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Tadej Pogacar, le temps de l’introspection : "Je suis content d’avoir perdu"

Simon Farvacque

Mis à jour 13/10/2022 à 19:09 GMT+2

SAISON 2022 - Tadej Pogacar a gagné à seize reprises cette année. Mais il a "perdu" la course qui compte le plus, à l’heure d’établir la grandeur d’un coureur. Dans un entretien accordé en septembre et publié cette semaine, le Slovène de 24 ans revient sur sa défaite face à Jonas Vingegaard lors du dernier Tour de France, il explique en quoi il la relativise, sportivement… mais aussi humainement.

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Le sport n’est rien face à la mort. En avril dernier, Tadej Pogacar a cédé une prestigieuse couronne sans combattre. Il a déclaré forfait pour Liège-Bastogne-Liège, quelques jours après le décès de la mère de sa fiancée, la cycliste Urska Zigart. La star slovène a depuis contribué à la création d’une fondation à son propre nom, pour la recherche contre le cancer, à l’origine du deuil que sa bien-aimée endure. "S’il existait un remède, peut-être que cela n’arriverait pas, souffle Pogacar. Nous devons trouver un remède".
Par ce prisme, relativiser son échec lors du Tour de France relève de l’évidence. Mais même en se cantonnant au domaine sportif, "Pogi" n’est pas sorti tête basse de la Grande Boucle. Il a été battu par Jonas Vingegaard, à l’issue d’un duel qui n’a connu qu’un retournement de situation majeur, mais a tout de même offert un spectacle de haute facture. "Je ne peux pas (seulement) dire que j’ai perdu le Tour – la 2e place, c’est bien – mais je peux dire que j’ai perdu le Tour de la meilleure des manières", philosophe-t-il.
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Quand tu perds, cela te confronte à la réalité
"Si cela signifie perdre pour certaines personnes, alors je l’accepte", poursuit le récent vainqueur d’un deuxième Tour de Lombardie, dans un entretien accordé début septembre et publié mercredi sur le site CyclingTips. "Quand tu gagnes, cela te change, tu emmagasines de la confiance… mais quand tu perds, cela te confronte à la réalité. J’ai appris pour l’année prochaine", ajoute "Pogi", dont la soif de revanche promet. Le double lauréat du Tour de France (2020, 2021), ainsi déchu cet été, va même jusqu’à glisser : "Je suis content d’avoir perdu."
Il insiste sur la performance de la puissante Jumbo-Visma, qui a réalisé un coup inoubliable, lors de la 11e étape en direction du Col du Granon. "La tactique de toute l’équipe, Jonas [Vingegaard] et Primoz [Roglic] en tête, était vraiment excellente. Ils étaient tous à 100% pour me renverser avec leurs attaques", salue Pogacar qui répète avoir péché dans son alimentation/hydratation : "Dans le Galibier, tout allait encore bien (…) quand la dernière ascension a commencé, j’ai senti que ce n’était pas une bonne journée."
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Je dois admettre que c’était une super étape
"Pour la plupart des gens, cette étape était la plus intéressante… pour moi, c’était juste nul, mais je dois admettre que c’était une super étape", résume le leader de la formation UAE Emirates, rieur. Il n’est pas invincible. La saison 2022 en a donc apporté la preuve de manière paradoxale. Parce qu’il a gagné, gagné et encore gagné (16 fois, record de l’exercice, devant les 15 succès de Remco Evenepoel), sans pour autant remporter la plus grande course de l’année, la plus grande course du monde : le Tour de France.
Dans ce long échange effectué en marge d’un événement caritatif avec Plume, son sponsor qui se définit comme "une plateforme de maison intelligente", Pogacar s’épanche sur son rapport à la célébrité, à son rôle dans la société, à la victoire, à la défaite. Il s’aventure aussi à un pronostic sur l’évolution de sa discipline, à maturité de plus en plus rapide à en croire l’impressionnant palmarès que lui, Evenepoel ou autre Egan Bernal – dont il dit espérer un retour au plus haut niveau – affichent déjà, à 25 ans ou moins.
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Un déclin déjà envisagé

"Les carrières ne seront pas forcément plus courtes, en moyenne… mais peut-être que le temps passé au top va diminuer. Nous allons peut-être assister à des séquences de cinq, sept, voire dix ans au plus haut niveau, pour chaque coureur. Je penche plutôt pour le nombre inférieur", prophétise Tadej Pogacar. "J’ai l’opportunité d’être l’un des meilleurs cyclistes au monde (…) Cela fait déjà trois/quatre ans que c’est le cas. Si ma forme diminue dans deux ans… cela ne me dérangera pas", assure-t-il en épicurien.
Pogacar (24 ans) assure s’accommoder de la pérennité incertaine de sa réussite sportive. "Je rêvais d’être au départ du Tour de France (…) jamais je n’aurais imaginé gagner ne serait-ce qu’une étape. J’ai dépassé mes attentes, affirme-t-il. Je profite du moment." Et tant pis si cela ne se traduit pas toujours en victoire. "Vous commettez des erreurs en cyclisme", revient-il une dernière fois, concernant la perte de sa couronne hexagonale. Pas seulement en cyclisme lui rétorque son interlocutrice. "Dans la vie aussi", acquiesce le prodige qui a fendu l’armure. Mais pas déposé les armes.
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