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Thomas : "Si, Chris et moi, on courait l'un contre l'autre, on aurait l'air stupide"

Laurent Vergne

Mis à jour 21/07/2018 à 21:36 GMT+2

TOUR DE FRANCE – Toujours aussi solide à Mende, Geraint Thomas a toutes les chances d'aborder les Pyrénées en jaune. S'il reste mesuré dans ses propos, on sent l'ambition poindre entre les lignes. Bien plus que lors de sa prise de pouvoir à La Rosière... Mais, promis, pas question d'entrer en guerre avec Chris Froome.

Geraint Thomas et Chris Froome.

Crédit: Getty Images

Sans avoir l'air d'y toucher, Geraint Thomas est en train de faire évoluer son discours au fil des jours. C'est tout sauf une surprise. Il ne pouvait en être autrement. Chaque jour qui passe conforte un peu plus le maillot jaune dans sa position. Même si tout ceci est subtil et relève toujours de la communication aussi bien huilée que le train de la Sky dans les cols, nous sommes désormais bien loin des "Froomey est notre seul leader" et "je roulerai pour lui sans problème" lancés au cœur des Alpes. Principale option des Sky, Thomas ? Peut-être pas. Mais a minima, il se voit aujourd'hui en co-leader. Plus en lieutenant servile.
Samedi, dans la côte de la Croix-Neuve, le Gallois a en tout cas franchi un nouveau cap. Il est apparu particulièrement à l'aise. Puissant, jamais en danseuse, il a encore maîtrisé son sujet et jamais on ne l'a vu décrocher ne serait-ce que d'un centimètre. "La montée était difficile et je ne savais pas à quoi m'attendre de la part de mes rivaux", a-t-il confié à Mende. Mais quand Tom Dumoulin a tenté d'accélérer, Thomas a répliqué aussi sec. Arrivé en compagnie de Froome et Dumoulin, ses deux poursuivants les plus proches au général, le maillot jaune ne peut plus se cacher.
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Geraint Thomas toujours en jaune.

Crédit: Getty Images

Froome : "Dumoulin est vraiment le plus dangereux"

Il ne le fait plus vraiment, d'ailleurs. Mais son ambition reste difficile à afficher au grand jour, sauf à jeter un pavé dans la mare Sky. Alors Geraint Thomas continue de dire "nous". De raisonner en termes collectifs. "Ça a été compliqué mais on est très satisfait de notre résultat là-haut", a-t-il dit à propos du final de Mende. Mais le maillot jaune, ça ne peut pas être "nous". C'est forcément "je". Et ce "je", pour l'heure, c'est lui. "Je serais content de gagner le Tour mais l'équipe sera contente si quelqu'un de l'équipe remporte le Tour", glisse-t-il. Pour la première fois, il n'écarte plus cette hypothèse.
La ligne rouge à ne pas franchir, c'est de se dresser face à Chris Froome. Il ne le fera pas, ni dans les paroles, ni probablement dans les actes. Ce serait un jeu dangereux pour la Sky et il serait impardonnable du point de vue des hommes de Dave Brailsford, de perdre le Tour l'année où ils ont deux clients pour le gagner. Insupportable paradoxe. "Si, Chris et moi, on courait l'un contre l'autre, on aurait l'air stupide", avoue Thomas. Pour l'heure, l'union fait donc la force, comme le martèle Froome : "Etre aux deux premières places rend la course très difficile pour nos adversaires, ils ont deux coureurs à surveiller. Geraint et moi, on est plutôt content."
D'autant que la présence toujours menaçante de Tom Dumoulin, calé au troisième rang dans la hiérarchie à 11 petites secondes de Froome, donc prêt à sauter sur l'occasion si les duettistes de Sky venaient à s'autodétruire. "Dumoulin est vraiment le plus dangereux", souligne Froome. "Il est impressionnant, il roule à son allure, confirme Geraint Thomas. Il est champion du monde de contre-la-montre, il sait gérer son effort, même sur quarante minutes comme dans la montée de l'Alpe d'Huez. On ne sait jamais s'il souffre ou pas."

L'inconnu... pour tout le monde

D'une certaine manière, Geraint Thomas est dans une position idéale. Il a le pouvoir, sans avoir à en assumer pleinement le poids. "La pression est sur Chris, pas sur Geraint", a d'ailleurs estimé samedi Bradley Wiggins, le vainqueur du Tour 2012. A l'époque, il était à la fois dans la peau de l'un et de l'autre. Un statut de leader comme Froome, mais l'avantage au général comme Thomas. Ce dernier savoure tranquillement, sans se projeter. "Je vis le Tour au jour le jour. Ma seule préoccupation concerne le lendemain, promet le vainqueur du Dauphiné. Il y a encore une étape demain (dimanche), et ensuite on fera un point pour les étapes des Pyrénées."
Sauf catastrophe, Geraint Thomas les abordera en jaune. Il deviendra alors quasiment impossible de ne pas le considérer comme, au minimum, un leader bis à qui il faut laisser sa chance. Bien sûr, rien ne dit qu'il sera capable de tenir la distance. Mais comme il l'a habilement placé, il n'est pas le seul à devoir surmonter une part de mystère : "C'est une première pour moi d'être en jaune sur le Tour de France. Je suis dans l'inconnu quant à savoir si je suis capable de tenir le coup en troisième semaine mais l'inconnu vaut aussi pour Chris et Dumoulin qui ont fait le Giro cette année." Une façon comme une autre de dire que ses chances ne sont pas plus négligeables que celles des autres...
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