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Le Tour 2022, le plus rapide de tous les temps : "Une façon de courir tout à fait nouvelle"

Laurent Vergne

Mis à jour 25/07/2022 à 09:26 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2022 - Avec une moyenne de 42,026 km/h, la 109e édition du Tour est la plus rapide de l'histoire. Jonas Vingegaard améliore le record détenu par Lance Armstrong depuis 2005. Plusieurs facteurs peuvent expliquer au moins partiellement la furie du peloton durant trois semaines, mais pour Christian Prudhomme, c'est la manière d'appréhender la course qui est en train de muter.

La folle journée de Van Aert, du Km 0 au carnage d'Hautacam

Voilà un record que l'on a eu le temps de voir venir. Au fil des jours et des étapes, des premières heures de course à l'allure démente où la bagarre s'étire pendant quarante, cinquante kilomètres, parfois plus pour tenter de prendre la bonne échappée. Jonas Vingegaard a donc remporté le Tour de France le plus rapide depuis la création de l'épreuve en 1903, avec une moyenne de 42,026 km/h.
Le record tenait depuis dix-sept ans. Il appartenait jusqu'ici à l'édition 2005, la dernière de l'ère Lance Armstrong, avant que l'Américain ne soit effacé des tablettes pour les raisons que chacun connaît. Le fait que ce Tour-ci efface ce Tour-là n'aidera pas à tempérer les certitudes de ceux qui sont convaincus que si le Tour va aussi vite, c'est parce qu'une partie du peloton carbure à autre chose qu'à l'envie et à l'eau claire.
Tous les coureurs l'ont dit, ils ont senti poindre la fatigue très vite cette année. La chaleur, souvent caniculaire et presque toujours omniprésente, a joué un rôle dans l'épuisement du peloton, mais le rythme en est bien la cause principale. "J'ai l'impression de ne pas avoir soufflé du tout sur ce Tour de France, confiait par exemple Romain Bardet lundi dernier lors de l'ultime journée de repos. Il n'y a pas eu une journée où on a pu laisser couler, se reposer un petit peu et discuter. On voit que le peloton est fatigué, tout le monde est un peu à la limite." "On n'a même plus le temps de pisser", rigolait (à moitié) Aurélien Paret-Peintre en première semaine.
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Pogacar et Thomas autour d'un Vingegaard ému : le podium du Tour de France 2022 en images

On sentait depuis quelques années que les étapes dites de transition disparaissaient
Ne prenez surtout pas le risque de parler à un coureur "d'étape de transition" ou de "journée tranquille". Sur ce Tour, cela n'a pas existé et c'est peut-être une tendance lourde qui est en train de se dessiner. "On sentait depuis quelques années que les étapes dites de transition disparaissaient, mais là, c'est encore plus fort", souligne ce dimanche le patron du Tour de France, en dressant le bilan de cette 109e édition dans un entretien à l'AFP. Pour résumer, aujourd'hui, le Tour démarre au sprint, puis il accélère, avant de finir à fond de cale.
"Cela ne débranche plus, c'est très impressionnant et ça se voit sur la moyenne générale du Tour de France avec des attaques très tôt, très loin, ajoute Prudhomme. Il se passe quelque chose dans toutes les étapes, une première heure courue à très grande vitesse, avec souvent des favoris et des équipiers de favoris dans les échappées, c'est une façon de courir tout à fait nouvelle."
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Christian Prudhomme, le directeur sportif du Tour de France.

Crédit: Getty Images

Autre fait notable, la longueur des étapes ne joue pas sur le comportement. "L'étape est courte, elle va être nerveuse", avait-on l'habitude d'entendre. Aujourd'hui, l'étape est nerveuse, quoi qu'il arrive. L'étape de Longwy, la plus longue du Tour 2022, a été pliée à 49,4 km/h. Plus que des éléments variables (distance parcourue ou sens du vent, qui a été le plus souvent favorable cette année ce qui, à la marge, joue sur cette vitesse-record), ce sont donc les intentions du peloton qui auraient bel et bien évolué.
Est-ce quelque chose de structurel, ou une simple affaire de contexte, renforcé notamment par le comportement de deux des acteurs majeurs du Tour, Tadej Pogacar et Wout van Aert. Le Slovène et le Belge n'ont pas le même maillot, mais ils partagent la même passion : celle du dynamitage permanent. Ils attaquent tout le temps, partout, sur tous les terrains et, en prime, de loin, voire au kilomètre zéro parfois pour Van Aert. Une sorte de course à l'échalotte du mouvement perpétuel, qui a incontestablement contribué à donner une dimension un peu folle au tempo de ces trois dernières semaines.
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Un sprint foudroyant et Pogacar prend le pouvoir : l'arrivée de la 6e étape

Franchement, j'en avais ras le bol de toutes leurs attaques
"Cette édition a été très difficile", a confirmé samedi Geraint Thomas, après le contre-la-montre de Rocamadour. Le vainqueur du Tour 2018, présent sur la troisième marche du podium dimanche sur les Champs-Elysées, n'a pas manqué de relever cette évolution. "Quand je vois comment Pogacar et Jumbo ont roulé cette année... C'est mon douzième Tour de France et je ne me souviens pas d'avoir vu le premier et le deuxième du classement général toujours devant, à fond. Franchement, j'en avais ras le bol de toutes leurs attaques et je suis content que ce soit fini", a-t-il dit dans un sourire.
"On a parlé de cyclisme total, et il y a un peu de ça", acquiesce Christian Prudhomme. Pour les organisateurs, ce Tour record et cette nouvelle approche de la course interrogent forcément. Faut-il repenser en partie le parcours ? Remettre davantage de véritables étapes toutes plates ? Et quand bien même, cela changerait-il quelque chose à l'affaire ? "La difficulté du Tour de France est liée en partie au parcours mais l'autre partie, peut-être un peu plus importante que la première, est la manière dont les coureurs font la course, plaide Christian Prudhomme. On a un peloton fatigué et pourtant ça roule à 50 km/h chaque première heure de chaque étape. Je me méfie toujours des coups de barre à droite ou à gauche très rapides."
Mais il sera tout de même intéressant de noter si, en 2023, et plus encore dans deux ans puisque le tracé de l'an prochain est déjà largement déterminé, le parcours du Tour tiendra compte ou non de cette "nouvelle façon de courir".
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Et pourtant, Pogacar a harcelé Vingegaard : la compilation de ses attaques

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