16e étape - Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) remporte le chrono avec 1'38" d'avance sur Tadej Pogacar (UAE Emirates)

Jonas Vingegaard a assommé le Tour de France, ce mardi, en réalisant un coup de force peut-être plus grand encore que le Granon l'an dernier. Le chrono très accidenté entre Passy et Combloux, théâtre de la 16e étape, était l'occasion de mettre en lumière le rapport de force véritable entre le maillot jaune et Tadej Pogacar, qui se tenaient jusqu'alors en 10". Et la vérité s'est révélée particulièrement crue pour le Slovène. En 22,4 kilomètres, Vingegaard a collé 1'38" à son grand rival, lui-même largement au-dessus des autres puisque le troisième du jour, Wout van Aert, s'est classé à 2'51". Plus qu'une claque. Un coup de massue.

Il n'y a jamais eu match. Vingegaard est parti le couteau entre les dents, très incisif dès le premier virage qui invitait pourtant à la prudence, quelques coureurs ayant mordu la poussière en début de journée. Mais le Danois n'était pas là pour faire les choses à moitié. Il a tout lâché du premier au dernier mètre, désireux de montrer à la planète vélo qu'il n'y a qu'un maître sur ce Tour. Au 1er inter, après la côte de la Cascade au Coeur et 7,1 kilomètres, tout était déjà clair. Pogacar venait d'exploser la marque de Stefan Küng, pour 26". Mais la flèche slovène fut très vite mouchée par la fusée danoise, plus rapide encore de 16".

"Pogi" en gardait-il alors sous la pédale ? Pas du tout. L'écart n'a jamais cessé d'enfler. 31" au 2e inter, 1'05" au sommet de la côte de Domancy (2,5km à 9,4%) et donc 1'38" à l'arrivée. Au général, Vingegaard possède désormais 1'48" d'avance sur Pogacar. 108 secondes. En un seul coup, le Danois a multiplié par dix son avance sur son grand rival, qui a pourtant réalisé une excellente performance ce mardi. Il y a quasiment autant d'écart entre les deux hommes qu'entre Pogacar et le premier concurrent du reste du monde, WVA ayant fini à 1'13" du double vainqueur du Tour.

Nouveau troisième au général, Adam Yates (UAE Emirates) est relégué à 8'52", cinq secondes devant Carlos Rodriguez (INEOS Grenadiers), le seul à pouvoir encore disputer la 3e place au Britannique, Jai Hindley (5e à 11'15") ayant pris un éclat ce mardi (24e à 4'37"). David Gaudu a conservé sa 9e place au général à l'aide d'un très bon chrono (10e à 3'31"). Mais le meilleur Français du jour, sans surprise, a été Rémi Cavagna (+3'06"), 6e comme en 2020 à la Planche des Belles Filles.

Le TGV de Clermont-Ferrand est celui qui est resté le plus longtemps sur le fauteuil de leader. Parti en 47e position sur la liste de départ, il a allumé du vert à chacun des trois intermédiaires avant de reléguer Mads Pedersen à 25". Wout van Aert a fini par le déloger, pour 15 petites secondes, avant le bal des favoris, au cours duquel Pello Bilbao (4e à 2'55") et Simon Yates (5e à 2'58") sont également passés devant.

Une seule chose aura échappé à Vingegaard ce mardi. Le meilleur temps de la montée de Domancy (2e catégorie). Giulio Ciccone l'avait spécifiquement ciblé pour conserver son maillot à pois, limitant son chrono aux 2,8 kilomètres compris entre le 2e et le 3e inter, soit 25km/h sur une pente supérieure à 9%. Une allure folle qui fut quasiment celle de Vingegaard, moins rapide sur cette portion pour trois secondes seulement mais 34" plus vite qu'un Pogacar par exemple, dont le changement de vélo au pied de la bosse n'aura en rien arrangé son affaire.

Désormais seul sur sa planète, le Danois entrevoit désormais sérieusement la victoire finale à Paris, sa deuxième consécutive, avant les cinq derniers jours de course. Il reste pourtant deux grosses étapes de montagne, dont les terribles pentes de la Loze mercredi. Mais personne n'ose songer vraiment à un renversement de Pogacar, sonné comme le reste du peloton, tant la supériorité de Vingegaard semble écrasante.