Avant le Tour des Flandres - Que se passe-t-il avec Peter Sagan ?

Vainqueur du Ronde en 2016 et de Paris-Roubaix en 2018, Peter Sagan, l’un des meilleurs flandriens de sa génération, débarque sur le premier Monument pavé de la saison dimanche en dessous de ses standards habituels. Premièrement parce qu’il n’a encore rien gagné dans les Ardennes flamandes cette saison, une rareté pour lui. Deuxièmement surtout parce que l’impression générale pose quelques questions. Au point qu’on peut se demander s’il est encore pertinent de le citer parmi les favoris du 103e Tour des Flandres.

Que n’a-t-on pas entendu sur Peter Sagan ces dernières semaines ? Dans le coup à Milan-San Remo, il s’est fait piéger dans le sprint final et a dû se contenter d’une 4e place. Pas en forme, disait-on. Soit. Reste qu’il a été présent dans le final du premier Monument de l’année avec les costauds.

Le voir se faire surprendre dans la dernière ligne droite ramenait alors quelques années en arrière quand ses qualités étaient indéniables mais que son palmarès peinait à prendre du volume. "Je me sentais plutôt bien aujourd'hui mais pas dans ma forme habituelle", avait-il avoué sur la Via Roma. Très bien mais un Sagan en "méforme" - il conviendrait de mettre quelques guillemets supplémentaires - à San Remo, ne veut pas forcément dire un Sagan hors du coup sur les Flandriennes.

Néanmoins sa campagne flandrienne est, jusqu’ici, la pire depuis le début de sa carrière avec une 17e place de l’E3 Classic et une 32e à Gand-Wevelgem. Certes, il y a fait la course mais jamais Sagan n’était arrivé au Tour des Flandres sans top 10 sur une course préparatoire. On a dit de lui qu’il avait perdu du poids pour tenter le coup à Liège-Bastogne-Liège à la fin du mois. Lui a expliqué avoir perdu quatre kilos à cause d’une grippe intestinale avant Tirreno-Adriatico qu’il a traversé sans briller.

"J’ai senti que ma forme n’était pas encore à mon potentiel maximal", a réagi le Slovaque après l’E3. Parfois du genre à bluffer, Peter Sagan est aussi le genre de coureurs à dire ce qu’il pense et ce qu’il ressent mais entendre de sa bouche que sa forme n’est pas optimale par deux fois en deux semaines a de quoi interroger. Son Gand-Wevelgem où il était à l’avant quand le vent a scindé le peloton en début de course a rassuré mais ces efforts l’ont empêché de disputer le sprint final remporté par Alexander Kristoff. "Mes jambes ne m’ont pas permis de faire le sprint massif”, a t-il expliqué sur le site de sa formation.

Oui Sagan peut encore peser sur la course mais il semble qu’il dispose de moins de cartouches qu’à l’accoutumée. Cela étant dit, il n’en a eu besoin que d’une seule pour faire exploser la course sur l’ultime montée du Vieux Quaremont au Tour des Flandres 2016. Idem avec une attaque sur l’asphalte à 54 kilomètres de l’arrivée à Roubaix l’année dernière.

On le dit enfin en instance de divorce et on suppute qu’il n’a plus toutes ses pensées dirigées vers la course. Visuellement enfin, son langage corporel semble différent des deux dernières saisons. Moins flamboyant, Sagan donne parfois le sentiment d’être battu avant de combattre.

Avec une campagne préparatoire moins aboutie et les questions qui entourent son niveau de forme, le triple champion du monde pourra au moins espérer ne pas avoir à supporter le poids de la course, dimanche. Espérer seulement car certains de ses adversaires, à commencer par le jeune Mathieu van der Poel voient en lui l’homme à battre : "Il a montré à quelques reprises qu’il allait bien. Il est mon favori pour dimanche." Les exemples récents de Philippe Gilbert (2017) et Niki Terpstra (2018), vainqueurs des deux dernières éditions, ont néanmoins prouvé qu’il ne fallait pas forcément être le plus attendu pour triompher au Ronde.