Sublime, Tadej Pogacar remporte son premier Tour des Flandres

La vengeance est un plat qui se déguste avec un an de retard. Battu la saison passée au sprint, Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) avait une revanche à prendre avec le Tour des Flandres et le Slovène n’a pas manqué son rendez-vous avec le Ronde en remportant en solitaire la 107e édition du Monument flandrien. Exceptionnel dans le Vieux Quaremont, Pogacar y a distancé Mathieu Van der Poel (Alpecin-Deceuninck) dans le troisième et dernier passage, à 18 km de l’arrivée, avant de résister jusqu’à Oudenaarde. Monstrueuse dans les courses de préparation, Jumbo-Visma est passée à côté, avec la 4e place de Wout Van Aert au terme d’une course pleine de rebondissements et de chutes.

Il avait pourtant prévenu tout le monde : "Le Vieux Quaremont me plaît davantage que le Paterberg qui est trop court pour moi". Il aurait mieux fait de dire que le Vieux Quaremont lui correspondait plus qu’à n’importe qui. Pogacar a transformé la mythique ascension du Tour des Flandres en arme de destruction massive, réduisant les espoirs de victoire de ses adversaires à néant. Un acte en deux temps, avec une première accélération foudroyante lors du deuxième passage, que seuls Van Aert et Laporte (Jumbo-Visma), Van der Poel (Alpecin-Deceuninck) et Pidcock (INEOS Grenadiers) ont pu suivre, avec un temps de retard. Mais il y avait "Pogi" et les autres ce dimanche.

Après une nouvelle offensive dans le Koppenberg pour s’isoler avec ses deux rivaux favoris, Pogacar a gardé le meilleur pour la fin, avec une troisième ultime accélération. Là encore dans le Vieux Quaremont. Là encore, personne n’a pu le suivre sur le moment. Mais cette fois, Van der Poel n’a jamais réussi à recoller. A l’arraché, le Néerlandais n’a jamais abandonné et a longtemps navigué à une quinzaine de secondes, même après le Paterberg, dernier mont du jour. Mais le Slovène était trop fort et même le vent de face dans le final n’a rien changé à sa domination. Le voilà à 24 ans avec le 4e Monument de sa carrière, le 3e Monument différent et son premier Tour des Flandres. Exceptionnel.

Tenant du titre, Van der Poel pourra se "féliciter" d’avoir fait exploser son rival des sous-bois, Wout Van Aert, à un moment où personne ne s’y attendait, dans le Kruisberg. Le Belge, à l’image de la Jumbo-Visma, a encore coincé lors de l’échéance la plus importante, une course qui continue de se refuser à lui. La formation néerlandaise n'aura certes pas franchement bénéficié de sa force collective supposée, annihilée par une stratégie douteuse (ils finissent 4e, 11e, 13e et 14e) mais, surtout, par la force individuelle de Pogacar, tout simplement au-dessus. Peut-être ses adversaires regretteront-ils, à tête reposée, de ne pas avoir roulé lorsque le Slovène s’est fait piéger par une chute, à 206 km de l’arrivée.

Mais tous les cadors auront connu cet épisode, dans un début de course complètement fou. Mal placé sur longues lignes droites balayées par le vent, Van der Poel a été victime d’un coup de bordures à 234 km de l’arrivée avant d’être pris dans une cassure au sommet du Kortekeer, après le coup de tactique aussi ingénieux que perfides des DSM, à 119 km de l’arrivée. Van Aert a lui été pris dans l’immense et spectaculaire chute qui a entraîné 60 coureurs au sol, la faute au malheureux Maciejuk (Bahrain-Victorious), mis hors-course pour son geste. Mais tout a fini par rentrer dans l’ordre, l’échappée a fini par partir, les outsiders ont essayé d’anticiper, à l’image d’un Pedersen impressionnant et récompensé par un podium (3e). Mais c’est bien le plus fort qui a gagné et, comme souvent cette année, le plus fort s’appelait Tadej Pogacar.