La méthode Coué de BMC

"Jusqu'à la fin, on ne renoncera pas". Malgré pratiquement deux minutes de retard au général au soir du contre-la-montre de Besançon, chez BMC, on ne se démobilise pas. Certes, Cadel Evans n'a pas réussi à suivre le tempo imposé par Bradley Wiggins et Christopher Froome, et se retrouve pris en tenailles au général entre les deux coureurs Sky. Mais cela ne suffit pas à assommer le tenace Australien.

Alors était-ce Evans qui était moins fringant ou les Sky qui ont survolé le tracé, lundi? Sans doute un peu des deux. "Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, ni à quel niveau étaient les autres sur un contre-la-montre dans le Tour, analyse Evans. Ça n'a pas été mon meilleur chrono, mais, quand on compare avec les spécialistes, je ne suis pas si loin." Il prend, il est vrai, une honorable sixième place à l'arrivée, à 1'43" de Wiggins alors qu'il accusait dix secondes de retard le matin, mais le voir devancé par son coéquipier Tejay Van Garderen est tout de même une (mauvaise) surprise. "Le Tour n'a pas été optimal pour moi pour l'instant, avance le vainqueur sortant. C'est sûr que 1'53", ce n'est pas la meilleure des positions, comparé aux deux secondes de l'an dernier. Mais le Tour continue."

John Lelangue se montre bien plus positif que son coureur. "On est un peu déçu, mais Cadel et Tejay (Van Garderen, 4e) ont fait un bon chrono, explique le directeur sportif. On a fait notre chrono comme on voulait le faire. On est resté dans les temps de passage qu'on s'était fixés sans tenir compte des écarts avec Wiggins. Nous avons juste été battus par plus fort". Et au maillot jaune qui s'échappe au général, s'ajoute un autre coureur Sky, Froome, qui vient souffler le danger dans la nuque d'Evans.

Si on n'est pas vraiment abattu chez BMC, c'est aussi parce que l'on a la certitude d'un travail bien fait. "Cadel a suivi le tableau de marche qu'on avait fixé à la reconnaissance, ajoute Lelangue. Il reprend du temps à Nibali, Menchov et à pas mal d'autres.Deux minutes en deux semaines, il y a le temps. Et c'est 1'53". Sept secondes dans un Tour, ça compte". Et pour que cela ne soit pas si grave que la formation américaine le laisse entendre, il va cependant falloir changer sa façon de voir la course.

Wiggins 1, Evans 0. Avant la première étape de repos, le Britannique a néanmoins pris un premier ascendant en écrasant le chrono et en repoussant un peu plus la concurrence au classement général. "On n'est pas impressionné par Sky", martèle Lelangue. On a perdu du temps, c'est vrai. On va analyser ça tranquillement. Mais il reste deux semaines pour passer à l'offensive. On restera à l'offensive quoi qu'il arrive." Dès mercredi, les difficultés vont s'enchaîner. Dans le Jura d'abord, puis dans les Alpes avant les Pyrénées en dernière semaine et un ultime chrono à Chartres. De nouveaux terrains de jeu qui aiguisent déjà l'appétit de Cadel Evans.

"Depuis quelques jours, je me sens de mieux en mieux, avance le coureur des antipodes. Il y avait des arrivées au sommet pour ouvrir un peu les choses. Ça a plutôt bien marché". Et Lelangue d'y croire encore: "Ce n’est pas fini ! Moi, j’y crois. Si je commençais à dire que tout était fini, je rentrerais à la maison. Il y a encore de belles étapes et un deuxième chrono qui sera différent de celui-là. On verra d’ici deux semaines à Paris." Méthode Coué ou véritable esprit de conquête? L'avenir le dira. Reste à savoir si la claque reçue au chrono ne laissera pas trop de marques. Mais Evans a prouvé par le passé qu'il n'était pas homme à se laisser abattre par si peu. Comme il le clame tous les ans, l'important reste d'être en jaune à Paris. Peu importe le scénario.