Les débats du Tour : Alaphilippe va-t-il garder le jaune jusqu'au chrono ?

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ParEurosport

Mis à jour 14/07/2019 à 08:32 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à des membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Au menu ce samedi, il est question du jaune d'Alaphilippe, des velléités de Pinot et de l'échappée probable de dimanche.

Julian Alaphilippe avec le maillot jaune à Saint-Etienne / Tour de France 2019

Crédit: Getty Images

Alaphilippe va-t-il garder le jaune jusqu'au chrono ?

  • François-Xavier Rallet
Julian Alaphilippe a donc repris le jaune chez les Verts. Deux jours après avoir cédé la tunique dorée à Giulio Ciccone, le Français a récupéré son bien au détriment de l'Italien à Saint-Etienne et va maintenant commencer une nouvelle vie sur ce Tour 2019. Jusqu'où peut-il conserver son maillot jaune ? C'est une première question. J'ose en poser une seconde : son équipe est-elle suffisamment bâtie pour l'aider dans ce combat futur ? J'émets quelques doutes.
Si on se penche sur le parcours de cette 106e édition, il y a encore de belles opportunités de provoquer de vraies échappées d'ici vendredi prochain et le chrono de Pau. La Deceuninck-Quick Step va devoir défendre le bien de son coureur. Et espérer ne pas revivre le scénario de la Planche des Belles Filles où, pour six secondes, Alaphilippe avait dû troquer son jaune pour le bleu de sa formation.
Pour résumer, je n'affirme pas que le Français ne sera pas en jaune au départ du chrono vendredi prochain à Pau. Mais il lui faudra être très fort (et s'il retentait quelque chose dimanche dans la dernière difficulté de la journée ?) notamment dans la première étape de haute-montagne la veille de ce contre-la-montre et, avant cela, compter sur des circonstances de course favorables. Car ce n'est pas Viviani, Morkov, Lampaert ou Richeze qui rouleront pour protéger le maillot jaune quand celui-ci sera menacé par une échappée. Et ce n'est pas Mas, qui vise un accessit au général, qui le fera quand la pente s'élèvera.
  • Simon Farvacque
Julian Alaphilippe a retrouvé son maillot jaune avec la manière ce samedi, grâce à un coup de force commun avec Thibaut Pinot. Il peut légitimement espérer prendre le départ du contre-la-montre de Pau avec la tunique dorée sur le dos, vendredi prochain. Pour cela, son équipe devra déjà gérer l'étape compliquée de dimanche… mais le Tour s'est élancé depuis une semaine et les écarts commencent à être conséquents. Ainsi, même si une échappée fleuve se dessine entre Saint-Etienne et Brioude, la Deceuninck-Quick Step me paraît en mesure de filtrer les attaques et de ne laisser partir que des coureurs distancés au général.
Ensuite, lundi et mercredi, des sprints massifs sont envisageables en veille et lendemain de jour de repos, et même en cas de victoire des baroudeurs, l'argument précédent restera de mise. Reste la fameuse étape qui arrive à Bagnères-de-Bigorre, la 12e, jeudi. Là, Alaphilippe risque d'être mis en danger par le peu de montagnards qui l'entourent au sein de sa formation, dont le leader demeure Enric Mas. Mais il jouit d'un petit matelas sur les favoris du Tour (53" sur Pinot, plus d'une minute sur les autres) et la Trek-Segafredo de Giulio Ciccone, ex-maillot jaune qui ne compte que 23" de retard sur lui, va sans doute se concentrer sur Richie Porte. Enfin, même esseulé, Alaphilippe pourra peut-être compter sur des alliances de circonstance. Le cas échéant, on peut penser que sa forme exceptionnelle fera le reste.
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Alaphilippe, de nouveau en jaune... jusqu'à quand ?

Crédit: Eurosport

Pinot n'en fait-il pas trop, trop tôt ?

  • François-Xavier Rallet
Ce samedi, Thibaut Pinot n'avait pas prévu d'attaquer. C'est lui qui le dit. Et pourtant, le Franc-Comtois a saisi l'occasion d'accompagner Julian Alaphilippe quand celui-ci a pris la poudre d'escampette en fin d'étape. Doit-on lui reprocher ? Je ne suis pas de cet avis. C'est vrai que Pinot est le seul favori à bouger. C'est un fait. Certains diront qu'il s'emploie trop tôt et qu'il doit faire preuve de plus de patience.
C'est vrai aussi que le Tour est encore long. La première journée de repos n'a pas encore eu lieu et les échéances en haute montagne vont vite arriver. Mais à mes yeux, Pinot flirte avec l'excellence depuis le départ de Bruxelles. Il n'y a rien à lui reprocher et son début d'épreuve est parfait. D'autant que pour obtenir ce qu'il a arraché à la concurrence, il n'a pas eu à faire rouler ses hommes au sein de la Groupama-FDJ, si ce n'est David Gaudu sur la fin de la Planche des Belles Filles. Non, Pinot n'en fait pas trop, trop tôt. Il fait juste preuve d'un panache détonnant. Et ce qui est pris n'est plus à prendre.
  • Simon Farvacque
Impossible de tirer à boulets rouges sur Thibaut Pinot après son joli coup du jour. Gagner du temps hors des grands rendez-vous sacralisés que sont les chronos et la haute montagne n'est pas une tare. Cependant, se demander si Pinot ne paiera pas les efforts consentis ce samedi est légitime. Derrière lui, les autres prétendants à la victoire finale n'ont pas amusé la galerie dans l'enivrant final de la 8e étape, mais ils ont économisé un peu d'énergie et d'influx par rapport au leader de la Groupama-FDJ.
La façon dont court Thibaut Pinot depuis le début de ce Tour ressemble à un bon compromis entre instinct et calcul. Mais depuis quelques années, la Grande Boucle se gagne en laissant le pragmatisme écraser le panache. Si Pinot parvient à rétablir un équilibre gagnant dans cette dualité, capitalisant sur les 28 secondes qu'il vient de gagner sans se brûler les ailes, ce sera réjouissant. Pour autant, il est encore permis d'en douter.

Enfin de la bagarre pour prendre l'échappée ?

  • Simon Farvacque
Dimanche, le parcours se prête à une belle empoignade en début de course. Objectif : être devant, au sein d'un groupe d'une quinzaine d'hommes susceptibles de se jouer la victoire à Brioude. Ce samedi, déjà, je pensais que l'on aurait droit à une première heure de course spectaculaire. Le profil de la 8e étape était propice à la victoire d'un baroudeur et c'est d'ailleurs le plus éminent représentant de ce style de coureurs, en la personne de Thomas De Gendt, qui s'est imposé. Mais celui-ci est parti dès le premier des 200 kilomètres au menu du jour, accompagné seulement de deux (puis trois) camarades de virée.
Alors, pourquoi cela changerait-il dimanche ? Parce que De Gendt a rappelé que l'audace pouvait payer sur les étapes "casse-pattes" et va susciter des vocations. Parce que le début d'étape, en montagnes russes, est plutôt corsé et ne permettra à personne de sortir en facteur. Parce que tous les baroudeurs incapables de s'illustrer en haute montagne ont peut-être là leur dernière opportunité de briller avant la troisième semaine. Ils viennent d'en galvauder une et ne se feront pas avoir une deuxième fois de suite. Enfin, dernier argument : un 14 juillet, beaucoup de Français tenteront l'escapade, ce qui suggère une lutte intense.
  • François-Xavier Rallet
L'argumentation avancée par Simon se tient totalement. Et ce qu'il défend a de fortes chances de se produire dimanche pour la fête nationale et au vu du profil du 9e opus de cette Grande Boucle. Mais que s'est-il passé depuis sept jours et le début du Tour ? Toutes les échappées sont nées sans coup férir, en exagérant quelque peu. Et à chaque fois, celles-ci n'étaient pas composées de beaucoup d'éléments.
Pourquoi ? Peut-être car on n'est qu'au début du Tour et que le gros morceau montagneux, qui ne va pas tarder à arriver, fait peur aux éventuels audacieux. Les frileux d'hier le seront-ils encore demain, dimanche ? Fort possible.
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