Tour de France 2023 | Le bilan de la 21e étape : Jordi Meeus, l'ultime surprise que ce Tour avait à ofrrir

Alexandre Vinokourov, dernier vainqueur échappé sur les Champs-Elysées, n'a pas encore de successeur. Et pourtant, ce dimanche on s'est mis à rêver à un scénario différent au bout d'un Tour franchement emballant. L'immense fatigue du peloton, des équipes de sprinteurs sans sprinteurs (Soudal-Quick Step, Lotto-Dstny et Astana Qazaqstan), un peu de pluie annoncée, autant de bonnes raisons de croire que le peloton pouvait se faire piéger. Beaucoup de bonnes raisons d'y croire mais surtout une de ne pas espérer : sur les Champs, le peloton a presque toujours raison.

Même un Tadej Pogacar encore motivé pour faire la course n'a pas suffi même si le Slovène a foutu un joli "boxon" en attaquant dès les premiers tours de roue sur la plus belle avenue du monde. Pris en chasse par un Jumbo-Visma (évidemment), "Pogi" en avait encore à donner, dans les jambes et dans le cœur. Tous les fuyards ont été ramenés à la raison mais ce Tour avait une ultime surprise à offrir.

Alors que l'on imaginait Jasper Philipsen se balader sur les Champs, et que son équipe Alpecin-Deceuninck n'a pas franchement eu à s'épuiser ce dimanche, le Belge a été battu. Pas par le sprinteur à sa gauche, Dylan Groenewegen, pas par le suivant Mads Pedersen mais par le dernier de la ligne, Jordi Meeus, sorti de nulle part, au propre comme au figuré, et qui a décroché là la plus belle de sa carrière.

On a tout de même un peu de mal à plaindre Jasper Philipsen, qui va finir ce Tour de France avec quatre victoires. Son Tour est exceptionnel, mais il aurait pu prendre des proportions historiques, sachant qu'il avait déjà ces quatre bouquets en main au soir de la 11e étape. Reste que l'étape des Champs, c'est autre chose et celle-ci, le Belge la voulait vraiment pour réussir le doublé, un an après. On ne pouvait pas être plus favori que le sprinteur de la formation Alpecin–Deceuninck ce dimanche. C'est donc forcément une déception pour Philipsen, même si cela ne remet pas en cause la qualité de son bilan d'ensemble.

Dans ce Tour de France, les coureurs ont roulé à une vitesse dingue du départ à Bilbao jusqu'à l'arrivée à Paris. La preuve avec ce flash déclenché sur la route des Champs-Elysées.

Tadej Pogacar, comme souvent. Difficile de ne pas aimer le Slovène quand il démontre une fois encore son côté joueur et son pur plaisir de la course. C'est lui qui a lancé les hostilités sur les Champs-Elysées. Qu'avait-il à y gagner ? Rien, si loin de l'arrivée. Mais peu importe et peu lui importe. Jusqu'au bout, il aura joué le jeu sur ce Tour, même quand ses efforts sont vains. Certains diront qu'il en a trop fait pendant trois semaines, mais mieux vaut un "Pogi" que dix "ramiers".

Et un de plus qui fait 106. Ce dimanche, Giulio Ciccone a chipé le plus facile des 106 points au classement de la montagne. L'Italien a célébré avant l'heure sa victoire en passant en tête de la Côte du pavé des Gardes. Ciccone a bien mérité sa victoire et pour tout dire ça fait plaisir de voir un grimpeur-baroudeur remporter ce classement qui n'a pas grand-chose à voir avec le "meilleur grimpeur".

Nathan Van Hooydonck et, au-delà de lui, l'attitude de la Jumbo-Visma. OK, il n'a probablement fait qu'appliquer les consignes de son équipe, mais voir le Belge ne pas passer un relais (pardon, il en a pris un avant de rentrer dans le rang sagement) à Pogacar quand ils étaient échappés tous les deux, était un peu mesquin. La course, parfois, c'est aussi un jeu, surtout quand la messe est dite. Pogacar l'a compris, pas la Jumbo.

La météo. Une fin de Tour, c'est déjà l'assurance d'une bonne mélancolie voire d'une pointe de déprime. Mais ces dernières années, le temps magnifique sur la capitale le jour de l'arrivée de la Grande Boucle avait atténué ce sentiment. Cette fois, pas d'images du superbe coucher de soleil avec cette course achevée en début de soirée. De la grisaille, rien que de la grisaille. Tant pis.

"Je ne sais pas comment je suis allé au bout. J'ai perdu 10 ans de vie sur la dernière semaine".

En 2025, le Tour de France fêtera la 50e arrivée de son histoire sur les Champs-Elysées. 49 donc pour 2023 et la Belgique a confirmé son statut de meilleure nation sur la plus belle avenue du monde avec une 12e victoire grâce à Jordi Meeus. Les Belges ne sont pas près d'être rattrapés puisque la France, l'Allemagne et l'Italie, deuxièmes, pointent à cinq succès sur les Champs.

Vous la sentez, vous, la mélancolie de la fin de Tour ?

Vingegaard est-il parti pour un long règne ? Rappelez-vous, quand même, que tout le monde disait ça de Pogacar il y a deux ans...

La plus belle étape de ce Tour, pour vous, c'était ?

La réponse au quiz de samedi était : la Belgique, nation la plus victorieuse sur les Champs-Elysées.