Tour de France - Tadej Pogacar s'impose à Peyragudes, Jonas Vingegaard reste en jaune, Gaudu proche de la 4e place

Pogacar a gagné l’étape, mais peut-être perdu le Tour. Le Slovène (UAE Emirates) a attendu les ultimes rampes de la montée de l’altiport de Peyragudes pour attaquer Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma), ragaillardi par la faiblesse relative de "Pogi", qui l’a compensée par une rage de vaincre tonitruante, à l’instar de l’arrivée au sommet de la Super Planche des Belles Filles.

Le butin paraît bien maigre (quatre secondes de bonifications), au vu du défrichage opéré par Brandon McNulty, troisième mercredi de cette 17e étape courte mais dense (129,7 km). L’Américain, dernier piston de la fusée Pogacar a éparpillé le reste de la concurrence. Romain Bardet (DSM) a bien limité les pertes (6e, + 2’38’’), mais David Gaudu (7e, + 3’27’’) a certainement dit adieu au podium. Si le maillot blanc est à présent pointé à 2’18’’ de Vingegaard au général, on a surtout eu l’impression que le natif de Komenda a tout donné pour s’offrir une troisième victoire d’étape sur cette 109e édition, la 9e sur le Tour.

La montée de Peyragudes (1re catégorie) était raisonnablement considérée comme le point névralgique du profil de cette 17e étape. Précision : les derniers hectomètres. Car si les premiers remous ont émaillé le peloton dès l’ascension de la Hourquette d’Ancizan (2e catégorie), l’offensive tant attendue, la différence tant espérée a vu le jour sur le point final d’une journée disputée à vive allure.

Souvent dans l’ombre de Rafal Majka (non-partant ce matin), Brandon McNulty a sorti son plus bel habit de lumière pour brouiller la vue du peloton. Hier, Sepp Kuss a porté Jonas Vingegaard sur son dos. Aujourd’hui, McNulty a pris le relais d’un Mikkel Bjerg exemplaire, et accéléré la cure d’amincissement du peloton. Adam Yates et Thomas Pidcock (INEOS Grenadiers) éjectés dès la Hourquette, les autres membres du top 10 se sont écartés chacun leur tour le long de la montée de Val Louron-Azet (1re catégorie).

David Gaudu (Groupama - FDJ) a été l’un des premiers à lâcher prise, mais le Breton a une équipe en or, capable de l’escorter jusqu’au pied de l’ultime ascension. Un dernier écueil qui, on l’a cru un instant, aurait pu signer la passation de pouvoir définitive entre Pogacar et Vingegaard. Finalement, le Slovène a répondu toutes dents dehors au contre saignant du Danois, insubmersible malgré la digestion des pourcentages diaboliques du final (16%). Le maillot jaune semble bien vissé sur les épaules du frelon, qui poursuit son sans-faute. "Pogi" l’a peut-être déjà compris, et se contente volontiers d’engloutir des succès.

Justement, la consolation d’un Pogacar pourrait contenter l’ensemble des coureurs tricolores engagés au départ de cette 109e édition. Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) a saisi l’urgence, et martyrisé ses cales dans la montée de l’Aspin (1re catégorie), première ascension de la journée. Le Vosgien a ouvert la route 40 kilomètres durant en compagnie d’Alexey Lutsenko (Astana Qazaqstan Team), avant d’observer le retour d’un groupe de costauds dans lequel figurait Romain Bardet. Le natif de Brioude a cherché à anticiper en deux temps. Appuyé par deux équipiers, le Français s’est bien vu combler le retard accumulé la veille, mais les jambes n’étaient pas encore au pinacle, même si la condition de l’Auvergnat était encourageante.

L’entreprise de Bardet lui a permis de basculer au sommet du col de Val Louron-Azet à une petite trentaine de secondes de Geraint Thomas. Le Gallois a ensuite accepté de collaborer avec le Tricolore dans Peyragudes, avant de le distancer au train. Quatrième à l’altiport, "G" a consolidé son strapontin sur le podium (3e, + 4’56’’), sur lequel ne montera aucun tricolore, sauf incident. Si Bardet est remonté 6e au général (+ 9’21’’) et Gaudu n’a rendu aucune position (5e, + 7’57’’), les deux grimpeurs ne postuleront pas à mieux qu’une 4e place, occupée jusqu’ici par Nairo Quintana (Arkéa Samsic, + 7’53’’), qui a laissé échapper une poignée de secondes sur le Breton dans le final. Dans l’optique d’un Tour sans victoire, une 4e place finale signerait un beau lot de consolation.