Tour de France - Tadej Pogacar (UAE Emirates) a retrouvé le moral après sa victoire sur la 20e étape

Une victoire d’étape sur le Tour est un graal, un rêve pour la grande majorité des coureurs cyclistes. Un sésame qui ne se négocie pas, sauf peut-être pour Tadej Pogacar (UAE Emirates) et Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma). Pour ces deux-là, habitués à avaler les succès comme des perles, lever les bras sur la Grande Boucle est accessoire face à l’ivresse d’une consécration sur les Champs-Elysées. Tombé de son piédestal, et sans doute encore plus bas après sa défaillance dans le col de la Loze, Pogacar a cette fois pris le temps de savourer la valeur de sa victoire sur la 20e étape au Markstein samedi.

Sonné et privé d’une troisième couronne par un Vingegaard intouchable en troisième semaine, le prodige de Komenda a retrouvé des couleurs à l’évocation de cette 20e étape, qu'il attendait avec impatience. En bon glouton, "Pogi" a mis son armada au capot fumant à la planche une dernière fois. Les rêves tricolores de voir Thibaut Pinot triompher dans ses Vosges n'importaient pas le maillot blanc, qui a sa propre hagiographie à noircir. Après une première attaque tranchante dans le Platzerwasel, le Slovène a vu un encombrant maillot jaune mimer sa cadence. Tant pis, il règlera l’affaire au sprint, comme souvent.

Au Markstein, le double vainqueur de la Grande Boucle a battu Vingegaard. Cela peut paraître anecdotique à l’aune des deux premières semaines, où Pogi a décroché de sa roue à trois reprises son rival, pour un gain total certes minime. C’est que les épisodes du contre-la-montre – piétiné par "Vingo" - et de la Loze ont fissuré la confiance de l'éternel optimiste. Perdu quelque part dans les Alpes, Pogacar s’est retrouvé dans les Vosges. "Aujourd’hui, je suis redevenu moi-même, enfin, soufflait le vainqueur du jour après l’étape, soulagé. Je me suis senti bien du départ à l’arrivée, après plusieurs journées très difficiles sur le vélo."

Pogacar ne s’en cache pas, il a exposé une facette rare chez le champion tout-terrain qu’il est. D’où l’émotion intense à l’arrivée : "Je suis super content d’avoir pu exploser sur la ligne comme ça." Une joie à la hauteur de la délivrance. Non, Pogi n’a pas tout perdu en l'espace de quelques jours. Sa forme irradiante n’a pas disparu d’un coup, et sa 11e victoire sur le Tour lui a semble-t-il donné un second souffle. Taquin, l’intéressé proposait même de rallonger l’épreuve : "Maintenant, on peut continuer le Tour ! (rires) Non, on va rentrer à la maison."

Entre deux tournures comiques, le leader des UAE a tenu à rappeler l’importance de ses équipiers dans sa victoire, surtout Adam Yates. "J’attendais qu’Adam et son frère reviennent, ils ont été super bons, saluait-il au micro d’ASO. Il m’a super bien emmené donc merci à lui. J’étais moins nerveux. Je suis très heureux du beau travail fait par l’équipe une nouvelle fois."

Une ode à sa formation qui traduit bien ce que transpire Tadej Pogacar sur cette 110e édition, un trublion animé par le sens du collectif, comme en témoigne l'évocation de son meilleur souvenir : "Nos moments partagés dans le bus resteront mon meilleur souvenir," pétille-t-il, avant d’enchaîner avec le pire : "Mon pire souvenir, c’est lorsque Marc Soler me regardait dans les yeux avec son regard effrayant dans le Col de la Loze (rires) ! Un moment terrifiant !" Le verbe espiègle, les yeux rieurs et les traits détendus : c'est sûr, Pogacar a rarement autant savouré un succès.