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Les débats du Tour : Le maillot jaune peut-il encore échapper à Thomas cette semaine ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 16/07/2019 à 15:06 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à des membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Mardi, focus sur le vainqueur de l'édition 2018 : le Gallois Geraint Thomas.

Geraint Thomas

Crédit: Getty Images

Le maillot jaune peut-il encore échapper à Thomas cette semaine ?

  • Laurent Vergne
Franchement, cela parait de plus en plus improbable. Ineos n'a pas le bilan chiffré de Jumbo-Visma ou Deceunicnk après dix étapes, mais la formation de Dave Brailsford est exactement là où elle souhaitait être. Le caillou Pinot dans la chaussure Ineos a sauté lundi et Geraint Thomas et Egan Bernal se retrouvent donc dans le sillage de Julian Alaphilippe au classement général. A plus d'une minute, certes, mais le puncheur tricolore ne peut, jusqu'à preuve du contraire, être tenu pour un candidat au titre. Virtuellement, Thomas est donc déjà maillot jaune avant le massif pyrénéen. Quand le sera-t-il concrètement ?
S'il subsistait un doute sur sa forme avant le départ de Bruxelles, il a été levé à la Planche des Belles Filles. Il est encore trop tôt pour savoir si le Thomas 2019 est aussi fort que le Thomas 2018, mais rien n'indique le contraire en tout cas pour l'instant. Après les deux premiers cols jeudi, le contre-la-montre sur les routes du Béarn a toutes les chances de lui être favorable et j'imagine assez mal Alaphilippe conserver ses 72 secondes de marge sur le tenant du titre.
Les Ineos ont-ils vraiment envie d'avoir le maillot jaune dès les Pyrénées ? Ils n'ont pas eu à travailler outre mesure depuis Bruxelles et ils ont l'habitude de gérer la course sur deux semaines ou deux semaines et demie. Ce ne serait donc pas un problème. Sauf échappée-fleuve mercredi ou jeudi, Thomas pourrait de toute façon ne pas avoir le choix : s'il est à son niveau vendredi, il a toutes les chances de retrouver la tunique qu'il n'avait enlevée qu'une fois sur les Champs-Elysées l'été dernier.
  • Simon Farvacque
Plus le Tour avance, et plus Geraint Thomas semble en position de force. Voir le Gallois endosser le maillot jaune dans les jours à venir ne me surprendrait pas, c'est un euphémisme. Mais le scénario de ce Tour sera-t-il si cousu de fil blanc ? Pas sûr. D'une part, l'étape de jeudi peut convenir à des baroudeurs en moyenne position au classement général, et ainsi permettre à l'un d'eux de faire un putsch auquel la Deceuninck-Quick Step du leader, Julian Alaphilippe, manquera peut-être d'armes montagnardes à opposer. L'équipe Ineos pourrait se contenter de regarder cela de loin. Elle court déjà comme si elle avait le maillot jaune et ne semble pas impatiente de l'avoir pour de bon.
De plus, il ne faut pas oublier que le danger peut aussi venir de l'intérieur, pour le tenant du titre. Egan Bernal a réalisé un chrono très honorable lors du Tour de Suisse (11e à 38 secondes du vainqueur, Yves Lampaert, et seulement 19 secondes de Rohan Dennis sur 19 bornes). Le Colombien, 3e, n'est qu'à quatre secondes de Geraint Thomas, son coéquipier, et il pourrait se retrouver devant lui avant le contre-la-montre de vendredi, en fonction du déroulement de l'étape de la veille.
Enfin, Julian Alaphilippe n'a peut-être pas fini de nous surprendre. On le place en marge de tous les débats sur les favoris du Tour depuis dix jours. Ce qui est légitime, à l'aune de ce qu'il a montré sur trois semaines dans sa carrière et de ses qualités de puncheurs plus flagrantes que ses talents de grimpeur. Mais l'imaginer poursuivre son bail en jaune au-delà des Pyrénées n'est plus si ubuesque.
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Geraint Thomas - Team Ineos

Crédit: Imago

Quelle équipe réalise le meilleur Tour jusqu'ici ?

  • Laurent Vergne
Le Tour pourrait s'arrêter à Albi que le Team Jumbo-Visma aurait déjà réussi sa Grande Boucle dans des proportions que peu de formations atteignent après trois semaines. Même si les Deceuninck – Quick Step constituent un autre candidat légitime à ce titre honorifique, j'ai beaucoup de mal à ne pas citer les hommes de Nico Verhoeven et Frans Maassen comme les grands vainqueurs de cette première moitié de Tour.
Quatre victoires d'étapes. Le contre-la-montre par équipes, symbole de leur puissance collective, et, surtout, trois succès venus de trois coureurs différents : Mike Teunissen, Dylan Groenewegen, Wout Van Aert. Certaines équipes s'appuient parfois sur un seul homme, comme un Mark Cavendish dans un passé récent, pour opérer une razzia de bouquets. Ce n'est pas le cas des Jumbo-Visma et leur bilan provisoire n'en apparait que plus remarquable. Leurs deux victoires du week-end inaugural leur ont permis, cerise sur le gâteau batave, de porter le maillot jaune durant deux jours.
Enfin, le leader, Steven Kruijswijk, va aborder la montagne en excellente position puisqu'il pointe au 4e rang au général. Certes, il doit surtout son classement au bénéficie du chrono par équipes, car à la Planche des Belles Filles, il est apparu un peu en dedans, mais il n'en reste pas moins qu'il aurait signé pour figurer dans le Top 5 au contact de Thomas et Bernal avant les Pyrénées. Seule petite ombre au tableau, l'éclat pris par George Bennett lundi dans le coup de bordure. Disons que cela abaisse la note globale à 19/20 au lieu d'une appréciation parfaite.
  • Simon Farvacque
Avec quatre victoires en dix étapes, la formation Jumbo-Visma se pose en sérieuse candidate pour ce titre honorifique, certes. D'autant plus que Steven Kruijswijk, son leader désigné, passera la journée de repos au pied du podium. Mais le 5e du dernier Tour de France n'a pas été flamboyant au sommet de la Planche des Belles Filles, concédant 35 secondes à Geraint Thomas… mais aussi 16 à George Bennett, son coéquipier.
Problème, celui-ci a été sacrifié dans la folle 10e étape de ce lundi. Envoyé aux bidons juste avant que la bagarre ne se déclare, il n'est jamais revenu à l'avant et a perdu 9 minutes. Ce n'est qu'un petit bémol, mais il suffit à mon sens à faire pencher la balance du côté de la Deceuninck-Quick Step.
L'équipe de Patrick Lefevere est celle qui a le plus souvent eu le maillot jaune depuis le début du Tour, lors de cinq étapes sur dix. Et elle a toujours la main sur la tunique dorée, par l'intermédiaire de Julian Alaphilippe, qui a enflammé ce début de Grande Boucle, une victoire à la clé. Le bolide de la formation belge, Elia Viviani, n'a peut-être pas régné sur les sprints massifs mais il a, lui aussi, déjà claqué son étape. Enfin, à l'ombre de la "Alaf-mania", Enric Mas se fraie une place dans le Top 10 du général. L'Espagnol, 2e de la dernière Vuelta et missionné pour décrocher un bon résultat au classement général, est 6e à 34 secondes de la deuxième place. Difficile de faire mieux.
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Julian Alaphilippe

Crédit: Getty Images

Pinot va-t-il s'en relever ?

  • Laurent Vergne
Y a-t-il un coureur plus frustré que Thibaut Pinot à l'aube de la journée de repos ? Il avait signé un début de Tour absolument parfait. Chrono par équipes de très bonne tenue avec la Groupama-FDJ, pas une faute stratégique, pas de chutes, en verve à la Planche des Belles Filles et à l'attaque sur la route de Saint-Etienne samedi pour prendre du temps à tous ses rivaux, il avait couché sur papier un scénario parfait. La petite catastrophe de lundi apparait donc d'autant plus agaçante. "Une journée de merde", comme il l'a dit.
SI le Tour ne se gagne qu'en une poignée d'endroits, il peut se perdre partout. Le Français l'a peut-être perdu en entrant dans le Tarn. Si son débours avait été inférieur à la minute, on aurait pu estimer qu'il allait limiter la casse. Une quarante, c'est beaucoup. Il se retrouve à 1'20" de Geraint Thomas alors qu'il le devançait au départ de Saint-Flour. Un énorme gâchis. Avec la perspective du chrono vendredi, il pourrait se retrouver à environ quatre minutes du Gallois. Or ces dernières années, dans le Tour, l'affaire s'est souvent réglée à coup de secondes. Et les Ineos sont tout à fait aptes à cadenasser la course pendant dix jours sur la base d'un maigre capital.
Pour ce garçon qui marche beaucoup au moral, la question est maintenant de savoir si les jambes seront plus fortes que la tête. Il va passer une sale soirée, une mauvaise nuit et je ne suis pas sûr que la journée de repos mardi soit une bonne nouvelle. Il risque de gamberger. Repartir tout de suite au charbon aurait peut-être été préférable. Maintenant, il n'a pas perdu 1'40" à la pédale. Sa forme étincelante ne s'est pas évaporée. Il faut souhaiter que cette mésaventure lui colle la rage et décuple ses forces dans la montagne dès cette fin de semaine. A lui de transformer la gigantesque frustration albigeoise en une source d'énergie.
  • Simon Farvacque
Le début de Tour de Thibaut Pinot est passé ce lundi, en un coup de bordure, d'excellent à terriblement frustrant. Mais cela n'enlève rien aux gages de forme donnés par le Franc-comtois depuis l'entame de cette Grande Boucle. Alors oui, la perspective d'un Pinot en jaune sur les Champs-Elysées a pris du plomb dans l'aile à Albi, à l'arrivée de la 10e étape. Elle est passée, pour le public français, d'un espoir mesuré mais légitime à une douce utopie. Mais la question ne doit pas se résumer à cela.
Pinot a encore beaucoup de cartes en main pour réaliser un grand Tour de France. Ce lundi, il n'a pas montré de signe de faiblesse, athlétiquement, en faisant partie du groupe d'une douzaine d'hommes qui ont failli faire le jump du deuxième au premier peloton. Il a buté à 13 secondes du bon wagon, comme Jakob Fuglansg, Rigoberto Uran et Richie Porte, avant de logiquement perdre du terrain. Difficile à avaler mais pas infamant.
On en vient donc à l'aspect psychologique de ce camouflet. Inévitablement central. Depuis le départ à Bruxelles, Pinot dégage une sérénité qui tranche avec la fébrilité dont il a si souvent fait preuve sur le Tour. Une sérénité qui doit lui permettre de puiser dans sa frustration du jour la force de repartir à la bagarre. Enfin, arithmétiquement, sa situation n'est certes plus idéale mais loin d'être catastrophique. Voir Pinot terminer ce Tour de France sur la boîte ne me surprendrait pas.
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