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Tour de France 2021 - Sur la dernière semaine, le maillot jaune, c'est Guillaume Martin

Laurent Vergne

Mis à jour 11/07/2021 à 09:20 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2021 – Distancé au classement général avant d'entrer dans les Alpes, Guillaume Martin a bénéficié de bons de sortie de la part des favoris. C'est peu dire qu'il en a profité. En trois échappées, dans les Alpes puis ce samedi entre Carcassonne et Quillan, le coureur de la Cofidis s'est totalement relancé. Sur les sept dernières étapes, le leader mathématique, c'est lui.

Guillaume Martin (Cofidis), le roi de l'attaque.

Crédit: Getty Images

Samedi 3 juillet, Oyonnax. Mathieu van der Poel est encore en jaune. Pour quelques heures. Tadej Pogacar n'a pas encore écrasé le Tour, même si chacun pressent que ce n'est qu'une question de temps. On en est encore à se demander si Wout Van Aert et Julian Alaphilippe peuvent vraiment jouer le classement général. Primoz Roglic est encore là. Loin, mais encore là. Les Alpes arrivent. Guillaume Martin, lui... Non, rien. Pas grand-monde ne s'occupe de lui, et ceux qui s'en préoccupent sont encore moins nombreux.
A l'issue de la première phase de la course, qui a englobé un week-end musclé en Bretagne, un contre-la-montre en Mayenne et des chutes dans tous les sens, le leader de Cofidis occupe une anonyme 30e place au classement général. Il pointe à 8'52" du maillot jaune néerlandais, et déjà à plus de cinq minutes de Pogacar, le point de repère de tout le monde dans la hiérarchie. Les espoirs français pour une bonne place à Paris reposent sur Alaphilippe, donc, ou sur David Gaudu. Certainement pas sur lui. Il n'est candidat à rien, si ce n'est une victoire d'étape, son objectif annoncé.
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Samedi 10 juillet, Quillan. Sept jours et autant d'étapes se sont écoulées. Mathieu van der Poel est rentré à la maison, Alaphilippe et Van Aert dans le rang. David Gaudu a pris un tel éclat que le classement général n'est plus pour lui. Tadej Pogacar, comme prévu, a pris le pouvoir, dans des proportions de nature à abolir presque toute forme de suspense. Rien de très sidérant dans tout ça. L'ordre des choses, globalement. Et puis, au milieu de ce flot de banalités, Guillaume Martin. L'oubliable oublié a mis à profit le cœur de ce Tour de France, son deuxième tiers, qui noue les destins sans les figer, les laissant en suspens. Celui du Normand, soudainement, est devenu très enviable.
Martin n'est plus à quasiment neuf minutes du maillot jaune. A peine quatre. Surtout, une seule place le sépare du sommet de la feuille des temps cumulés. Devant lui, Pogacar. Derrière lui, tous les autres. Comment a-t-il opéré un tel replacement, aussi imposant sur le fond qu'étonnant sur la forme ? En forçant sa chance. Une, puis deux, puis trois échappés.
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Guillaume Martin

Crédit: Getty Images

Acte I : Le Grand-Bornand
Guillaume Martin se glisse à l'avant de la course. Il ne parvient pas à prendre le bon wagon pour le gain de l'étape, qui revient à Dylan Teuns, le seul à avoir résisté au retour de la fusée Pogacar dans l'ascension de la Colombière. Mais le Français prend la 8e place et opère un premier rapproché. Le voilà 12e du général.
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Acte II : Tignes
Deuxième opus du week-end alpestre. Le déluge, encore. Le mercure, toujours au plus bas. Mais ça ne refroidit pas Guillaume Martin, qui repart à l'attaque. Pas plus que la veille, il n'a les jambes pour espérer lever les bras en haut de l'interminable montée de Tignes. S'il termine 4e, c'est à plus de 5 minutes du vainqueur du jour, Ben O'Connor. Mais quand même. Une trentaine de secondes devant Pogacar et une bonne minute devant le reste des favoris. Résultat : Martin intègre le Top 10. Il est 9e.
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Acte III : Quillan
Après la journée de repos, la tête de gondole de la Cofidis est restée sage. Quatre jours. Trois étapes de transition mal fagotées pour lui et celle du Ventoux. Là, Martin a changé de stratégie. Pour se tester. Il décide de suivre aussi longtemps qu'il le peut le groupe des favoris. Il coince à environ trois kilomètres du sommet de la deuxième ascension et lâche environ deux minutes trente sur le groupe Pogacar sur la ligne d'arrivée à Malaucène. Il reste alors 9e au général.
Mais trois jours plus tard, en direction de Quillan, le voilà qui reprend la bonne échappée, qui se forme après deux premières heures de course d'une intensité folle. La preuve, décidément, que Guillaume Martin, sait sentir les coups. Et comme les grosses écuries ne peuvent rouler tous les jours sur tout le monde, même celle du maillot jaune, ce coup-là va prendre un sacré champ. Comme lors de ses deux premières tentatives, le Français est loin de la victoire d'étape, mais cette fois, l'opération comptable est fructueuse : 5'25". Un vrai petit jackpot. Martin gagne sept places. Le voilà dauphin du patron slovène.
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Bilan de cette triple offensive ? 28 places de gagnées au classement général en une semaine. Sur ces sept étapes, de la 8e à la 14e, d'un samedi à l'autre, la vérité mathématique est implacable : Guillaume Martin est le maillot jaune de ce deuxième tiers de Tour de France, si l'on établit un classement général de la 8e à la 14e étape. En voici le Top 10 à titre indicatif :
1. Martin
2. Pogacar à 1'05
3. Cattaneo à 1'40"
4. O'Connor à 2'15"
5. Uran à 4'58"
6. Vingegaard à 5'02"
7. Carapaz à 5'02"
8. Keldermann à 5'33"
9. Lutsenko à 6'22"
10. Mas à 6'26"
Un peu plus d'une minute récupérée sur Tadej Pogacar, mais, beaucoup plus important pour lui, entre cinq minutes et six minutes et demie environ sur des coureurs comme Uran, Vingegaard, Carapaz ou Keldermann, tous ces hommes que le Normand est venu gloutonner dans la hiérarchie, certes très provisoire encore à ce stade.
Guillaume Martin n'est certainement pas le deuxième meilleur coureur de ce Tour de France. Ses trois offensives ont témoigné de son audace, de son envie, mais aussi de certaines limites physiques. Son œuvre, c'est davantage celle d'un opportuniste que d'un vrai costaud. Mais au plan comptable, pour l'heure, le résultat est le même. C'est d'ailleurs grâce à cette relative faiblesse qu'on lui laisse autant de champ. Certains regretteront-ils ce désintérêt pour un garçon qui a tout de même fini aux portes du Top 10 l'an passé, et cette fois sans prendre d'échappée ? L'avenir le dira. Parfois, à jouer avec le feu, on se brûle.
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