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Tour de France : Armada ou chaos, la Movistar à quitte ou double

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 04/07/2018 à 14:49 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Avec Mikel Landa, Nairo Quintana ou Alejandro Valverde, la Movistar a décidé, comme prévu, de présenter ses trois stars au départ du Tour de France, le grand objectif de sa saison. Mais, entre leur entente, le support des équipiers et les risques de la première semaine, les incertitudes sont nombreuses.

Alejandro Valverde y Nairo Quintana (Team Movistar)

Crédit: Getty Images

Il n’y a pas si longtemps, Alejandro Valverde se présentait sur la Grande Boucle 2012 en leader unique de la Movistar, avec toute une équipe derrière lui. Mais ça, c’était avant. Avant que l’Espagnol ne comprenne qu’il ne gagnera probablement jamais le Tour. Avant que Nairo Quintana ne prenne le pouvoir sur les épreuves de trois semaines. Avant, aussi, que Mikel Landa ne rejoigne la formation espagnole pour enfin jouer sa carte en juillet.

Retrouver les joies du jaune

Avec trois leaders capables de monter sur le podium du Tour, la Movistar s’est donc tourné vers une tactique de l’armada, une tactique à la Sky, pour tenter d’enfin remporter un Tour de France qui lui échappe depuis 2006 et le succès post-course d’Oscar Pereiro. Il faut même remonter à 2008 pour trouver trace d’un Movistar (alors Caisse d’Epargne) portant le maillot jaune, avec Alejandro Valverde. Dix ans sans être leader de la plus grande course du monde, c’est long pour une si grosse équipe, visant chaque année la gagne sur le Tour.
Dans cette perspective, la formation de Navarre n’a pas hésité à prendre des risques cet hiver, quitte par exemple à délaisser ses objectifs mineurs. Pour recruter Landa, la Movistar a perdu bon nombre de ses gregarii et cela s’est vu lors des premières grandes échéances, à l’image des Ardennaises où Valverde s’est souvent retrouvé seul. Alors, oui, les jeunes ont pris le relais et, ce, plutôt brillamment (Soler a gagné Paris-Nice, Carapaz a pris la 4e place du Giro) mais, à mi- saison, la Movistar ne compte que 18 succès (9 en World Tour) contre 29 en 2017. Un bien maigre bilan que peine à sauver Alejandro Valverde (11 succès, comme l’an dernier) et qu’accentuerait encore un nouvel échec sur les routes françaises.

Faire comme avant, mais en mieux

Depuis cet hiver et l’officialisation de l’arrivée de Mikel Landa, une question trotte dans toutes les têtes : comment la Movistar va-t-elle s’articuler sur le Tour ? "Je suis le leader de l'équipe et je suis le leader pour le Tour" a annoncé Quintana. "Mon objectif, c'est le Tour de France", a très vite répondu Valverde sans que la formation espagnole ne désigne un leader officiel. Une tactique que la Movistar a déjà employée dans le passé sur le Tour mais une option jamais gagnante, qui a même parfois fait grincer les dents, lorsque Valverde et Quintana étaient seuls à cohabiter. Mais, avec le renfort de Landa, la formation de Navarre espère enfin faire vaciller la Sky - et tous ses adversaires.
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Nairo Quintana

Crédit: Getty Images

Récemment, Quintana s’est félicité de sa cohabitation avec Landa : "Il n’y a eu aucun problème, a-t-il avoué. Ce n’est pas si dur de travailler en équipe. Nous nous entendons bien et nous continuerons comme ça. " Mais le Tour est différent et ils le savent. Surtout Quintana. Depuis 2013, le natif de Bogota ne rêve que de devenir le premier Colombien à remporter la Grande Boucle et sa capacité à répondre présent à chaque fois – 2e en 2013 et 2015, 3e en 2016 – en fait la naturelle option n°1 de la Movistar. Pour autant, les deux Espagnols présentent également de solides garanties. Mais, il est difficile d’aborder le Tour avec trois cartes maitresses. Même si l’une d’entre elles se nomme Valverde.

Valverde, clé de la cohabitation ?

Plus préoccupé à se préparer pour le Mondial d’Innsbruck, désireux d’aller sur le Giro, Valverde ne souhaitait pas spécialement venir sur le Tour, au contraire de ses deux coéquipiers. Mais le Murcien n’a pas vraiment eu le choix, car il est sans doute l’une des clés pour la Movistar. Au-delà du talent du coureur, il y a le caractère de l’homme. Si le récent vainqueur de la Route d’Occitanie est sans doute en-dessous de ses deux coéquipiers sur trois semaines, c’est bien lui qui incarne l’équipe et le seul qui fédère réellement autour de lui, d’une manière qui a peut-être parfois manqué à Nairo Quintana.
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Alejandro Valverde lors de sa victoire à Abu Dhabi

Crédit: Getty Images

Les chances de victoire finale de la formation espagnole dépendent en grande partie de Valverde et de sa capacité à se sacrifier pour un leader, lorsque cela deviendra nécessaire. Car le Murcien, qui comptera sur le Tour deux de ses gregarii historiques avec Erviti et Rojas, sera alors suivi par ses équipiers, qu’il s’agisse d’aider Landa ou Quintana. De cela, les deux hommes en sont bien conscients. Depuis le début de la saison, lorsque Landa et Quintana ont couru avec Valverde, ils se sont sacrifiés pour lui, même si Quintana s’est montré bien plus efficace sur le Tour de Catalogne que Landa sur les Ardennaises.

Repousser le choix d’une semaine ?

En alignant trois coureurs de ce calibre sur le Tour, la Movistar espère avant tout éviter de tout perdre en première semaine. "Nous devrons survivre aux neuf premiers jours où, plus important que les favoris, il faudra éviter les innombrables pièges du parcours, a d’ailleurs déclaré le manager de la Movistar Eusebio Unzue à AS. Nous devrons attendre le premier jour de repos pour faire le point". La 9e étape et ses 21,7km de pavés font en effet trembler bon nombre de leaders, pas forcément à l’aise dans l’exercice à l’exception sans doute de Vincenzo Nibali (20e du Tour des Flandres) ... et d’Alejandro Valverde (11e d’A Travers la Flandre), qui redoute une étape "brutale, compliquée, où tout peut se passer : une épreuve de grande difficulté, avouait-il. Les pavés commenceront à 100km de l'arrivée, ce sera de la survie pure".
Si l’Espagnol a sans doute laissé passer la chance de sa carrière l’an dernier, lui qui s’estimait "dans la forme de sa vie", il y a de fortes chances qu’il soit le mieux placé des trois au moment d’aborder les Alpes. Tout dépendra alors des situations de Nairo Quintana et de Mikel Landa et surtout de leur retard respectif. "La course nous amènera à choisir les meilleurs et nous devons faire confiance en ce moment aux trois, avouait Unzue. Nous avons un plan A, mais aussi un B et un C. C'est un grand avantage." Mais c’est aussi une grande prise de risques au moment de suivre les traces de Pedro Delgado, Miguel Indurain et Oscar Pereiro, tous trois vainqueurs du Tour à 28 ans. Cela tombe bien : c’est aussi l’âge qu’auront Nairo Quintana et Mikel Landa cet été.
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Mikel Landa (Movistar)

Crédit: Imago

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