La France vaut de l'or

L'équipe de France a décroché deux nouvelles médailles d'or, au sabre féminin et au fleuret masculin, une première dans l'histoire de l'escrime française par équipes, qui n'avait jamais inscrit à son palmarès deux titre glanés dans la même journée, lors des Championnats du monde qui se sont achevés samedi à Turin. Après les sacres à l'épée et au sabre messieurs, le collectif français améliore son record du nombre de médailles d'or remportées dans un Championnat du monde, qui était jusque-là de trois (Séoul en 1999).

Entrées également dans l'histoire de l'escrime française, les sabreuses Anne-Lise Touya, Léonore Perrus, Solenne Mary et Cécile Argiolas ont coiffé la première couronne mondiale de la discipline après avoir battu les championnes en titre américaines (45-42). "Ça faisait longtemps qu'on courrait après ce titre. On était venues pour ça. On peut vraiment le savourer", a déclaré la double championne du monde en individuel Anne-Lise Touya. Lors des Mondiaux-2005, le sabre féminin était la seule équipe française qui n'avait pas réussi à atteindre le podium, ce qui valut des larmes à Touya, malgré son sacre en individuel.

Eliminée en quarts de finale en individuel dans la capitale piémontaise, la Tarbaise a laissé son titre à la jeune prodige Rebecca Ward (16 ans) qu'elle a retrouvée sur le dernier relais (40-37). "Je ne pensais qu'à ce que m'avait dit Maître Menon (Patrice Menon, directeur du haut niveau) avant de monter sur la piste: mettre 5 touches. Je suis heureuse. Je repars avec ce que je veux", a poursuivi Touya.

"On a eu un tableau difficile toute la journée. On a toutes été solidaires. Mais les Américaines ne me faisaient pas peur" , a expliqué Solenne Mary, qui étrennait sa première sélection en équipe de France senior. "Ce titre est tellement monstrueux que je ne réalise pas encore!" Au cours de cette journée, les sabreuses françaises ont éliminé une par une les nations qui constituaient le trio de tête des Mondiaux-2005 - la Hongrie (bronze) la Russie (argent) et les Etats-Unis (or) en plus de l'Italie, à domicile.

Pour passer ce tableau difficile et "chasser le chat noir", le quatuor a repris à son compte une formule qu'Anne-Lise Touya avait fait sienne après des petits tracas personnels lors des Championnats d'Europe où elles avaient décroché le bronze: "Aujourd'hui rien ne peut m'arriver!" "On a vraiment quatre filles solides cette fois, a commenté leur entraîneur Pierre Guichot. Il y a une osmose, les mêmes objectifs. Ce n'est pas un aboutissement mais la concrétisation d'un bon groupe qui a plaisir à être ensemble".

Les fleurettistes Erwann Le Pechoux, Nicolas Beaudan, Marcel Marcilloux et Loïc Attely ont conservé le titre mondial après avoir éliminé l'Allemagne, médaillée de bronze en 2005 (45-34) au terme d'un match conclu par Attely, qui faisait son retour après deux années passées en demi-teinte. "Je suis vraiment heureux. L'entraîneur m'a appris seulement une heure avant le match que je ferais le dernier relais. C'était un choix technique et ça s'est bien passé. Sur le podium, j'étais content de vivre ça avec mon groupe", a raconté Attely qui n'a pu retenir ses larmes au son de La Marseillaise.

Après avoir battu les Pays-Bas (45-27) et le Japon (45-38), les Bleus ont passé avec succès le match piège de la journée contre les Russes (45-33). "Les Russes n'ont peur de rien et bougent beaucoup, a expliqué l'entraîneur Stéphane Marcellin. On avait à coeur de réussir et les garçons ont étalé tout leur savoir et leur technique." En finale, l'Allemagne, certes émoussée par une demi-finale tendue nerveusement et physiquement contre l'Italie (38 à 37 à la mort subite), n'ont pas été en mesure d'inquiéter les Français, qui apporte à la France son dixième titre mondial.