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Les débats du Tour : Le podium est-il déjà joué ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 20/07/2018 à 11:26 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à deux membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Ce jeudi, il est question de podium, de la malchance de Nibali et de sens tactique.

Geraint Thomas, Tom Dumoulin et Romain Bardet dans la montée de l'Alpe d'Huez.

Crédit: Getty Images

Le podium du Tour est-il déjà joué ?

François-Xavier Rallet
Mine de rien, plus le Tour avance, et plus les chances de voir la Sky vaciller s'amenuisent. Un constat évident qui peut se faire aussi en s'attardant quelques instants sur le haut du classement général. Après 50 heures de course, Geraint Thomas possède 1'39" d'avance sur son équipier Chris Froome et 1'50" sur Tom Dumoulin. C'est un écart conséquent, quoi qu'on en dise sur le rôle de lieutenant ou de leader du Gallois. Derrière, chez la concurrence, il va falloir inventer quelque chose, car Vincenzo Nibali, qui pointe au pied du podium, est repoussé à 2'37". Soit 47" secondes de plus que le Néerlandais de Sunweb, bien meilleur rouleur que lui.
A mes yeux, ce trio Thomas-Froome-Dumoulin sera le même sur le podium dans dix jours sur les Champs-Elysées. Reste à déterminer l'ordre. Si Thomas joue sa carte personnelle à fond, évite le jour sans en troisième semaine dont il est coutumier du fait et croit enfin en lui (au lieu de cirer respectueusement les bottes de Froome à chaque arrivée), il a de réelles chances de victoire finale. Mais je n'en démords pas : Chris Froome reste la meilleure chance au sein du Team Sky.
Christophe Gaudot
A chaud, en regardant les écarts au général, les coureurs concernés, l'impression laissée ces derniers jours, je dirais oui. Geraint Thomas impose le respect. Qui peut imaginer que Chris Froome sera hors du podium à Paris ? Et enfin, on tient en Tom Dumoulin le meilleur rouleur du top 10.
Je vais tout de même mettre un bémol et répondre non à la question. Il reste encore trois étapes de montagne et je ne peux croire que ni Thomas, qui n'a aucune référence sur trois semaines, ni Froome ni Dumoulin, qui ont fait le Giro, ne connaisse une défaillance. Enfin, je me demande comment réagira Dumoulin si sa place sur le podium est mise en danger de loin et par plusieurs coureurs. Je doute que son équipe puisse le défendre. Roglic et Bardet peuvent y croire !
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Froome a évité de peu l'agression d'un "spectateur" dans l'ascension finale

Sans sa chute, Nibali aurait-il pu gagner ?

François-Xavier Rallet
C'est compliqué à dire. Mais il faut reconnaître que l'Italien, blessé à une vertèbre et qui ne repartira pas vendredi, faisait très bonne impression dans les lacets de l'Alpe d'Huez. Privé d'équipier, le "Requin de Messine" a dû se débrouiller seul très longtemps et avait tout bon avant de chuter à moins de 4 kilomètres de l'arrivée, juste après l'offensive de Froome (Nibali était d'ailleurs le premier à avoir sauté dans la roue du Britannique). Sans ce coup du sort, provoqué par une moto de la gendarmerie (et non un spectateur, comme on a pu le lire un peu partout) aveuglée par les fumigènes allait-il gagner ? Je n'en sais rien.
Mais sa détermination à revenir sur le quatuor de tête aux côtés de Primoz Roglic en disait long sur sa force du jour. Rappelons qu'il fut aussi le premier à attaquer à 9,5km de la ligne, avant d'être repris 500 plus loin par le monstrueux Bernal et la Sky. C'était peut-être son jour mais cette terrible chute a tout gâché. Et puis au sprint, Nibali avait peu de chance face à Thomas. Un détail néanmoins : pourquoi Nibali n'a pas été reclassé dans le même temps que le vainqueur ? Il y a deux ans, Froome avait vécu pareille mésaventure dans le Ventoux et avait été "sauvé" par les commissaires.
Christophe Gaudot
Sans sa chute, Vincenzo Nibali aurait été avec les meilleurs, sans aucun problème. Le "Requin de Messine" était l'un des plus forts sur la montée de l'Alpe d'Huez. En tout début d'ascension, à un peu moins de dix kilomètres de la ligne, on l'a même vu tenter sa chance. Pour attaquer si loin du but, il fallait se sentir fort. Cependant, et la facilité avec laquelle Bernal est revenu sur lui l'a prouvé, je ne le pensais pas assez costaud pour aller s'imposer en solitaire.
Partant de ce constat, je réponds non. Le haut de l'Alpe d'Huez ressemble plus à un faux-plat montant qu'à une vraie arrivée en bosse. Qui pouvait battre Geraint Thomas au sprint ? Le Gallois a certes été très malin mais il était également le plus fort. Lui l'ancien pistard, avait encore la puissance nécessaire pour battre tout le monde, y compris un grand Nibali.

Pour battre les Sky, Kruijswijk a-t-il montré la voie ?

François-Xavier Rallet
J'y ai cru. Longtemps. Très longtemps. Le numéro de Steven Kruijswijk méritait une autre issue. Mais le Tour n'est pas méritocratie. Présent dans l'échappée matinale, alors qu'il occupait la 6e place du général, puis parti seul à 72 kilomètres de l'arrivée, le Néerlandais a tout de même fait un sacré show. Il a surtout montré à ses adversaires et à ceux qui ont encore de l'ambition ce qu'ils devaient entreprendre s'ils souhaitaient toujours malmener l'armada Sky.
Assumer de partir d'aussi loin est un risque. Mais celui-ci obligera forcément l'équipe britannique à puiser plus rapidement que prévu dans ses réserves. Ce jeudi, celle-ci comptait encore trois hommes de main (Castroviejo, Kwiatkowski et Bernal) à l'entame de l'ultime difficulté. C'est trop pour espérer faire vaciller le colosse à deux têtes de la Sky.
Christophe Gaudot
La force de la Sky réside dans son collectif. Bien sûr, elle a un, et même deux cette année, leaders très forts mais elle a surtout une équipe au-dessus de la concurrence. En partant de loin, Steven Kruijswijk a obligé cette Sky à rouler, un peu, plus vite que ce qu'elle avait prévu. Bilan, Egan Bernal était le dernier équipier encore présent à plus de onze kilomètres de l'arrivée quand ils étaient encore deux (le Colombien et Kwiatkowski) à six bornes du but mercredi. Si personne n'a pu en profiter, ceci semble être la seule tactique qui vaille.
Bien sûr, cela ressemble à une opération suicide. Mais sur le plateau des Rois de la Pédale, Julien Jurdie, directeur sportif d'Ag2r, a expliqué que son équipe n'allait pas se contenter d'une 5e, 6e, ou 7e place sur le Tour. Pour Dumoulin ou pour Bardet, déjà deux fois sur le podium, une place d'honneur n'a quasiment aucune valeur. Pour reprendre assez de temps sur les Sky, il faudra partir de loin. Pourquoi pas sur la 17e étape entre Bagnères-de-Luchon et Saint-Lary-Soulan ? 65 kilomètres, quasiment pas un mètre de plat, ça ressemble à un terrain de jeu idéal…
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