé de faire le Giro et la Vuelta. Moi, j'ai toujours réclamé de faire le Tour, et cette année, les directeurs sportifs m'ont dit oui", explique-t-il.
Difficile d'imaginer que Vincent Lavenu puisse aujourd'hui regretter d'avoir accédé à la demande de son coureur. Aux deux tiers de l'épreuve, Nocentini porte le maillot jaune. Voilà six jours que le Toscan trône tout en haut de la hiérarchie, offrant une exposition maximale à l'équipe AG2R La Mondiale et à son sponsor principal sur la plus grande course du monde. Lavenu a donc bien fait de lancer dans le grand bain ce drôle de débutant. "Rinaldo méritait de venir sur le Tour de France, admet le manager de la formation française, qui avait d'autant plus besoin de réussir un bon Tour après un début de saison anodin. Cela faisait longtemps qu'il demandait à y participer, mais le quota d'étrangers dans une équipe française sur le Tour est limité. Il a été patient."
Lavenu: "Il le porte bien"
Rinaldo Nocentini savourait déjà sa première participation. Alors, le maillot jaune... Il n'y avait évidemment jamais pensé, pas même le jour de sa prise de pouvoir, à Arcalis. "Pour moi, c'est incroyable, confiait le Transalpin vendredi dernier en Andorre, lors de sa toute première conférence de presse en jaune. Je suis parti dans l'échappée sans penser du tout au maillot jaune. J'avais trois minutes de retard au général, et je pensais uniquement à gagner l'étape. Dans la dernière montée, j'avais mon copain de l'équipe Christophe Riblon, qui a fait un gros travail pour moi. Je le remercie. J'ai commencé seulement à y croire dans les cinq ou six derniers kilomètres. J'ai vu qu'on avait encore plus de cinq minutes d'avance, je me suis dit: c'est possible de prendre le maillot." Nocentini n'imaginait pas prendre le maillot. Il n'imaginait pas non plus le conserver aussi longtemps. L'apathie des leaders dans les deux dernières étapes pyrénéennes, et le profil plus calme de la deuxième semaine de course jusqu'à Vittel lui ont permis de garder les commandes du général, juste devant Contador et Armstrong, trop heureux de laisser les AG2R travailler.
Vendredi, l'aventure s'arrêtera peut-être. Son avance est minime, et son équipe n'aura peut-être pas les moyens de contrôler la course sur le difficile parcours vosgien. Vincent Lavenu s'attend à ce que son Italien craque prochainement. "Ce n'est pas un coureur de Grand Tour. Il a du mal à garder son influx pendant trois semaines. Je m'attends à ce qu'il explose tôt ou tard dans la seconde moitié de la course." Quand Andy Schleck avait accéléré dans le col d'Agnès, samedi dernier, lors d'un des rares soubresauts provoqués par un des favoris, Nocentini avait disparu de la circulation avant de recoller une fois le calme revenu. Il le sait, si la bagarre se déclenche, il passera la main. "Ce sera très dur, mais j'espère arriver jusqu'à vendredi soir avec le maillot jaune", ose-t-il. S'il y parvient, il possèdera avec Marco Pantani (7 jours de suite en jaune en 1998) et juste derrière Claudio Chiappucci (8 jours de rang en 1990) le plus long "règne" italien sur un Tour de France sur les 30 dernières années. Pas mal, pour un débutant.
Rien n'augurait d'une telle gloire en ce mois de juillet, même si certains faits d'armes, comme sa deuxième place sur Paris-Nice en 2008, témoigne de ses qualités de puncheur. Mais l'intéressé n'a jamais pleinement confirmé les promesses de ses jeunes années. "Pour devenir un champion, souligne son épouse, Manola, il faut un peu de gnac, d'agressivité, et il lui arrive d'être trop généreux." La semaine écoulée changera-t-elle le coureur? "Peut-être que ce maillot va être un déclic pour lui. Après tout, il y a une grande part de psychologie chez l'athlète", note Vincent Lavenu. En tout cas, l'homme, lui, ne changera pas. La gloire tardive a ses vertus que la jeunesse n'a pas l'honneur d'éprouver. "Le maillot jaune ne va pas changer ma vie, promet Rinaldo. Quand je vais rentrer en Italie, je serai toujours la même personne. J'ai déjà une belle maison et une belle voiture, je ne vais rien changer." Il a aussi ce sourire inlassablement accroché à son visage, que rien ni personne ne pourra lui enlever. Il profite, Rinaldo. Et en famille, en plus. "Mon épouse va rester avec moi jusqu'au moment où je n'aurai plus le maillot jaune, et elle est comme moi, elle a le sourire toute la journée." "Il porte le bonheur sur lui" , conclut joliment Lavenu. Il le porte bien.
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