Vivement juillet

On savait depuis longtemps que le Tour de France 2010 prendrait son envol de Rotterdam et on se doutait que les organisateurs s’attarderaient sur les Pyrénées pour célébrer le centenaire du premier passage de la Grande Boucle dans ce massif ô combien prestigieux. Pour le reste, même si les fuites de la presse régionale avaient déjà livré quelques précieuses indications aux observateurs les plus attentifs, l’attente était grande chez les coureurs et leurs encadrements comme chez les médias et les spectateurs.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces derniers n'ont pas été déçus par la présentation de cet opus 2010 de la plus prestigieuse course cycliste. Avec pas moins de sept étapes de haute montagne et une tortueuse étape sur les pavés du Nord, le parcours propose de nombreuses occasions de provoquer la décision. A n’en pas douter, même si selon le traditionnel adage cycliste "ce sont les coureurs qui font la course", ceux-ci trouveront en juillet prochain un terrain propice à l’expression de leurs velléités offensives.

Du grand départ dans la principale cité portuaire d’Europe à la traditionnelle apothéose élyséenne, c’est donc un menu très copieux qui sera proposé aux coureurs. Tout commencera avec un prologue de 8 kilomètres tracé dans les rues de Rotterdam, troisième ville néerlandaise consécutive à accueillir le départ d’un grand tour après Assen (Vuelta 2009) et Amsterdam (Giro 2010). Ensuite, les coureurs prendront la route de la Belgique et feront étape à Bruxelles (où Laurent Jalabert s’était imposé en 1992) et à Spa par-delà six difficultés ardennaises avant d’affronter ce qui pourrait bien être le premier tournant de l’épreuve. Véritable petit Paris-Roubaix, cette quatrième étape conduira les coureurs du côté de la mythique trouée de Wallers-Arenberg. Si cette dernière ne sera pas à franchir, les coureurs du Tour 2010 devront tout de même en découdre avec plus de 13 kilomètres de pavés répartis en sept secteurs. Si personne ne devrait y gagner le Tour, beaucoup craindront certainement de le perdre.

Après trois étapes a priori propices aux sprinters à Reims, Montargis et Gueugnon, l’arrivée aux Rousses dans les contreforts jurassiens pourraient permettre de voir se dessiner une première hiérarchie des forces. Le lendemain, veille de la première journée de repos, la première arrivée au sommet de cette Grande Boucle 2010 sera jugée à Avoriaz sur les hauteurs de Morzine. La traversée des Alpes, du Nord au Sud, se poursuivra ensuite vers St-jean de Maurienne par delà les cols de la Colombière, des Aravis, des Saisies et de la Madeleine, puis vers Gap, final d’une journée qui aura vu les coureurs affronter les ascensions de la côte de Laffrey et du col du Noyer. Au terme de cette trilogie alpestre, les ténors du général éprouveront sans doute le besoin légitime de faire souffler leurs troupes. Du pain béni pour les baroudeurs qui devraient s’en donner à cœur joie sur les routes accidentées et cassantes qui les mèneront successivement à Bourg-lès-Valence, Mende, où l'arrivée sera jugée au sommet de l'ascension de la Croix-Neuve, et Revel.

Cent ans après l’exploit athlétique d’Octave Lapize premier "forçat de la route" à dompter la haute montagne entre Bayonne et Luchon, les organisateurs du Tour de France se devaient de marquer le coup lors du passage dans les Pyrénées. Avec quatre étapes dont deux arrivées au sommet, le massif du Sud de la France sera à la fête. Le département de l’Ariège inaugura cette gargantuesque quadrilogie avec l’ascension du terrible Port de Pailhères et l’arrivée dans la station d’Ax-3-Domaines. Le lendemain, le peloton prendra la route de Bagnères de-Luchon (via le Col du Porte d’Aspet, le col des Ares, et le Port de Balès) avant de se diriger vers Pau pour un parcours mythique avec, au programme les ascensions du Peyresourde, de l’Aspin, du Tourmalet et de l’Aubisque.

Après une deuxième journée de repos dans la cité béarnaise, le Tour de France devrait vivre son étape reine entre Pau et le col du Tourmalet au sommet duquel le classement général devrait être sacrément décanté. Si d’aventure les écarts entre les postulants à la victoire finale s’avéraient trop ténus, le long contre-la-montre, disputé la veille de l’arrivée dans le Médoc, à Pauillac, devrait finir de dessiner le classement. Présents dans les tous premiers rangs mercredi au Palais des Congrès de Paris, l'un à côté de l'autre, Alberto Contador, Andy Schleck et Lance Armstrong ont semblé fascinés par ce cru 2010. Pour en découvrir toute la saveur, il faut pourtant attendre près de neuf mois. Ça risque d’être long…