Bauke Mollema (Trek-Segafredo) remporte la 14e étape, Tadej Pogacar et les favoris sont restés au chaud

Ils ne s’en sont pas méfiés et ils ne l’ont pas revu. Présent au sein d’une échappée de quatorze coureurs qui ne s’entendait pas, Bauke Mollema est parti à plus de 40 kilomètres de l’arrivée pour aller s’imposer en solitaire et remporter à Quillan la 14e étape du Tour de France 2021. Le Néerlandais de la Trek-Segafredo s’offre ainsi sa 3e victoire de la saison et sa 2e sur les routes de la Grande Boucle, après celle du Puy-en-Velay en 2017. L’autre belle opération du jour est à mettre à l’actif de Guillaume Martin (Cofidis), qui profite de cette échappée pour s’emparer de la 2e place du classement général. Loin d’un Pogacar qui aura passé une nouvelle journée tranquille en jaune.

On savait que cette 14e étape avait tout pour être favorable à l’échappée, ça n’a pas raté. Mais le scénario attendu a pourtant mis énormément de temps à se mettre en place, la faute bien sûr à l’envie de la majorité des équipes de glisser un homme en tête de course. Les longs faux-plats qui menaient les coureurs du départ à Carcassonne au pied de la première vraie difficulté pyrénéenne du Tour 2021, le Col du Montésgur (2e cat) au 89e kilomètre, auront été avalés à une allure stratosphérique - 48km/h de moyenne dans la première heure - par un peloton secoué par de multiples attaques mais groupé au pied de l’ascension de 4,2km à 8,7%. Les forts pourcentages de Montségur ont calmé les ardeurs pour beaucoup de coureurs, et un groupe de quatorze coureurs a fini par s’extirper, en trois temps.

On y trouvait des grimpeurs bien placés au général comme Martin (Cofidis, 9e) ou Cattaneo (Deceuninck-Quick Step, 11e), ou des candidats au maillot à pois comme Woods (Israel Start-Up Nation), qui s’en empare au soir de cette 14e étape, et Poels (Bahrain-Victorious). Un groupe de costauds qui a peiné à s’organiser après s’être regroupé, la faute à des intérêts divergents mais aussi à la présence de Fraile et Higuita, qui faisaient peur avec leur pointe de vitesse.

Des qualités au sprint que Bauke Mollema ne possédait pas. Mais le Néerlandais a l’expérience de ce genre de situations et il ne doute jamais. C’est pour ça qu’il n’a pas hésité à sortir tout seul à plus de 42 kilomètres de l’arrivée, dans la longue transition avant le Col de Saint-Louis (2e cat), ultime ascension du jour. Une attaque qui ressemblait à celle, victorieuse elle aussi, qui lui avait permis de s’imposer au Puy-en-Velay sur le Tour en 2017.

Incapables de s’organiser, les autres coureurs de l’échappée ont cherché à laisser s'épuiser Mollema juste devant, mais le Néerlandais de la Trek-Segafredo a peu à peu augmenté son avance pour posséder 1’25’’ d’avance au pied de l’ultime ascension. Beaucoup trop pour que les autres grimpeurs puissent boucher le trou sur les 4,7 kilomètres à 7,4% de Saint-Louis, malgré les tentatives de Higuita (EF Education Nippo) et Konrad (Bora-Hansgrohe), les plus forts derrières, mais qui devront se contenter de la 3e et de la 2e place de l’étape. Loin du compte au général, qu’il a volontairement laissé filer, Mollema s’offre donc la 2e victoire de sa carrière sur le Tour et devient le 400e coureur de l’histoire à être multiple vainqueur d’étapes sur la Grande Boucle.

Guillaume Martin a lui encore laisser filer l’opportunité d’offrir à Cofidis son premier succès sur le Tour depuis 2008 mais le grimpeur français réussit quand même l’autre belle opération de la journée grâce à son échappée. Le peloton n’a jamais vraiment pris en chasse le groupe de tête et a tranquillement fini à 5’25’’ du Tricolore, Martin monte sur le podium du Tour, puisqu’il occupe désormais la 2e place du général, à 4’04’’ de Pogacar. Le voilà avec plus d’une minute d’avance sur la plupart des favoris, qui ont encore vécu une journée très tranquille une fois l’échappée partie. Mais attention à ne pas trop laisser de coureurs revenir dans la course au podium grâce aux échappées. Après O’Connor à Tignes, c’est au tour de Martin de venir chambouler le général. Mais la vérité d’un jour ne sera pas forcément celle des Pyrénées.