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Les débats du Tour : Alaphilippe va-t-il attaquer sur la route de Gap ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 24/07/2019 à 13:27 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à des membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Sur la route de Gap mercredi, le maillot jaune sera-t-il plutôt attentiste ou attaquant ?

Quelle attitude adoptera Alaphilippe sur la route de Gap ?

Crédit: Getty Images

Alaphilippe va-t-il attaquer sur la route de Gap ?

Laurent Vergne
Cette étape-là semble promise aux baroudeurs. Dans le cas d'Alpahilippe, on ne parle donc pas ici d'une potentielle victoire d'étape mais d'un possible bénéfice au classement général. Avant les trois monumentales étapes qui attendent les coureurs, le Tour entre dans les Alpes par la petite porte, mercredi, à Gap. Un grand classique de l'épreuve et, comme presque toujours, une bonne bosse peu avant l'arrivée. Il se passe souvent beaucoup de choses à Gap. Souvenez-vous de 2003 (Beloki à terre et Armstrong dans le champ), et de 2011 (l'offensive finale de Contador en compagnie de Cadel Evans qui déstabilisera notamment Andy Schleck).
Avec le petit col de la Sentinelle (5,2 km de montée à 5,4%) dont le sommet est placé à moins de 9 kilomètres de l'arrivée puis une descente rapide, Julian Alaphilippe va trouver un terrain de jeu idéal pour lui. C'est typiquement un terrain favorable au maillot jaune. Il est tentant de l'imaginer en placer une bonne à deux kilomètres du sommet. S'il a des jambes de feu, même si les pourcentages ne sont pas monstrueux, il sera difficile pour ses principaux concurrents de le suivre. A l'arrivée, il pourrait, si la manœuvre est réussie, récupérer une partie du temps abandonnée au Tourmalet.
Reste deux interrogations : où en sont ses jambes, justement, après deux semaines d'efforts ? Et prendra-t-il le risque de produire un effort violent à la veille de l'Izoard et du Galibier, et juste avant ce triptyque décisif ? Tout sera une question d'appréciation du bénéfice risques/gains. Difficile d'être dans la tête (et encore moins les jambes) du maillot jaune, mais je serais tout de même surpris de le voir lancer une grande manœuvre, même si j'aimerais beaucoup que cela se produise. Histoire d'offrir une nouvelle arrivée mémorable dans la préfecture des Hautes-Alpes.
Jean-Baptiste Duluc
Je serais très étonné qu'il n'en soit rien. Depuis le début du Tour, et même le début de sa carrière en général, Julian Alaphilippe laisse rarement passer une opportunité de grignoter du temps sur ses adversaires lorsqu'il le peut. Et ce mercredi, l'étape de Gap apparaît comme une excellente opportunité. Comme le dit Laurent, le col de la Sentinelle est un terrain de jeu parfait pour les qualités du Tricolore avec notamment sa descente technique et rapide. On le sait, le Français est un excellent descendeur, le meilleur sans aucun doute de tous les candidats à la victoire finale (tant qu'il aura le maillot, il en fera partie) et, s'il venait à passer au sommet avec 15'' d'avance, plus personne ne le reverrait avant l'arrivée.
Mais j'aurais aussi tendance à penser que le voir passer à l'attaque à la veille de l'étape de Valloire et donc du début du triptyque alpestre serait un signe de "faiblesse". Un signe qu'il ne s'estime pas capable de défendre ses 1'35'' (sur Geraint Thomas) dans les Alpes et qu'il pense devoir recreuser un peu l'écart. Si la logique est indiscutable (je pense de même), les favoris y verront bien plus un manque d'assurance en ses capacités à tenir bon jusqu'à Paris et seront d'autant plus "motivés" à l'idée à le décrocher dès jeudi. En somme, je le vois bien attaquer mais gare à bien faire fructifier son mouvement pour ne pas voir l'élastique lui claquer sur les doigts.
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Julian Alaphilippe met son Maillot Jaune après la 14e étape

Crédit: Getty Images

Qui est la plus grosse déception du Tour ?

Laurent Vergne
Difficile de ne pas avancer le nom de Romain Bardet. Autant j'avais du mal à l'envisager en jaune à Paris, ni même sur le podium, autant l'ampleur de sa déconfiture était compliquée à prévoir. Le Français était un métronome ces dernières années sur le Tour : 6e en 2014, 9e en 2015, 2e en 2016, 3e en 2017 et 6e en 2018. Faites la moyenne de ses classements lors des cinq dernières éditions et vous pouviez l'attendre à nouveau dans les mêmes eaux, autour de la 5-6e place. Au pire, parmi les 10.
Actuellement 18e avant d'entrer dans les Alpes, il pourrait signer son pire classement sur les Champs-Elysées, même derrière sa 15e place en 2013, lors de sa toute première participation, alors qu'il n'avait que 22 ans. Si son naufrage était difficile à anticiper avant le Tour (en tout cas dans ces proportions, encore une fois), on a en revanche pu le voir venir d'assez loin, dès la première semaine. A la Planche des Belles Filles, il avait déjà décroché et ce n'était pas bon signe. Les Pyrénées, qu'il s'agisse du chrono ou des arrivées en altitude, ont confirmé qu'il n'était pas en mesure de lutter avec les meilleurs.
Au moins autant que l'échec d'un coureur, d'un leader, c'est celui d'une approche. Année après année, Bardet a tout misé sur le Tour et, forcément, un échec en juillet équivaut quasiment pour lui à un échec de sa saison. A 28 ans, il est à la croisée des chemins et devra sans doute repenser sa façon d'aborder le Tour. Il a lui-même évoqué la "routine" dans laquelle il avait fini par s'enfermer et cette claque pourrait, au fond, être un mal pour un bien. Il doit se réinventer. Dans cette dernière semaine, peut-être va-t-il se découvrir une âme de baroudeur montagnard plutôt que de chasseur de place d'honneur.
Jean-Baptiste Duluc
J'ai du mal à choisir tant les coureurs en-deçà des attentes sont nombreux sur ce Tour. De Dan Martin à Romain Bardet en passant par Nairo Quintana, Enric Mas voire Wilco Keldermann et Edvald Boasson Hagen, tous sont passés à côté de leur Grande Boucle. Mais Adam Yates mérite tout de même la palme d'or à mon sens. Pour plusieurs raisons. Déjà, contrairement au Norvégien de la Dimension Data par exemple, une victoire d'étape ne suffirait pas à sauver son Tour. Et, contrairement à l'Irlandais et au Colombien, il n'a plus aucune chance de "sauver" un top 10.
Venu pour jouer le classement général, le Britannique était tout de même un solide candidat à la victoire. Il faut dire qu'il sortait d'une saison solide (2e de Tirreno et en Catalogne, 5e au Pays Basque, 4e de Liège) et même son Dauphiné, entaché d'un abandon le dernier jour, avait montré son excellente forme. Au départ du Tour, j'en avais même fait l'un de mes cinq grands favoris. Au même titre que Quintana, d'accord, mais le Colombien a pour lui "l'excuse" d'être tombé et d'en souffrir visiblement. Adam Yates n'en a aucune.
Pourtant, encore idéalement placé à l'aube du chrono de Pau, le Britannique a complètement explosé dans les Pyrénées, dans des proportions impensables. Après avoir perdu 2'08'' dans le contre-la-montre, le natif de Bury a concédé 6'42'' au Tourmalet et surtout 24'30'' vers Foix. Un enfer. L'excuse du jour sans aurait pu être valable si le Britannique n'avait vécu le même Tour l'an passé. 7e avant les Alpes, il avait pris 4'42'' à la Rosière puis 28'54'' vers l'Alpe d'Huez. On attendait une réaction, on a eu une confirmation. Celle qu'Adam Yates est encore loin de pouvoir gagner un Grand Tour. Et, ça, c'est particulièrement décevant.
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Adam Yates

Crédit: Getty Images

Quel objectif pour Barguil ?

Laurent Vergne
A juste titre, Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot trustent les honneurs médiatiques et populaires. Mais Warren Barguil, même en retrait de ses deux camarades, livre pour l'instant un Tour de France plus qu'intéressant. Avant d'entrer dans les Alpes pour la bataille finale (et royale) de cette édition 2019, le champion de France pointe aux portes du Top 10 (11e) et à moins de deux minutes trente de la 7e place.
Même si on l'a vu à l'attaque à plusieurs reprises dans les Pyrénées, le leader Arkea se montre globalement très sage. Pas un Tour à la Barguil 2017, tout feu tout flamme. La meilleure preuve se trouve sans doute au classement de la montagne où le maillot à pois compte pour l'heure... zéro point, alors que 54 coureurs ont déjà ouvert leur compteur. Mais pourra-t-il rester sage jusqu'au bout ? S'il a des cannes dans les Alpes, je n'y crois pas une seconde. D'autant que, comme l'a rappelé son directeur sportif Emmanuel Hubert, il adore les fortes chaleurs.
Puis, à quoi bon jouer les suiveurs ? Ce n'est ni son caractère ni son intérêt. Pour finir 8e du Tour ? Il a déjà terminé Top 10. Une victoire d'étape de prestige à Valloire, Tignes ou Val Thorens aurait une autre allure. Evidemment, l'un n'empêche pas forcément l'autre et Barguil peut finir très bien classé avec un bouquet en prime. Mais s'il veut gagner, il devra peut-être tôt ou tard prendre des risques, quitte à s'exposer. Barguil doit jouer gagnant (sur une journée) plutôt que placé (à l'arrivée).
Jean-Baptiste Duluc
"Être opportuniste ou suivre, il va falloir faire des choix". Tels étaient les mots après l'arrivée d'Emmanuel Hubert, manager de la formation Arkéa-Samsic. Et je vois mal Warren Barguil lâcher complètement une étape pour avoir la liberté de jouer une étape en baroudeur. Onzième du classement général ce soir à 7'22'' de Julian Alaphilippe, le grimpeur tricolore n'est qu'à 52'' de la 10e place de Richie Porte.
Un top 10 sur le Tour de France est toujours une performance majeure pour un Français, surtout dans une équipe invitée. Vu son niveau dans les Pyrénées et le menu qui attend les coureurs dans les Alpes, Barguil est plus que capable d'y rentrer. Dépasser Porte, voire Uran, me semble tout à fait envisageable. En dehors des sept premiers du général, je ne vois que le Français qui soit capable de les accompagner. De là à pouvoir gagner à la pédale ? Oui et non.
Tout en jouant le général, il devrait avoir malgré toute la liberté d'attaquer. Dans la montée finale vers Tignes par exemple. Il est suffisamment en forme pour passer l'Iseran avec les cadors, même en cas de bagarre, et son retard au général n'inquiète pas les grands favoris. Il y a fort à parier qu'en cas d'attaque du Français, ils laissent faire, quitte à perdre l'étape.
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Warren Barguil - Tour de France 2019 | Team Arkéa - Samsic

Crédit: Getty Images

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