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Les Français et le Ronde: l'appétit après la famine

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ParEurosport

Publié 29/03/2013 à 18:59 GMT+1

Après des années de figuration sur les grandes classiques, le peloton français a retrouvé des couleurs. Affamés et décomplexés, les tricolores ont de l'ambition sur le Tour des Flandres.

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Crédit: Eurosport

Le bilan est sévère. Les Français ont, à quelques exceptions près, déserté le podium du Tour des Flandres. A regarder les archives, seule la deuxième place de Sylvain Chavanel en 2011 nous rappelle qu’un jour, le cyclisme tricolore avait laissé son empreinte sur le "Ronde van Vlaanderen". En 1955, Louison Bobet avait été le premier tricolore à lever les bras sur cette course. L’année suivante, Jean Forestier l’avait imité. Trente-six ans plus tard, en 1992, Jacky Durand ravivait la flamme avec la plus étonnante des victoires au terme d’une folle cavale de 217 kilomètres en solitaire. Cette victoire lui avait valu la reconnaissance du public belge. "En 1996, je m'étais fait attraper au radar par des agents de la sécurité belge, nous avait-il confié un jour. Ils m'ont demandé si j'allais faire une course de vélo et, quand ils ont vu ma carte d'identité, ils ont dit 'ah, Jacky Durand, vous avez gagné le Tour des Flandres en nonante-deux' et ils m'ont laissé passer. En Belgique, à partir du moment où l'on gagne le Tour des Flandres, on est reconnu pratiquement à vie". C’était le dernier succès français. C’était il y a 21 ans.
Depuis, les Bleu-blanc-rouge ont boudé le Ronde. Comme un amour impossible, un "je t’aime, moi non plus", la classique belge n'a plus couronné de roi hexagonal et s'est consacrée presque exclusivement à ses coureurs, les Belges. "Même si depuis deux-trois ans, cela a tendance à s’inverser. Avant les coureurs français allaient au départ du Tour des Flandres à reculons, explique Jacky Durand. Pour beaucoup, c’était presque une punition. Dans chaque équipe de huit coureurs, il y en avait trois ou quatre vraiment motivés et les autres étaient là parce que les équipes les y avaient mis, parce qu’il fallait avoir une équipe complète. C’était une course pour beaucoup insurmontable. C’est une épreuve tellement dure où il faut connaître le moindre virage, le moindre pavé, le moindre mont. Et il y avait quand même une petite méconnaissance de ce genre de parcours de la part des coureurs français".
La nouvelle génération comme fer de lance
Mais le temps passe. Le coureur français était un agneau sous le règne des Belges, Néerlandais, ou Italiens. Voilà qu'il espère se muer en loup. Et paradoxalement, si le Tour des Flandres était la classique où les coureurs hexagonaux avaient le plus de mal, aujourd’hui, la balance est inversée. Affranchi et décomplexé, le cyclisme tricolore s’est libéré de ses chaines. Pour Jacky Durand, l'explication est simple. "Premièrement, la nouvelle génération de coureurs est plus motivée pour s’attaquer à ce genre de défit, éclaire l'ancien vainqueur du Ronde. Puis il y a eu un ou deux coureurs qui ont commencé à faire des résultats en Belgique. Je pense qu’un coureur comme Sylvain Chavanel y a contribué. En voyant ses résultats, les autres coureurs se sont dit, ‘si Sylvain arrive à le faire, je ne vois pas pourquoi je n’y arriverai pas non plus’. Ensuite, il faut aussi que les équipes pratiquent ce genre de course. Une équipe comme la Française des Jeux vit pour ça. Avant, dans les équipes, on préparait le Tour, on préparait Paris-Nice, mais le Tours des Flandres non. Maintenant, dès le début de saison, en stage, dans les équipes françaises on parle déjà du Tour des Flandres alors qu’avant ce n’était pas du tout dans la culture française de penser aux classiques".
En pleine résurrection, le peloton français veut imposer sa nouvelle hiérarchie. Fantassin, il est prêt à se battre avec les légions du ProTour. Dès le Tour des Flandres? Les armes nommées Sylvain Chavanel, Thomas Voeckler, Yoann Offredo, Arnaud Démare ou même Sébastien Turgot, ont le couteau entre les dents. "Le Tour des Flandres reste quand même une des classiques les plus dures à gagner pour un Français, juge Jacky Durand. Généralement, ils ont du mal dans les classiques. Ils sont souvent placés mais jamais gagnants. Mais c’est vrai qu’avoir un grand favori français et deux ou trois coureurs outsiders, ce n'est pas toujours le cas sur les autres classiques. Ça met tout le monde en confiance. Dans chaque équipe française, on a des coureurs qui pèsent sur la course donc, évidemment, ça fait monter l’émulation au sein de la même équipe".
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2012 Arnaud Demare FDJ

Crédit: Eurosport

Concernant la meilleure chance française, l'avis de l'ancien cycliste est sans appel. "Évidemment, le numéro 1 reste Sylvain Chavanel, assure-t-il. Après, il y a des coureurs comme Yoann Offredo qui aiment ce genre de course. A mon avis, Offredo rêve plus du Tour des Flandres que de gagner sur les Champs-Elysées lors du Tour de France. Quand on pense comme ça, c’est un atout. Mais il y a aussi des coureurs comme Thomas Voeckler qui ont découvert tardivement le Tour des Flandres, qui peuvent pourquoi pas créer la surprise. Je ne pense pas qu’un coureur comme Voeckler soit capable d’accompagner les meilleurs dans le final. Mais avec une stratégie de course un peu différente, avec son opportunisme, il peut pourquoi pas créer une surprise". Une victoire à la Jacky Durand pour mettre fin à la disette?  "Peut-être pas en partant d’aussi loin que moi, plaisante le lauréat de 1992, mais une attaque à 50 ou 60km de l’arrivée avec des équipiers de favoris, ça peut aller au bout".
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