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"Au demi-millimètre près" : Photo-finish, mode d'emploi

Benoît Vittek

Publié 29/07/2018 à 15:33 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Un sprint est probable ce dimanche sur les Champs-Elysées. Si deux as de la vitesse se retrouvent dans un mouchoir de poche au moment de franchir la ligne, il sera peut-être impossible à l'oeil-nu de désigner le vainqueur. Mais la photo-finish est là pour ça. Aujourd'hui, la technologie de pointe, comme chez le chronométreur Tissot, permet de tout voir et tout savoir.

Au millimètre près.

Crédit: AFP

"Et qu’est-ce qu’on fait si on a deux ex-aequo au moment de décerner le premier maillot jaune du Tour ? À force, on se pose la question… Moi je l’ai posée à l’UCI !" Thierry Gouvenou est un directeur du Tour pragmatique, méthodique et doué d’une certaine mémoire pour la chose cycliste.
Avant le coup d'envoi de ce Tour 2018, il voulait parer à toute éventualité. Il a bien vu se multiplier les recours à la photo-finish ces dernières années et ne voulait pas que son épreuve soit prise au dépourvu dès la première cérémonie protocolaire de la 105e édition.
Finalement, Fernando Gaviria s'était imposé sans discussion à Fontenay-le-Comte et aucun des sprints de ce 105e Tour n'aura jusqu'ici eu besoin d'un décryptage sensible de la photo-finish. Mais que Gouvenou se rassure : deux ex-aequo, ce n'est pas pour demain la veille. La technologie assure aujourd’hui la possibilité de séparer les coureurs en toutes circonstances, ou presque.
La chronique fait bien état de (très) lointains précédents d’égalités, inconcevables aujourd’hui. Pour leur dernière participation au Tour, en 1938, les héros Antonin Magne et André Leducq étaient arrivés ensemble à Paris et avaient tous deux été désignés vainqueur d’étape. Une petite décennie plus tôt, après sept étapes sur le Tour 1929, Nicolas Frantz, André Leducq et Victor Fontan étaient ex aequo en tête du classement général. Ils portèrent tous les trois le maillot jaune entre Bordeaux et Bayonne. À l’époque, les arrivées sont jugées à l’oeil-nu et il faudra attendre l’après-guerre pour que la photo-finish fasse son apparition sur le Tour.
Aujourd’hui, ce sont des capteurs placés sur chaque vélo qui permettent d’établir quasi-instantanément l’ordre d’arrivée. "Mais lorsque c’est très serré, il peut y avoir des inversions entre les coureurs", nous explique Pascal Rossier, directeur des opérations sportives pour Tissot, chronométreur officiel du Tour de France. C’est là qu’intervient la photo-finish, constituée de centaines de milliers d’images capturées sur la ligne d’arrivée : "On passe tous les coureurs en revue un par un, avec un juge, et c’est à lui d’établir l’ordre d’arrivée. Ils sont tous capturés au même endroit mais à des moments différents et ensuite on reconstitue l’image. Avant c’était un film."

Plus forte que l’oeil des coureurs, la photo-finish

Ce travail doit permettre en quelques secondes d’établir un classement, provisoire, pour lancer la cérémonie protocolaire et alimenter les diffuseurs. Mais début mars à Meudon, Arnaud Démare a attendu trois minutes avant d’apprendre qu’il avait gagné la 1re étape de Paris - Nice et accroché le maillot jaune sur ses épaules. Ce jour-là, ils étaient quatre sur la même ligne… Et le Français se disait "persuadé d’avoir fini deuxième".
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L'arrivée de la 1re étape : Démare a coiffé Izagirre d'un souffle

Sur le Tour de France 2017, Warren Barguil s’était lui aussi laissé abuser par ses sensations, levant un bras victorieux à Chambéry avant que la photo-finish sourisse à Rigoberto Uran. "Chacun a une impression mais nous on a des moyens pour voir précisément ce qui s’est passé", reprend Pascal Rossier depuis Corgemont, petit village du Jura suisse où un "laboratoire" de chronométrage a été installé par Tissot pour essayer et faire la démonstration de ses technologies de chronométrage.

Une précision au 10 000e de seconde

Entre deux agrandissements (la photo-finish d’Usain Bolt au bout de son 200m olympique à Pékin éblouit le visiteur d’entrée) et les cloches commémoratives des événements olympiques chronométrés par différentes marques du groupe Swatch, on trouve notamment la caméra Myria. Comme son étymologie grec l’indique, elle permet à Swiss Timing “une précision au 10 000e de seconde”, se félicite Pascal Rossier. "Sur une arrivée à 60 km/h, on peut distinguer quelque chose et départager les coureurs à un demi-millimètre près."
Jusqu’à présent, ça suffit : le plus faible écart enregistré sur une épreuve cycliste reste celui de 0,3 millième de secondes (soit environ 6 millimètres) entre Marcel Kittel et Edvald Boasson Hagen l’été dernier à Nuits-Saint-Georges (7e étape du Tour). Les deux principaux intéressés étaient restés interdits dans l’attente du résultat. Celui-ci a bien fini par tomber et n’a souffert d’aucune contestation. Thierry Gouvenou peut être rassuré, son chronométreur lui permettra toujours de départager des rivaux.
Photo finish Démare Paris-Nice
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