Tour des Flandres 2019 : Alejandro Valverde, vieux débutant flandrien
Mis à jour 06/04/2019 à 11:41 GMT+2
TOUR DES FLANDRES - "Inspiré" par Vincenzo Nibali, Alejandro Valverde (Movistar) passe de vétéran à novice sur le Ronde. Avec de vrais arguments pour s’illustrer, comme toujours.
Au moment de fêter ses 39 ans, jeudi 25 avril, Alejandro Valverde aura peut-être accroché une dixième classique ardennaise à son palmarès. Et si la Flèche wallonne ne lui a pas apporté ce succès la veille, il fera sans doute partie des favoris de Liège-Bastogne-Liège trois jours plus tard. Rien de neuf ici : le champion du monde est un prince des Ardennes qui s’est couronné pour la première fois il y a 13 ans…
Mais pour son 39e printemps, Valverde pourra aussi dire : "J’ai couru le Tour des Flandres. J’ai vu la chapelle de Grammont, grimpé le Vieux Quaremont et le Paterberg. Ressenti l’incroyable ferveur du Ronde." Enfin ! Depuis le temps qu’il suggère qu’il va s’y essayer, depuis le temps qu’on s’accorde à dire qu’il a tout pour s’y illustrer, Valverde met enfin ses roues sur le vrai sommet du printemps belge (même la vénérable Doyenne ne peut rivaliser). Et peut-être finira-t-il par se dire qu’il aurait dû y aller plus tôt.
Movistar a officialisé cette semaine une participation esquissée depuis l’automne dernier. En tournée de fin de saison, Valverde me disait à Saitama être "inspiré" par l’exemple de Vincenzo Nibali (24e de son premier Ronde en 2018, après être passé à l’attaque dans le final) et expliquait vouloir ajuster son calendrier pour être au rendez-vous d’Anvers, dimanche 7 avril au petit matin. "C’est une très belle course à laquelle j’ai voulu participer plusieurs fois mais pour différentes raisons ça ne s’est pas fait", constatait-il alors.
Un Espagnol sur les pavés, mais pas n’importe quel Espagnol
Cette fois, pas d’impair. La dernière répétition sur À travers la Flandre, mercredi, s’est bien passée : 31e, calé entre le Ch’ti Florian Sénéchal, biberonné aux pavés chez Quick-Step et Cofidis, et le Flamand Christophe Noppe, né à Audenarde où se jouera l’arrivée dimanche. Valverde, lui, a couru trois fois la semi-classique belge (2014, 2018, 2019). Ajoutez-y un Grand Prix E3 en 2014, et c’est tout pour son expérience des classiques pavées !
C’est très peu d’expérience. D’autant plus sur un Monument, sommet cycliste qu’il faut apprivoiser. Ici, les habitués connaissent chaque pavé, comme lui pourrait décrire chaque centimètre de goudron sur le mur de Huy. "C’est une course qu’il faut connaître, c’est sûr", expliquait-il encore au Japon. "Il y a des coureurs qui ont beaucoup d’expérience, qui sont très forts sur ce type de courses. Je veux faire de mon mieux, sans la pression de la victoire."
C’est très peu d’expérience. Mais cela a déjà suffi à marquer les esprits, particulièrement l’an dernier. La pluie et le froid avaient fait d’À travers la Flandre une vraie course de guerriers flandriens, Au sortir de la Volta a Catalunya (qu’il avait remportée), Valverde avait fini 11e et impressionné par la manière. "C’est un Espagnol sur les pavés, mais pas n’importe quel Espagnol, c’est l’un des meilleurs coureurs du siècle", saluait le vainqueur Yves Lampaert. "Il était dans le groupe de tête après le Taaienberg et on était allé à fond dans la montée."
Un "novice" qui "pue" le vélo
Le patron du Belge, l’historique Patrick Lefevere, allait plus loin : "Quand je l’ai vu attaquer, j’ai pensé : 'Mais qu’est-ce que c’est que ça ? C’est un mec maigre, seulement 61 kg, et il vient ici et fait ça'. Vous ne pouvez que dire chapeau." Ce jour-là, deux autres poids légers s’étaient aventurés dans les Flandres. "Bardet et Quintana ? Non, je n’ai vu que Valverde, toujours à l’avant", observait Zdenek Stybar. "J’ai beaucoup de respect pour lui, il peut tout faire."
C’est tout le paradoxe de Valverde ici : le Murcien, très attaché à son sud-est espagnol (son équipe a longtemps bataillé ne serait-ce que pour l’installer en Andorre, ce nouveau paradis des coureurs pros), est étranger à la culture de cette semaine sainte du cyclisme belge ; mais, il "pue" le cyclisme et son comportement de "novice" sur les routes flandriennes est déjà une leçon de vélo.
Alejandro Valverde avait-il (a-t-il toujours ?) le potentiel pour gagner le Tour des Flandres ? Dimanche pourrait apporter des réponses, au moment où il se fixe un horizon pour prendre sa retraite (2021). Une jolie performance pourrait nourrir des regrets, à l’image de sa 7e place sur Milan-Sanremo - seulement son premier top 10 sur la Primavera, une course qu'il n'a pas vraiment poursuivie de ses assiduités. Heureusement, Valverde pourra toujours se consoler avec les Ardennaises.
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