Tour de France 2021 : Jumbo-Visma, apprendre des erreurs du passé pour enfin triompher
Mis à jour 24/06/2021 à 23:31 GMT+2
TOUR DE FRANCE 2021 - Malgré une nette domination pendant trois semaines, Jumbo-Visma a, en 2020, perdu le maillot jaune à la veille de l'arrivée sur les Champs-Élysées. Un an plus tard, la formation néerlandaise revient sur la Grande Boucle avec son équipe cinq étoiles et l'ambition intacte de remporter le général. Pour y parvenir, il faudra toutefois commencer par gommer les erreurs du passé.
L'heure aurait dû être au soulagement, voire peut-être même déjà à la fête. En cette fin d'après-midi du samedi 19 septembre 2020, pourtant, seuls l'abattement et l'incompréhension pouvaient se lire sur les faciès marqués des coureurs de la Jumbo-Visma. Là-haut, au sommet de La Planche des Belles Filles, ils avaient tout perdu. Ce maillot jaune, qui paraissait solidement installé sur les épaules de leur leader, Primoz Roglic, venait de s'envoler à l'issue d'un contre-la-montre resté dans les mémoires. Trois semaines de mainmise totale, de domination sans partage. Mais, à l'arrivée, trois semaines d'efforts réduits à néant.
"Nous ne l’avons pas vu venir", soufflait Tom Dumoulin, pendant que l'inattendu Tadej Pogacar savourait son chrono hallucinant et la victoire qui, désormais, lui tendait les bras. "C'est vraiment dur de tout perdre à la dernière minute", avouait Wout Van Aert, dépité. Le Belge, comme la plupart de ses coéquipiers d’alors, sera de nouveau au départ du Tour, samedi à Brest. "En France, il y a un travail inachevé à finir", avait affirmé en janvier Richard Plugge, le manager de Jumbo-Visma. Sur le papier, sa formation a encore de quoi nourrir les ambitions les plus élevées. À condition de tirer des leçons des erreurs du passé…
Écraser au lieu de cadenasser
En septembre 2020, les Jaune et Noir ont très vite donné le ton, en montrant qu'ils seraient les patrons de cette édition de la Grande Boucle. Ils ont trusté les avant-postes du peloton, a fortiori dès que Roglic s'est emparé du maillot jaune, à l'issue de la première semaine. Ils ont contrôlé le rythme, dans la plaine comme sur des terrains plus escarpés. Rien ne leur a échappé. Cette course, ils l'ont cadenassée. Mais ils n'ont pas su l'écraser lorsqu'ils en ont eu la possibilité.
Adepte des accélérations en fin d'ascension pour creuser de petits écarts et, si possible, gratter des bonifications, leur leader slovène ne s'est ainsi jamais mis à l’abri, comptant au maximum 57" d’avance sur Pogacar. L'ancien sauteur à skis a-t-il les moyens de partir en patron et de mettre tout le monde d'accord, comme Christopher Froome l’avait par exemple fait en 2015, à La Pierre-Saint-Martin ? Sans doute pas. Toujours est-il que se contenter du travail de sape et de la protection de ses acolytes ne suffit pas. Tôt ou tard, il faut assommer la concurrence.
Ne sous-estimer aucun adversaire
C'est, assurément, la plus grosse erreur commise par Jumbo-Visma l'an passé. Obnubilés par les INEOS Grenadiers d'Egan Bernal, qui avait fini par abdiquer en raison de douleurs de dos, Roglic et consorts ont donné l'impression de ne pas accorder beaucoup d'importance aux autres candidats au classement général. Ils ont surtout laissé revenir dans la course un poil à gratter qui allait devenir leur pire cauchemar : Tadej Pogacar.
Victime d'une bordure sur la route de Lavaur, le jeune coureur d’UAE Emirates avait perdu 1'21" sur la tête ce jour-là. Un gouffre… que les protégés de Plugge ne l'ont pas empêché de combler, au contraire. Le lendemain, dans les Pyrénées, ils n'ont pas sauté dans sa roue lorsqu’il a attaqué, lui permettant donc de refaire une partie de son retard. Il a ensuite continué à grappiller. Et tout cela a eu les conséquences que l'on sait.
Cet été, le vainqueur sortant du Tour de France ne pourra plus se cacher. Il a été sous-estimé une fois, et une telle erreur ne se reproduira sans doute pas. Le Slovène sera forcément surveillé comme le lait sur le feu, au même titre que les figures de proue d'INEOS Grenadiers. Mais il ne faudra pas non plus laisser de champ libre aux nombreux outsiders, de Miguel Angel Lopez (Movistar) à Jakob Fuglsang (Astana Premier Tech), en passant par Rigoberto Uran (EF Education - Nippo). Y compris s'ils accusent déjà un peu de retard au général.
Éviter d’assumer seuls le poids de la course
Comme il aime à le répéter face aux médias désireux de connaître sa stratégie, Richard Plugge est un apôtre du "cyclisme total". Il veut que ses coureurs prennent la course en main partout, tout le temps. Cette manière de courir a pu en agacer certains, mais c’est devenu la marque de fabrique de Jumbo-Visma. L’échec cuisant de septembre dernier et, surtout, la nouvelle opposition à prendre en compte pourraient malgré tout l’inciter à revoir son approche.
Cette fois, Tadej Pogacar ne sera plus dans la peau d'un novice isolé. Il aura un statut à défendre, des responsabilités à prendre et une équipe bien mieux armée pour le soutenir. Celle-ci aussi devra répondre aux attentes et se montrer à la hauteur des ambitions de son jeune talent. Et puis, que dire de l’armada avancée par INEOS Grenadiers ? Les hommes de Dave Brailsford, insatiables depuis le début de l’année, ont également les épaules assez larges pour prendre les rênes de la course. Aux Jumbo d’en profiter pour, éventuellement, adopter une autre posture, plus offensive. La conquête du maillot jaune passera peut-être bien par là.
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