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Abattu mais pas résigné, Thibaut Pinot donne rendez-vous au Tourmalet

Julien Chesnais

Mis à jour 16/07/2019 à 18:45 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2019 – Au lendemain de la bordure qui lui a coûté 1'40'', Thibaut Pinot n'a pas caché sa "déception et sa "colère", encore bien vive après le couac d'Albi. Tombé de son piédestal, le Franc-Comtois compte bien se servir de cette "rage" pour la deuxième partie du Tour. Il donne même rendez-vous au Tourmalet, samedi, pour commencer à "reprendre du temps et aller chercher une victoire".

Thibaut Pinot sur le Tour 2019.

Crédit: Getty Images

Lundi, après avoir franchi la ligne d'arrivée à Albi, il n'y avait pas grand-chose à tirer à chaud de Thibaut Pinot. Terriblement frustré de la bordure qui venait de lui coûter 1'40'' et beaucoup d'illusions, le leader de la Groupama-FDJ avait somme toute résumé l'essentiel d'une phrase cinglante avant de tourner les talons, dévasté : "Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise. C'est une journée de merde". Mardi en début d'après-midi, c'est un Pinot apaisé mais abattu qui est réapparu face aux micros pour la conférence de presse de la première journée de repos du Tour.
La déception reste là, très forte après une nuit qu'on imagine agitée. Et le Franc-Comtois ne s'en est pas caché. "Il y a beaucoup de colère, beaucoup de frustration aussi, fulmine le leader de la Groupama-FDJ, qui a dégringolé de la 3e à la 11e place du général à 2'33'' d'Alaphilippe et 1'21'' de Thomas. Parce que ça, on ne le méritait pas. Je ne l'accepte pas. C'est ça qui est dur : on avait fait zéro erreur et hier (lundi), on en fait une."

Pinot : "Cette bordure, je n'arrive pas à l'accepter"

Comment explique-t-il donc cette erreur, après un début de Tour "comme dans un rêve" (Marc Madiot), où il pointait en pole position des favoris après neuf jours de course ? Un manque d'inattention lié à un excès de fatigue, conséquence de l'énergie laissée du côté de Saint-Etienne samedi ? Non, il réfute l'argument : "La fatigue était là pour tout le monde. Hier, c'était une étape très usante, une des plus nerveuses que j'ai faites sur le Tour. Pendant 220 bornes ça a frotté. Et on a été là pendant 200 bornes dans les 20-30 premiers. J'ai déjà pris des coups de bordure. Mais celle-là, je n'arrive pas à l'accepter. Elle est trop frustrante pour moi. Ce ne sont pas eux ont pris 1'40''. C'est nous qui leur avons donné 1'40'. Et ça… c'est dur oui. On ne méritait pas ça."
Vigilante toute la journée, la Groupama-FDJ a payé cher son rond-point pris du mauvais côté, à un peu plus de 30 kilomètres de l'arrivée, juste avant que la cassure ne se produise. "Peut-être qu'on n'était pas bons collectivement, mais on était présents dans le match, juge Pinot. Une bordure, c'est une question de collectif, il n'y a pas d'individualité. C'est comme un chrono par équipes. Hier, ça ne se joue à pas grand-chose, à deux coureurs devant moi. C'est ça qui me frustre."
Au cours de la poursuite entreprise par son équipe et celles de Jakob Fuglsang (Astana), Rigoberto Uran (EF) et Richie Porte (Trek-Segafredo), Pinot confie qu'il n'a jamais vraiment cru qu'un retour sur le peloton Ineos était possible. Même quand l'écart est descendu à 13'', l'écart minimal enregistré entre les deux groupes : "Pendant la chasse, on a pris encore un rond-point à l'envers, le groupe s'est cassé en deux, a-t-il raconté. Les cinq secondes qui nous manquent en haut de la bosse sont là, mais ça roulait tellement vite que cinq secondes, c'est une éternité. On savait très bien que si on ne revenait pas au-dessus de cette bosse, c'était fini."

Madiot : "Rassurez-vous, on est bien en vie, en pleine santé"

Si elle ne cache pas déception, la Groupama-FDJ refuse de tomber dans l'abattement ou le catastrophisme. Après tout, la moitié du Tour reste à couvrir, la haute montagne n'a pas encore débuté, et Pinot ne pointe qu'à 1'21'' de Thomas, le mieux placé des favoris. Certes, il n'est plus en pole chez les cadors. Mais pas le moins bien loti non plus. "J'ai eu un peu peur ce matin en lisant les journaux ou en parcourant les différents sites de cyclisme, s'est exclamé Marc Madiot, dans un style théâtral propre au Mayennais. J'avais l'impression qu'on préparait un peu un enterrement. Mais je vous rassure, on est bien en vie, en pleine santé. Si on était dans un match de football, je vous dirais qu'on est à la mi-temps d'un match de Ligue des champions et qu'on est mené 1 à 0. Et 1-0, ce n'est pas une défaite. Ce n'est pas la fin du match. Demain on repart à l'attaque, on repart au charbon."
Mais avec quel objectif ? Le coup sur le casque a été sévère et a ébranlé très sérieusement le rêve de maillot jaune sur les Champs, bien que cette ambition ne soit jamais sortie de la bouche du Français. "Mon objectif de podium est toujours là, il est toujours réalisable. Là-dessus, il n'y a aucun doute" a assuré Pinot, qui dit garder "confiance" pour la suite du Tour. "Je sais que j'ai les jambes. Je suis impatient, j'ai de la rage en moi aussi. Je n'ai qu'une envie, c'est d'être à samedi. L'arrivée au sommet du Tourmalet va faire mal, ce sera à la cuisse. J'espère avoir les jambes qui me feront déjà reprendre du temps, et surtout aller chercher une victoire."

Pinot : "Je suis impatient, j'ai de la rage en moi"

Pour cela, il compte bien s'appuyer sur son équipe, avec les bons grimpeurs que sont Rudy Molard, Sébastien Reichenbach et David Gaudu, toujours dans le coup au général (23e à 4'32'' d'Alaphilippe) : "On va courir de manière offensive, on a une équipe pour ça aussi dans la montagne. Mes grimpeurs grattent un peu de la patte, on n'a qu'une envie, c'est d'arriver dans les cols, on va essayer de lâcher les chevaux."
La déception d'Albi pourrait alors servir de moteur. "Bien sûr, je suis encore déçu, je suis encore sous le coup de la déception, je ne vais pas le cacher, a réaffirmé Pinot. Mais voilà, je sais qu'au matin du chrono et de l'étape du Tourmalet, je penserais à tout ça. J'ai déjà eu bien pire, et je me suis toujours relevé. Par rapport au Giro l'an dernier (il avait abandonné, malade, à la veille de l'arrivée, ndlr), ce n'est rien. Et ça cette rage, je l'ai en moi aussi." Abattu mais pas résigné, ainsi s'avance Pinot pour la seconde partie du Tour.
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