Tour de France 2023 | Le bilan de la 13e étape : Spectacle minimal, suspense maximal entre Pogacar et Vingegaard

Que doit-on penser à l'issue de cette 13e étape ? Que retenir au-delà des magnifiques paysages qu'offre le Grand Colombier, surplomb du sublime Lac du Bourget ? Que la montagne a accouché d'une souris ou que les deux premiers du classement général ne sont séparés que par neuf secondes à neuf jours de Paris ? On n'oubliera pas de noter le premier élément mais on préfèrera se concentrer sur le second, promesse d'un suspense rare à ce moment-là du Tour.

En 2020, dans sa volonté de parsemer le Tour de grands moments ici et là, Christian Prudhomme avait innové avec une arrivée au sommet du Grand Colombier. Déçu, il avait fait remarquer, une fois de plus, que les coureurs font la course. A demi-mot, le patron du Tour avait même regretté ce sprint là-haut, à 1 501 mètres. Trois ans plus tard, le scénario s'est quasiment répété avec un Tadej Pogacar qui a attendu les 450 mètres pour se dresser sur les pédales. Suffisant cependant pour reprendre, bonifications comprises, huit secondes à Jonas Vingegaard, soit près de la moitié de son débours ce vendredi matin.

Repoussé à 53 secondes au soir de la cavalcade de son rival vers Laruns, le Slovène a grignoté, petit à petit, ici et là pour revenir sur les talons d'un maillot jaune qui ne s'est montré dominateur qu'une seule fois dans ce Tour de France. Certes, il en avait profité pour creuser l'écart le plus significatif dans le duel mais depuis ?

Cauterets, Puy de Dôme et donc Grand Colombier, autant de fois où la force de Pogacar l'a laissé sans réponse. Lui jure que la 13e étape, disputée sur une montée sèche, correspondait encore aux qualités de son adversaire, que la suite lui siéra mieux. On est en droit de le croire, ou pas. Une chose est sûre en revanche : avec un tel écart avant les Alpes, le suspense est maximal.

Décidément, ce Tour de France va de mal en pis pour Romain Bardet. Déjà éjecté du Top 10 par Pello Bilbao vers Issoire, le Français a encore vu l'objectif d'un bon classement général s'éloigner. Thibaut Pinot, qui ne s'est pas battu, mis à part, l'Auvergnat est celui qui a perdu le plus gros sur les pentes du Grand Colombier : tous ses adversaires lui ont au moins repris plus de deux minutes.

C'est beau quand même, le Grand Colombier...

Michal Kwiatkowski est un serviteur dans le cyclisme. Rien de péjoratif là-dedans, au contraire, le Polonais a mis son grand talent au service de nombreux leaders, et encore plus depuis qu'il est arrivé chez INEOS Grenadiers. Le voir triompher d'une seconde étape du Tour de France après tant de sacrifices ne laisse pas indifférent.

Quentin Pacher n'avait que peu de chance de remporter l'étape au Grand Colombier. Mais l'homme de Libourne a essayé et y a cru. Pas longtemps sans doute, quarante secondes à une minute tout au plus, mais il a pris son destin en main et c'est à saluer. Il n'en reste cependant pas moins que ce fut un triste 14 juillet pour le cyclisme français.

Voir Pierre Latour (TotalEnergies) perdre toute chance de prétendre à quelque chose dans cette étape pour avoir été lâché par le reste du groupe de tête dans la descente d'une difficulté non répertoriée. Elle ne présentait pourtant aucune difficulté particulière du point de vue technique, mais le blocage du coureur français est tel que même sur ce type de descentes, il ne parvient pas à suivre. Difficile d'envisager quoi que ce soit dans ces conditions, et une échappée pour rien.

L'attitude ultra-conservatrice de tous les coureurs du Top 10 ne s'appelant pas Tadej Pogacar ou Jonas Vingegaard. On mettra de côté Adam Yates et Sepp Kuss, contraints par leur travail de lieutenant du maillot blanc et du maillot jaune, mais quid des autres ? Les INEOS, par exemple, ont deux cartes à jouer, Carlos Rodriguez et Tom Pidcock. Ils suivent mais ne tentent rien, attendant que le podium leur tombe dans les bras. Pourquoi pas. Mais surtout, pourquoi ?

Tadej Pogacar a désormais pris 30 secondes de bonification depuis le Grand départ de Bilbao. Jonas Vingegaard ? 11. Soit 19 secondes de différence. Dans un Tour au couteau entre les deux hommes, c'est finalement peut-être là-dessus que pourrait se jouer ce Tour de France, même s'il reste encore énormément de difficultés devant nous. Devant eux, surtout.

"C'était une expérience complètement folle. Sans le public je ne l'aurais pas emporté. Il m'a poussé jusqu'au sommet."

Une arrivée au Grand Colombier, est-ce vraiment une super idée ? Comme en 2020, l'ascension finale a fait un flop.

Avec 9'33" de retard sur le maillot jaune et près de 7 minutes sur le podium, est-ce que Romain Bardet va avoir son bon de sortie désormais ?

Qui a peur de Joux-Plane, peut-être le col le plus sous-estimé des Alpes ?

La réponse à la question de jeudi était : Richie Porte. Il est le dernier coureur australien sur le podium final du Tour. C'était en 2020.

Voici la question de ce vendredi : En quelle année le col de Joux-Plane est-il apparu sur le Tour de France pour la première fois ?