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Julian Alaphilippe : "Je ne m’enflamme pas, je ne veux pas rêver"

Laurent Vergne

Mis à jour 19/07/2019 à 21:17 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Julian Alaphilippe continue de prendre du galon dans ce Tour 2019. Vainqueur du chrono de Pau vendredi, le Français a frappé un énorme coup et consolidé son maillot jaune. Ses performances commencent à susciter l'inquiétude chez ses adversaires. Mais l'intéressé, s'il s'est surpris dans le contre-la-montre, refuse toujours de s'envisager comme un candidat à la victoire finale.

Julian Alaphilippe

Crédit: Getty Images

Jusqu'où ira Julian Alaphilippe ? Et jusqu'à quand faudra-t-il continuer de parler de surprise ? Le numéro un mondial est aussi, jusqu'à preuve du contraire, numéro un de ce Tour. C'est encore plus vrai après l'unique contre-la-montre individuel de ce Tour de France 2019. A Pau, il espérait conserver son maillot jaune. Avec 1'12" de marge sur Geraint Thomas, le challenge rentrait dans le domaine du possible. Non seulement il trône toujours au sommet de la hiérarchie, mais Alaphilippe a frappé un énorme coup en remportant l'étape. De leader du Tour, il n'est plus très loin de se muer en patron.
Un Français vainqueur d'un contre-la-montre sur le Tour (hors prologue), c'était du jamais vu depuis l'exploit de Jeff Bernard au Ventoux en 1987. C'est dire. "J’avais dans la tête de faire un gros truc aujourd’hui, c’était un beau parcours pour moi, raconte Alaf'. J'avais le parcours en tête, j'avais envie de bien faire. Et avec les jambes que j’ai en ce moment, en plus du Maillot Jaune sur les épaules, c’était le moment ou jamais pour frapper un grand coup."
Mon équipe pleurait dans la voiture
Il se savait et se sentait fort. Pour autant, il n'en revient tout de même pas d'avoir maté tout le monde. "Je ne m’attendais pas à gagner, assure-t-il, avec en plus cette avance (14 secondes sur Thomas)." Son dauphin, du jour et du Tour, n'en revient pas non plus. "Je ne m'attendais pas à cela de la part de Julian Alaphilippe", a avoué le Gallois. "L’objectif, assure le Français, c’était juste de faire une bonne performance et d’être encore en jaune ce soir (vendredi soir, NDLR)." Mission plus qu'accomplie, donc. Une victoire indiscutable, puisque le Français a figuré en tête à tous les pointages intermédiaires.
Sa tactique du jour ? Partir à fond, accélérer puis terminer comme une bombe. "Je me suis dit : ‘tu as le maillot jaune, mets-toi à bloc pendant 15 bornes et à la fin tu vois ce que tu peux faire, si ça se trouve, tu vas te surprendre’", explique la vedette de l'équipe Deceuninck - Quick Step. Même dans la dernière partie, plus favorable aux purs rouleurs, il a résisté à Geraint Thomas, avant de creuser l'écart à la faveur du dernier raidard. "Je me suis surpassé et, finalement, je reprends du temps, s'est félicité le natif de Saint-Amand-Montrond. Je savais que je pouvais réaliser quelque chose de bien mais je ne pensais pas gagner."
Sans aucun doute une des journées les plus fortes de sa carrière, qui commence pourtant à en compter quelques-unes. Porté par la foule, qui hurlait dans les rues de Pau lorsqu'il a quitté la rampe de départ comme à son arrivée 35 minutes plus tard, Julian Alaphilippe a confié qu'il n'entendait même plus les consignes de son directeur sportif. "Il y avait tellement de folie avec le public", sourit-il. Des sourires, et des larmes aussi, quand, dans le clan Quick Step, on a compris ce qui se tramait. "Mon équipe pleurait dans la voiture à la fin", glisse Alaphilippe.

Cette fois, Thomas le prend au sérieux

La nouvelle idole tricolore s'apprête à vivre samedi sa 9e journée en jaune. Mais Epernay parait bien loin. Ce jaune-là a davantage d'éclat et de crédit. Le contre-la-montre, premier test de grande envergure, a renforcé sa position. Mais le défi qui l'attend samedi, avec l'arrivée au sommet du Tourmalet, est d'une autre nature encore. "C’est totalement différent de ce qu’on a eu jusqu’à maintenant, alors il faut relativiser", prévient-il, toujours aussi prudent. Le Tourmalet, c'est une arrivée au sommet, un juge de paix."
Il entend les paroles, il voit les visages. Geraint Thomas l'a adoubé vendredi, trois jours après avoir considéré qu'il n'était pas, pour l'instant, un adversaire. Tout était dans le "pour l'instant". "Il va incroyablement bien et il est certainement favori, ou l'un de ceux à suivre en ce moment, prévient le leader d'Ineos. Bien sûr qu'il peut le garder jusqu'au bout. La manière dont il court, s'il continue comme ça, il va gagner."
C'est une surprise chaque jour, du bonheur
Mais si les jours passent et si les victoires s'accumulent, Alaphilippe ne change pas de discours, lui. "C’est bien de se poser des questions, mais on est encore très, très loin de Paris, dit-il. Je ne m’enflamme pas, je ne veux pas rêver. Chaque jour c’est du bonus, et aujourd’hui c’est un très, très gros bonus." Qu'il ne s'imagine pas en vainqueur final ne sous-entend pas pour autant qu'il soit prêt à passer la main facilement : "mon maillot jaune, je ne vais pas le lâcher comme cela. Et si je le lâche, j'aurai tout donné."
En attendant, à défaut de rêver, il profite. Au maximum, même s'il faut parfois qu'il se pince. "Je ne réalise toujours pas, confesse-t-il. Quand je me réveille dans ma chambre avec le maillot jaune sur le bureau, je vois mon coéquipier Dries (Devenyns) avec des étoiles dans les yeux, alors qu'il a fait plus de dix Grands Tours. Il me dit qu'il vit des moments qu'il n'oubliera jamais. Je fais du vélo exactement comme j'aime le faire, mais la différence c'est qu'on est sur le Tour et que j'ai le maillot jaune, donc ça prend une ampleur complètement différente." Et Alaphilippe de conclure : "C'est une surprise chaque jour, du bonheur." Le bonheur s'arrête-t-il un jour ?
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