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Les débats du Tour : Christophe Laporte a-t-il l’étoffe d’un leader ? Van Aert, Ganna... Qui est le favori du chrono ?

Mis à jour 23/07/2022 à 10:59 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Christophe Laporte tient le succès majeur de sa carrière. Il a remporté ce vendredi à Cahors la 19e étape. Au sein de la puissante Jumbo-Visma, il semble avoir passé un cap. De quoi s'interroger sur sa capacité à devenir, ou non, un leader. C'est l'un des thèmes de nos débats du jour, qui concernent également le "meilleur équipier" de ce Tour et le favori du chrono de samedi.

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Laporte a-t-il l’étoffe d’un leader ?

Par Simon Farvacque
Non. Christophe Laporte a changé de dimension, depuis son arrivée chez la Jumbo-Visma. Ses aptitudes, entrevues chez Cofidis, éclatent au grand jour. Mais surtout dans un rôle d’équipier, ou de joker. Je ne perçois pas en lui un potentiel leader, l’âme d’un cador. Le Français de 29 ans n’a gagné que deux fois cette saison. La première étape de Paris-Nice lui a été offerte par ses prestigieux leaders. Certes, il fallait être là, pour ouvrir le cadeau empaqueté avec soin par Primoz Roglic et Wout van Aert, mais un grand succès à la pédale, c’est encore autre chose.
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Ce succès, il l’a décroché à Cahors, en s’adjugeant la 19e étape du Tour de France. Catapulté chef de file d’un jour, en cours de parcours, il a tenu son rang ponctuel. Mais il n’a donc eu la pression que quelques instants, le temps de la balayer d’une double accélération ceci-dit remarquable. Quand il a été responsabilisé en l’absence de "WVA" lors du Tour des Flandres, il a été en retrait (9e, après une chute). Quand il a eu l’opportunité de gamberger, durant Gand-Wevelgem, il a échoué de peu (2e derrière Biniam Girmay).
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Endosser le statut de leader impliquerait peut-être, également, un changement d’équipe. Sous contrat jusqu’à la fin de l’année 2023, Laporte n’a pas su être la tête de gondole d’une formation de moindre niveau. D’où mes réserves. Des réserves qui reposent sur ces faits, mais aussi sur une intuition. Elles sont donc à relativiser. Je ne connais pas personnellement Christophe Laporte. Je n’ai pas la prétention de condamner ses chances de devenir un grand coureur, et il a fait un pas en ce sens vendredi.
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Par Amaury Erdogan-Gutierrez
Je partage les éléments mis en lumière par Simon, auxquels j’apporterai tout de même une nuance. Christophe Laporte sait gagner (six bouquets en 2018, neuf en 2019, quatre en 2021), et bien souvent, le plafond de verre du Varois avait un nom : son niveau. Depuis son incorporation au sein de la Jumbo-Visma, où chaque détail est scruté à la loupe, et où les états d’âme hors de la selle sont traités avec la plus grande minutie, Laporte a opéré une mutation comme on en fait peu à cet âge. Chasser le détail vous rend plus fort, et selon moi, fait de vous un leader. Laporte est dans la fleur de l’âge (29 ans), seuil de maturité nécessaire pour atteindre ce statut.
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Sa victoire sur Paris-Nice revêtait un parfum dérangeant de cadeau de bienvenue. Mais un leader saisit tous les lièvres tendus, et Laporte l’a bien compris sur la 19e étape du Tour vendredi. Propulsé roi de la ruche Jumbo le temps d'une journée, le sprinteur de La Seyne-sur-Mer a exposé l’étendue de sa puissance sur les hauteurs de Cahors, déboulant comme un missile vers un trio de rescapés médusés.
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Le super-équipier a une bonne bouille de vainqueur, et la liste des victimes a un éclat des plus rutilants : Jasper Philipsen et Caleb Ewan, pour ne citer qu'eux. L’arrivée dans le Lot m’a convaincu des propriétés de celui qui a signé la première victoire française sur ce Tour. Van Aert, fatigué de ses efforts tonitruants de la veille (et sans doute l’esprit déjà tourné vers samedi et le chrono de Rocamadour), a lustré la route du Français, qui a avalé la pression d’un trait, chaleur oblige, et s’est même permis de coller une seconde au reste du peloton. Quand les jambes vont, le moral suit. Le cocktail parfait d'un leader.
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Qui est le meilleur équipier de ce Tour ?

Par Simon Farvacque
Préambule de taille : Wout van Aert n’est pas un équipier, à mes yeux. Ni pour autant un leader. Il est dans une caste qui se résume à lui, sur ce Tour de France 2022. Par conséquent, la course au "meilleur équipier" est assez ouverte. Valentin Madouas présente un solide dossier pour empocher la mise, auprès de David Gaudu. Mais je vais me tourner vers Brandon McNulty, en partie pour une performance, un jour de grâce. Il a été phénoménal en direction de Peyragudes, à un niveau qui témoigne de son potentiel et a fait de lui un acteur du duel entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard.
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L’Etatsunien de 24 ans peut devenir un potentiel vainqueur de Grand Tour, à mon sens, et son entreprise de démolition du groupe des favoris a été sensationnelle lors de cette 17e étape. McNulty a encore été présent, lors du dernier acte pyrénéen, auprès de "Pogi". Certes moins longtemps, mais tout de même là, pour maintenir la flamme de l’espoir de sa formation UAE Emirates. Celui de changer le scénario de la plus grande épreuve du monde, pas d’accrocher un accessit. Tandis que c’est (surtout) par un prisme français que Madouas a impressionné, le tout au cœur d’une lutte pour un Top 5. Son Tour n’en reste pas moins prometteur et l’amitié qu’il entretient avec Gaudu en fait un duo attachant.
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Par Amaury Erdogan-Gutierrez
A l’instar de Simon, je balaie également le choix de van Aert sans ergoter, tant il a surtout composé sa propre partition sur ce Tour. Selon ma définition d’équipier, la palme revient sans hésiter à Valentin Madouas. Le Breton de Groupama - FDJ a littéralement porté son leader sur l’intégralité des étapes disputées en haute montagne. Si David Gaudu repart des Champs-Elysées avec la quatrième place du général, le Finistérien aura bien mérité sa statue. Dire que lors de son seul séjour à l’avant, sorte de RTT accordé par son ami de longue date, Madouas a décroché une 2e place pleine de promesses à Foix (16e étape). On le savait redoutable sur les monts flamands (3e du Ronde cette année), mais polyvalent à ce point, assurément non.
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Ce qui m’épate avec Madouas sur ce Tour, ce sont ses aptitudes en altitude, même si le garçon est avant tout connu pour ses qualités d'escaladeur. Il est moins surprenant d’observer un ami se démener la bave aux lèvres que de saisir la portée symbolique d’un enchaînement de performances de haut vol. Madouas m’a même semblé supérieur à Gaudu à plusieurs reprises (Granon, Peyragudes). Le niveau affiché, la régularité et l’engagement viscéral envers son leader me poussent à placer le Breton au sommet de cette noble caste. Oui, Brandon McNulty a éparpillé le peloton aux quatre vents, mais l'Américain (UAE Emirates) n’a pas existé au-delà de son exploit de Peyragudes (17e étape). Même sentence pour Sepp Kuss (Jumbo-Visma), brillant un massif sur deux. Madouas a toujours répondu présent, lui.
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Qui est le favori du chrono ?

Par Amaury Erdogan-Gutierrez
Je ne vais pas vous mentir, je n’avance pas le nom de Filippo Ganna avec la confiance la plus absolue, même si on parle quand même d’un double champion du monde en titre de la spécialité (2020, 2021). Je place l’Italien de chez INEOS Grenadiers d’une courte tête au-dessus de Wout van Aert, qui n’en finit plus d’émerveiller sur cette 109e édition. Reste que le contre-la-montre de Rocamadour (40,7 kilomètres) n’est pas tout plat, et présente même deux talus aux rampes abruptes, de quoi freiner a priori la lourde charpente du Transalpin.
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Il est quasiment acté que ce dernier croisera le fer avec le maillot vert, qui l’a d’ailleurs battu à Copenhague (pour cinq secondes). Bémol, l’ancien volleyeur a traîné sa monture avec une crevaison lente dans le final scandinave. Un détail qui n’en est pas un, même si le Piémontais d’adoption a tenu à dégonfler très vite les questions insidieuses sur sa place "légitime."
Mais revenons à notre village niché sur la roche occitane. Rocamadour et son profil vallonné constituent contre toute attente un avantage pour Ganna, qui s’élancera de Lacapelle-Marival avec les jambes souples et reposées, au contraire d’un Van Aert loin de courir à l’économie depuis le grand départ. La fraîcheur sera l’acmé de la route menant vers la victoire samedi. Et à ce jeu-là, Ganna a une longueur d’avance.
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Par Simon Farvacque
Mon vote se porte instinctivement sur Filippo Ganna. Malgré les quelques reliefs du final, ce contre-la-montre en direction de Rocamadour sied à ses qualités. Il est le meilleur spécialiste de l’effort solitaire de la planète et cela lui octroie le statut de favori. Le double champion du monde en titre de l’exercice a certes été battu, à Copenhague, sous la pluie. Mais, outre la mésaventure soulevée par Amaury, sur un parcours court et technique, sa puissance en ligne droite pouvait moins s’exprimer, et je ne vois pas en lui le roi des "vireurs" du peloton. Pas de quoi, donc, remettre en question sa suprématie sur un tracé plus long et rectiligne.
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Je partage qui plus est l’argument avancé par Amaury, concernant l’énergie que l’Italien a pu économiser, quand Wout van Aert ne comptait aucun de ses coups de pédale, ces derniers jours. Comme depuis le début du Tour, d’ailleurs. Cependant, "WVA" a réalisé lors de cette Grande Boucle des exploits dont je le pensais incapable. Pourtant, le seuil de ma surprise est très élevé, le concernant, tant sa polyvalence n’a de cesse – et je ne suis probablement pas le seul – de me frapper. Il a tout de même réussi à m’ébahir. A tel point que j’en viens à me trouver audacieux de le placer un cran en-dessous de Ganna.
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