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Tokyo 2020 - L'escalade débute aux JO avec les frères Mawem, Julia Chanourdie et Anouck Jaubert en quête de médailles

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 03/08/2021 à 08:52 GMT+2

JEUX OLYMPIQUES - L'escalade débarque enfin aux Jeux. Troisième sport ajouté aux Olympiades 2020, décalées d'une année à 2021, avec le surf et le skate, l'escalade va proposer des formats de compétition attractifs. Consultant pour Eurosport pendant ces JO, Christopher Hardy, le speaker officiel de la Fédération française d'escalade, nous présente ce nouveau-venu et les chances des Français.

Mickael Mawem, l'un des représentants de l'équipe de France d'escalade aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020

Crédit: Getty Images

Les règles de l'escalade sportive aux Jeux Olympiques semblent un peu compliquées, pouvez-vous expliquer ?
Christopher Hardy : En réalité, ce ne sera pas dur à comprendre. Les Jeux Olympiques accueillent trois disciplines : la vitesse, le bloc et la difficulté. Pour la vitesse, ils auront deux runs à réaliser, c’est-à-dire deux voies de 15 mètres à réaliser et les athlètes seront classés de la vingtième à la première place en fonction de leurs chronos. Ils passeront une fois dans la voie de droite et une fois dans la voie de gauche et on gardera le meilleur de leurs deux temps.
Il y a un tapis de départ, un mur et un chronomètre à aller chercher avec un buzzer et ensuite, on les classe de 1 à 20. Le bloc sera peut-être la discipline un peu plus dure à comprendre. Ce sont des murs de 4 mètres de haut : ils auront trois murs à grimper et ils auront 4 minutes pour réaliser “un problème”.
Dans ces voies, ils auront autant d’essais qu’ils le désirent tant qu’ils n’ont pas réussi à réaliser la voie. Pour les départager, il y aura une prise en haut du bloc, la “prise de top”, dans le cas où ils parviennent à l’attraper, et s’ils n’y arrivent pas, il y a une seule prise intermédiaire, “la prise bonus”. Le but est de parvenir à faire les trois blocs en attrapant la dernière prise à chaque fois en un minimum d’essais.
La troisième discipline est la difficulté, la discipline reine de l’escalade : une voie de 15 mètres de hauteur sur laquelle les grimpeurs doivent essayer de monter le plus haut possible sachant que le but est d’attraper la dernière prise. Tout au long de cette voie, des mousquetons sont disposés, des dégaines qu’ils vont devoir sécuriser en entrant la corde à l’intérieur pour leur sécurité. Le but est de monter le plus haut possible.
A la fin, il suffit de faire des mathématiques : les résultats sont multipliés et par exemple, une personne qui termine 2e à la vitesse, 4e au bloc et 6e à la difficulté son résultat sera calculé par une multiplication 2x4x6, et on aura le nombre de points. Les grimpeurs qui auront le moins de points seront les mieux classés.
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Mawem : "On n'y va pas pour faire la bise à Teddy Riner !"

Dans l'épreuve masculine, le favori est presque certainement le Japonais Tomoa Narasaki. Pourquoi est-il si bon en escalade de compétition ?
C.H : Les Japonais sont, depuis 4 ans, à un niveau exceptionnel en escalade car il ont le pouvoir de grimper comme les hommes et comme les femmes, à savoir qu’ils maîtrisent tous les écarts, ils ont une souplesse incroyable, une ouverture de bassin exceptionnelles, ce qui fait d’eux des grimpeurs vraiment hors-normes dans la grimpe masculine.
Tomoa Narasaki risque d’être très dangereux car c’est un exceptionnel bloqueur, il a été numéro 1 mondial en 2016 et 2019 dans cette discipline. Il est aussi capable de faire des finales en difficulté. Et surtout, on sait de sources sûres, qu’en vitesse il est régulièrement en dessous des 6 secondes donc ça reste un des meilleurs non-spécialistes dans la discipline. Vu le niveau qu’il a dans les trois disciplines, il est évidemment l’un des favoris.
Quelles seront les chances des Français, Bassa et Mickael Mawem ?
C.H : Bassa Mawem est numéro 1 de la vitesse depuis quelques années. Il a plus de 15 victoires en Coupe du monde, il est très solide. Soyons honnête : il n’a travaillé que la vitesse, il n’a pas travaillé les deux autres disciplines parce qu’il a une masse musculaire très développée. Son seul objectif est de gagner la vitesse sur les qualifications et, s’il passe, la gagner sur la finale et empocher ainsi qu’un seul point. Ensuite, le sort en sera jeté pour les autres compétiteurs puisque la bataille se joue sur les autres disciplines, il pourra prétendre à une 4e place ou à une médaille de bronze.
Il ne pourra pas prétendre à mieux mais la médaille de bronze serait déjà pas mal. Pour Mickael, étant donné que son frère est numéro 1 mondial en vitesse, il bénéficie de l’expérience de son frère en vitesse. Il s’est énormément entraîné avec lui. il devient comme Tomoa Narasaki, l’un des meilleurs non-spécialistes. pour donner un exemple, le chrono de Bassa Mawem est de 5,6 secondes et Mickael tourne, en ce moment, à 5,9 secondes. donc s’il réussit une belle épreuve de vitesse alors que sa spécialité est plutôt le bloc et qu’il parvient à atteindre les 3 premières places en bloc, il pourrait devenir dangereux.
Adam Ondra, de la République tchèque, est un grimpeur très fort sur du vrai rocher. Pourrait-il se battre pour l'or à Tokyo ?
C.H : Adam Ondra est le meilleur grimpeur au monde sur rocher. Il a été champion du monde de difficulté et champion du monde de bloc : c’est le seul grimpeur au monde à avoir eu les deux titres mondiaux chez les hommes. Son seul point faible peut être la vitesse, mais il s’est quand même beaucoup entraîné pendant la période de confinement.
Pourtant c’était un grimpeur qui refusait complètement la vitesse, il ne voulait pas participer au départ, il a refusé les Championnats du monde à Paris Bercy en 2016 pour le combiné. Pour le titre olympique, c’était évident qu’il s’alignerait. Potentiellement, il peut être numéro 1 dans deux disciplines, il a même encore plus de chances que Tomoa Narasaki là dessus. Quand il grimpe, s’il est vraiment dans sa compétition, il peut gagner les deux épreuves.

A suivre chez les dames : la Slovène Garnbret et les Japonaises Noguchi et Nonaka

Chez les femmes, la Slovène Janja Garnbret a dominé la scène de la compétition, notamment en bloc. Qu'est-ce qui la rend si spéciale et pensez-vous qu'elle sera à nouveau à la hauteur à Tokyo ?
C.H : S’il y a bien une personne à qui on voudrait donner une médaille olympique et même la médaille d’or tout de suite c’est bien à Janja Garnbret. A 90% de chances, on peut déjà la lui mettre autour du cou. Elle est numéro 1 mondiale en difficulté en 2016, 2017, 2018 et numéro 2 en 2019. En bloc, elle est numéro 1 mondiale en 2019 et numéro 2017, 2018 et 2021. C’est la seule grimpeuse, hommes et femmes réunis, à avoir gagné toutes les Coupes du monde de bloc sur la même année.
On l’attendait depuis toute petite : on l’appelait “la grimpeuse qui tombe jamais” et, à l’âge de 16 ans, quand elle arrive sur les Coupes du monde, elle est déjà capable de rivaliser avec les meilleures. Sa première Coupe du monde, elle termine 2e et ensuite elle a tout gagné pendant plus de trois ans.
C’est une extra-terrestre de notre sport. Elle est championne du monde de combiné, championne du monde de difficulté, championne du monde de bloc, elle a les trois . C’est Janja Garnbret. Pour aller la chercher ça va être très compliqué. La question est de savoir combien de points elle va mettre aux autres.
Les grimpeuses japonaises Akiyo Noguchi et Miho Nonaka ont toutes deux de grandes chances de médailles. Noguchi est probablement la grimpeuse de compétition la plus décorée de tous les temps, et Nonaka est une excellente grimpeuse polyvalente qui se distingue en vitesse. Où voyez-vous ces deux-là finir ?
C.H : Miho Nonaka c’est aussi une bloqueuse, elle est un peu plus jeune, mais elle a plus la fougue, le gabarit à aller jouer en vitesse. Elle n’est d’ailleurs qu’à une seconde de moins que Akiyo Noguchi sur le mur de vitesse. A son âge, elle a déjà 21 podiums et trois victoires à son actif, elle était numéro 1 mondiale en bloc en 2018, donc elle reste une spécialiste du bloc, un peu moins de la difficulté mais si elle limite les dégâts sur la vitesse, pourquoi pas aller chercher une médaille mais elle a tout de même un peu moins de chance qu’Akiyo Noguchi.
Jaubert, c'est une machine de combat
Julia Chanourdie et Anouck Jaubert porteront les espoirs de la France dans cette épreuve. Peuvent-elles rivaliser avec les meilleures grimpeuses ?
C.H : Julia Chanourdie c’est la sensibilité à l’état pur. Depuis qu’elle est toute petite, son papa avait une salle de bloc. Déjà benjamine, elle était capable d’aller rivaliser avec les filles de l’équipe de France senior de bloc ! Ça fait d’elle une grimpeuse qui peut parvenir à tirer son épingle du jeu en bloc. En difficulté, c’est l’une des meilleures falaisistes au monde, elle compte parmi les trois meilleures filles sur le rocher. Elle a déjà fait des podiums en Coupe du monde, aux World Games entre autres.
Elle a un gabarit tellement explosif que je me dis pourquoi pas. Si d’entrée de jeu, elle fait un bon résultat en vitesse et qu’elle prend confiance en elle, elle pourra faire de belles choses. Après, ça se jouera beaucoup sur la confiance et sur le côté émotionnel. Anouck Jaubert a un peu le même profil que Bassa Mawem parce qu’elle était numéro 1 mondiale de la vitesse pendant plusieurs années, elle a 15 victoires en Coupe du monde. Elle reste l’une des filles les plus rapides avec un chrono de 7,45 secondes, elle a d’ailleurs été la fille la plus rapide du circuit mondial pendant quelque temps.
Anouck Jaubert, c’est une machine de combat. Comme pour Bassa, son objectif va être de gagner la vitesse absolument pour marquer ce multiplicateur d’un point. Elle a dû s’entraîner un peu plus que Bassa sur le bloc. Si elle gagne la vitesse en qualification puis en finale, elle peut prétendre à une médaille. Après dans sa catégorie, les deux autres spécialistes de vitesse sont dangereuses : la fille la plus rapide du monde, la Russe Iuliia Kaplina qui tourne en 6”96 et qui est très régulière, et la Polonaise Aleksandra Miroslaw qui est redoutable, qui tourne en 7”12 et qui répond toujours présente dans les grandes compétitions. Ca reste de la vitesse, tout est possible, il faut juste ne pas commettre d’erreur ce jour-là, il faut que ce soit une journée olympique.
Propos recueillis par Emmanuelle FAURE
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