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TOUR DE FRANCE - Bardet et le Tour, l'amour ne doit plus être exclusif

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 31/07/2018 à 14:15 GMT+2

TOUR DE FRANCE – Seulement 6e de l'édition 2018, Romain Bardet ressort de la Grande Boucle sans regrets mais une (relative) sensation de déception. Année après année, le Français s'éloigne de la victoire finale. De quoi envisager de ne plus en faire l'objectif exclusif.

Romain Bardet - 17e étape du Tour de France 2018

Crédit: Getty Images

"Je ne suis pas dans le doute mais en constante progression". Malgré la déception quant à son classement général (6e), le plus mauvais sur le Tour de France depuis 2015 (9e), Romain Bardet se voulait positif à l'arrivée sur les Champs-Elysées. Pas question pour le Français de tomber dans le pessimisme pour le futur ou même de remettre en question l'obligation de faire du Tour l'objectif de sa saison. Et il n'est pas question d'inciter le natif de Brioude à dire stop à son histoire d'amour avec le Tour. Ses cinq top 10 consécutifs montrent une régularité au plus haut niveau assez exceptionnelle et les chances du Français de gagner la Grande Boucle dans le futur existent. Pourtant, goûter à autre chose ne pourrait lui faire que du bien.
L'échec incite toujours à la réflexion et le Tour 2018 va forcément pousser AG2R et Bardet à réfléchir à la suite. "Il doit tirer les enseignements de ce Tour qui n'a pas répondu à ses attentes, a expliqué Cyrille Guimard, sur RMC. Il va falloir qu'il se remette en cause, en termes d'approche, de préparation. Romain est suffisamment intelligent pour se poser les bonnes questions et il le fera". De là à l'imaginer délaisser les routes hexagonales en juillet l'an prochain ? Pourquoi pas.
On le sait, le Français n'est pas vraiment du genre à se fermer des portes. "Romain a envie de briller sur d’autres courses, expliquait Vincent Lavenu, le directeur sportif des Terre et Ciel, pour Cyclism'Actu. Il n’est pas obsédé exclusivement par le Tour. Il a envie de découvrir toutes les courses qui peuvent lui convenir." Mais, si le Tricolore a toujours affirmé rêver de participer au Giro, c'est pour l'heure le seul Grand Tour dont il n'ait jamais pris le départ. "Ça sera sûrement le cas en 2019 ou en 2020.", avoue Lavenu.

Un palmarès à garnir

Viser autre chose que le Tour semble être une bonne idée pour Romain Bardet. Moins de pression, des tracés souvent plus montagneux que sur la Grande Boucle (à l'image du tracé 2018, assez roulant en juillet) et une course globalement moins figée : exactement ce qui sied aux qualités de pur grimpeur du Français mais aussi à celles de son équipe. Les cols roulants du Tour de France sont depuis 2012 réservés aux rouleurs-grimpeurs, plus puissants que les grimpeurs, et face à qui Bardet ne peut actuellement lutter. A viser le Tour sans cesse, sans jamais y être à la rue mais sans le remporter non plus, le Français passe aussi à côté de ses meilleures années niveau palmarès.
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Romain Bardet (AG2R La Mondiale)

Crédit: AFP

L'Auvergnat n'a remporté que sept courses depuis ses débuts chez les professionnels en 2012. A l'exception de la saison 2018, il n'a jamais gagné plus d'une course par an. C'est peu. Ses trois étapes sur le Tour (2015, 2016 et 2017) sont sans conteste les plus belles pour un coureur qui n'affiche à côté qu'un succès en World Tour (5e étape du Dauphiné 2015). Souvent placé que ce soit sur les classiques (neuf top 10) ou sur les courses par étapes (dix top 10), Bardet peine à conclure lorsqu'il le peut. A 28 ans, son palmarès est loin d'être ridicule mais est bien loin de son talent. "Il a encore des très belles années devant lui, tempère Vincent Lavenu. Quand on voit des coureurs de 32-33 ans être parmi les tous meilleurs, il y a de belles années à faire." Mais à construire toute sa saison autour du Tour, Bardet laisse passer des occasions de lever les bras et d'apprendre une autre manière de courir.

Tourner le dos au Tour pour mieux le conquérir

En allant sur le Giro l'an prochain, voire en doublant avec la Vuelta, Romain Bardet s'offrirait une nouvelle vision des Grands Tours. Le Tour d'Italie se court bien différemment de la Grande Boucle, étant moins stressant, moins stéréotypé et calculé, moins sous le microscope que le Tour, où tout est décrypté, ne laissant aucune place à l'instinct. Ce n'est pas par hasard que deux des trois derniers Giro (2016 et 2018) et une Vuelta récente (2015) ont vu un renversement total de situation dans les derniers jours, ainsi que des coups victorieux partir de très loin avec par exemple Froome sur le Giro 2018 (Jafferau), Quintana vers le Val Martello (Giro 2014) et Formigal (Vuelta 2016) ou encore Aru sur la Vuelta 2015 (Cercedilla). Le Tour est une course à part, certes, mais n'en a pas forcément que les bons côtés.
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Mikel Landa et Romain Bardet.

Crédit: Getty Images

Délaisser pour un an – ou plus – ne doit pas être vu par Romain Bardet et AG2R La Mondiale comme une punition ou comme une défaite mais bien comme un apprentissage. Presque même un rite de passage. Tous ses adversaires du Tour 2018 ont fait leurs gammes à un moment donné sur un autre Grand Tour avant de venir se frotter à la grande messe de juillet avec ambition. Lui seul parmi le top 10 est à quasi 100% formaté "Tour de France" depuis ses débuts. Pas illogique lorsqu'on est le leader français d'une équipe bleu-blanc-rouge mais cela manque aujourd'hui au natif de Brioude.
Rien ne dit qu'il fera mieux sur le Giro ou la Vuelta qu'il ne réalise – avec brio et régularité – sur le Tour de France mais c'est une option qui mérite d'être explorée. Pour donner d'autres armes au Tricolore. Pour lui ouvrir d'autres portes, vers d'autres succès. Mais surtout l'amener, à terme, à revenir vers la Grande Boucle. "L’objectif de remporter le Tour de France est toujours là", exprimait sur les Champs Vincent Lavenu. L'heure est venue de s'en donner les armes.
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Great Britain's Geraint Thomas (L) and France's Romain Bardet (R) sprint in the last meters to place 2nd and third of the 19th stage of the 105th edition of the Tour de France cycling race, on July 27, 2018 between Lourdes and Laruns, southwestern France.

Crédit: Getty Images

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