Tour de France 2021 - Wout Van Aert vainqueur, Jonas Vingegaard a attaqué Tadej Pogacar dans le Mont Ventoux

Tadej Pogacar (UAE Emirates) a montré ses premiers signes de faiblesse, ce mercredi, sur ce 108e Tour de France qu’il dominait jusque-là d’une main de fer. Dans les derniers hectomètres de la seconde ascension du Mont Ventoux, le maillot jaune a perdu la roue de Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma), l’homme fort de cette 11e étape remportée en solitaire à Malaucène par son coéquipier Wout Van Aert. L’alerte a été sans frais pour Pogacar, qui a profité de la descente pour boucher les 40 secondes de retard qu’il avait au sommet du Ventoux, à 22 kilomètres de l’arrivée. Mais on le sait désormais faillible, et c'est une information que ses rivaux sauront retenir à l’heure d’attaquer la seconde partie du Tour.

Malmenée depuis le départ de Brest, orpheline de Primoz Roglic depuis samedi soir, l’équipe Jumbo-Visma a retrouvé le sourire sur les pentes lunaires du Ventoux. C’est en larmes que Wout Van Aert a franchi la ligne d’arrivée, au bout d’une longue échappée de 18 coureurs, où il aura su se débarrasser de Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) et du duo de la Trek-Segafredo, le Francilien Kenny Elissonde et Bauke Mollema, respectivement 2e et 3e de cette étape à 1'14''.

Le champion de Belgique, sorti du jeu au général depuis la première étape alpine, a effectué les 33 derniers kilomètres en solo, après s’être défait d’Elissonde, qui avait pris la fuite dès la sortie du virage de Sainte-Estève. Revigoré sous la chaleur vauclusienne, il signe sa 1re victoire sur ce Tour de France, la 4e de sa carrière.

La journée n’a pas été loin d’être parfaite pour sa formation. A un peu plus d’un kilomètre du sommet de la seconde ascension du Ventoux (qui avait été escaladé une première fois par son versant le moins difficile, via Sault), Vingegaard a créé la sensation en parvenant à distancer Pogacar à la pédale. Le porteur du maillot blanc, 24 ans, avait porté une première attaque quelques hectomètres plus tôt au sein d’un groupe des favoris jusque-là muselé par les INEOS-Grenadiers. Seul Pogacar a alors pu prendre sa roue. Mais le maillot jaune a fini par rendre les armes, sur la deuxième lame. Un kilomètre plus haut, son retard atteignait déjà la minute. De quoi laisser des regrets à Vingegaard, qui en attaquant beaucoup plus tôt aurait pu faire des différences bien plus significatives sur Pogacar, revenu sur terre après son écrasante domination de la 1re semaine.

Au final, l’opération comptable est nulle. Car le Néerlandais a été repris dans la descente par Pogacar, Richard Carapaz (INEOS) et Rigoberto Uran (EF Education-Nippo), un quatuor qui a terminé à 1'38'' du vainqueur du jour. S’il n’a pas repris de temps sur le maillot jaune, et reste donc pointé à 5'32'', Vingegaard grimpe sur le podium provisoire puisque Ben O’Connor (AG2R Citroen) a craqué dans la partie la plus dure du Ventoux, dans la forêt. Épatant sur les hauteurs de Tignes, l’Australien a cette fois concédé trois minutes à ses rivaux pour le podium. Il dégringole de la 2e à la 5e place, à 5’58” de Pogacar et 40” d’Uran, nouveau dauphin du Slovène.

Mais la vraie craquante a été l'œuvre de la meilleure carte française pour le général : David Gaudu. Malade, pris de vomissements sur son vélo, le leader de la Groupama-FDJ a été distancé à plus de 90 kilomètres de l’arrivée, au début de la première ascension du Ventoux. Aidé par Bruno Armirail, puis par ses deux autres coéquipiers encore en course Stefan Küng et Valentin Madouas - Miles Scotson a été l’un des 7 coureurs à abandonner dans cette 11e étape meurtrière - Gaudu a longtemps limité la casse. Il n’avait que deux minutes de retard au moment d’attaquer la seconde ascension du Ventoux. Mais celle-ci lui a apporté le coup de grâce. Le Breton a rallié Malaucène avec 25 minutes de retard. Il dit adieu au général, lui qui en occupait alors la 10e place.

Il reste un Français dans le top 10, Guillaume Martin (9e à 9'29''), qui s’est classé 12e d’une étape longtemps animée par Julian Alaphilippe. Remuant dès le départ, le champion du monde s’est d’abord échappé sur le plat avec le maillot à pois Nairo Quintana avant d’effectuer un solo de 10km, puis d’être rejoint par un premier contre et enfin le groupe Van Aert, à 100km de l’arrivée, au pied du premier Ventoux (1re catégorie), où il est passé en tête au sommet. Le puncheur de la Deceuninck-Quick Step semble avoir retrouvé ses jambes après avoir souffert dans le frigo alpin le week-end dernier. Mais la débauche d’énergie dans la première moitié de l’étape lui a sans doute été de trop au moment de batailler pour la gagne avec van Aert. Une fois ses chances de victoire envolées, à court de jus, il n’a pas insisté et s’est classé 23e à 12 minutes du champion de Belgique. Mais on le retrouvera à l'attaque dans les Pyrénées, on peut en être certain.