Le coq doré s'est réveillé

La France s'est enrichie d'une médaille d'or au sabre masculin et d'une épée d'argent à l'épée féminine lors des épreuves par équipes des Championnats du monde, alors que les épéistes chinoises ont créé la surprise en montant sur la plus haute marche du podium, vendredi à Turin. Les sabreurs Nicolas Lopez, Julien Pillet, Boris Sanson et Vincent Anstett ont apporté à la France sa troisième couronne et treizième médaille mondiale après avoir battu l'Ukraine (45-41).

Les quatre champions se sont imposés sous le regard attentif et admiratif d'un ancien sabreur, Jean-François Lamour, double champion olympique (1984, 1988). Le ministre des Sports n'a jamais remporté le titre par équipes. "Pour nous ce n'était pas passé loin à Denver (1989), a raconté le ministre. C'est une fierté que le sabre messieurs soit au plus haut niveau et arrive à se maintenir." La France avait remporté son premier titre en 1997 sous la houlette de Christian Bauer qui, après s'être occupé de l'Italie pendant cinq ans, vient de rejoindre cet été la Chine, éliminée en huitièmes de finale.

Les sabreurs récidivaient en 1999 avec la présence dans l'équipe de Julien Pillet, alors sur le banc des remplaçants. A Turin, le Strasbourgeois a bien tenu sa place. "J'ai travaillé de façon plus posée et plus professionnelle cette année. Ça a fini par payer. L'objectif a toujours été l'or", a déclaré le Strasbourgeois, seul rescapé de l'équipe victorieuse aux JO-2004. Après une demi-finale très disputée contre les Hongrois (45-42) où les Français se sont fait peur, les Bleus ont affronté une équipe ukrainienne qu'ils avaient déjà battue lors des Mondiaux-2005 en match pour la troisième place (45-43) et plusieurs fois en coupe du monde cette saison.

"C'est une équipe qu'on connaît bien. On a fait un bon début de match et eux n'ont rien lâché", a expliqué Lopez. Avec une équipe en partie recomposée suite à la retraite post-olympique des frères Gaël et Damien Touya, le quatuor avait à coeur de démontrer qu'il pouvait assurer la relève. "L'année dernière c'était un prémice, aujourd'hui c'est une confirmation, a poursuivi Lopez. Il y avait une envie de ne pas gâcher un héritage en plus d'un orgueil bien placé. On avait envie de montrer qu'on pouvait aussi très bien faire."

Championnes en titre, les épéistes françaises se sont inclinées en finale (45-26) face à des Chinoises qui ont maîtrisé leur sujet tout au long de la journée pour décrocher leur première médaille d'or de la discipline. Très dissipées par les médaillées de bronze allemandes qui chahutaient les Françaises affectueusement, Laura Flessel, Hajnalka Kiraly-Picot, Maureen Nisima et Marysa Baradji-Duchêne sont montées sur le podium avec un sourire sincère en chantant "Think" d'Areta Franklin. "C'est une belle médaille collective qu'on est allées chercher, a confié Flessel. Les Chinoises ont été très fortes et nous, on a pas été bonnes. Les Chinoises ont un jeu robotisé et on a pas réussi à mettre le grain de sable qui enraye la machine."

"Je n'ai pas de regrets à avoir, j'ai tout donné , a souligné Nisima. Les Chinoises sont très fortes car elles nous endorment. On aime le jeu et elles aiment notre jeu. Elles ne font que du contre." Avec une équipe jeune, dans laquelle la plus âgée n'a pas plus de 25 ans, la Chine s'est offert le luxe d'une première médaille après avoir battu les vice-championnes olympiques allemandes puis les championnes olympiques françaises.

Dans la pure tradition chinoise, les jeunes filles - dont deux juniors étrennaient leur première sélection à Turin - sont arrivées sur le podium drapées de l'étendard national sous le regard du maître d'armes français Daniel Levavasseur, ancien entraîneur de Laura Flessel, qui se rend régulièrement en Chine pour distiller ses précieux conseils.