JO Paris 2024 | Yannick Borel : "Quand le public te pousse à y aller alors que tu ne dois pas le faire..."
Mis à jour 29/07/2024 à 01:44 GMT+2
Yannick Borel s'est enfermé dans sa carapace. C'était le prix à payer pour décrocher la médaille d'argent, sa première en individuel aux Jeux Olympiques, dimanche. Dans le merveilleux Grand Palais, et au milieu d'un public qui n'a rapidement eu d'yeux que pour lui, le Guadeloupéen a fait le choix de garder ses distances, jusqu'à décrocher cette breloque qui lui a enfin permis de fendre l'armure.
Borel se console avec l'argent à l'épée dans une finale à sens unique : la dernière touche en video
Video credit: Eurosport
Un sacré contraste. Dimanche soir, après avoir décroché sa première médaille olympique en individuel, Yannick Borel a débarqué avec un large et beau sourire. Bien plus heureux de porter une breloque en argent que frustré d'avoir manqué celle en or, le Guadeloupéen s'est autorisé à sortir de la bulle dans laquelle il s'était complètement enfermé, tout au long de la journée.
Durant les oppositions, il n'a jamais souhaité s'asseoir une seule seconde lors des temps morts. En dehors, il a filé le pas vif, la mine déterminée, le cap clair. C'était sa manière, à lui, de ne pas laisser les émotions interférer. Même pour un golgoth de 196 centimètres comme lui, et malgré une expérience longue comme le bras d'un bretteur, l'ambiance déchaînée du merveilleux Grand Palais aurait pu s'avérer envahissante. "Le public était à 100% derrière moi, il m'a porté toute la journée, a-t-il analysé après coup. Je suis reconnaissant pour ça."
Borel a tout verrouillé
L'escrimeur de 35 ans avait su, très tôt, qu'il lui fallait garder de la distance. "J'ai vécu la cérémonie d'ouverture jusqu'au bout et j'ai vraiment senti une ferveur incroyable, a-t-il révélé. Je me suis dit que, quelque part, ça m'obligeait. J'ai mis les œillères. C'est vraiment une énergie de fou. Mais il faut savoir la gérer, ne pas se laisser envahir."
L'enjeu était là. Tout au long de son parcours, Borel avait pris la (bonne) décision de s'adapter à l'adversité quitte à, parfois, s'armer de patience et évoluer contre-nature. "Des fois, c'est difficile car le public te pousse vraiment à y aller, alors que tu sais que tu ne dois pas le faire, a souri le Guadeloupéen. J'ai réussi à faire ça deux ou trois fois, mais il fallait vraiment que je verrouille un peu tout."
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Yannick Borel lors de sa finale face à Koki Kano dans le prestigieux Grand Palais aux Jeux Olympiques de Paris 2024
Crédit: Getty Images
La feuille de route était la bonne, puisqu'elle lui a permis d'atteindre la finale après avoir, notamment, renversé Masaru Yamada dans un quart à couper le souffle, où la tribune a sans doute joué un rôle. Alors, tant pis s'il n'a pu profiter pleinement de cette drôle d'atmosphère, de ce cadre d'une beauté sans pareil et même de cette entrée royale, réservée aux candidats à une médaille, avec une descente de l'escalier des arts.
Je n'ai jamais vécu une telle ambiance
"Je n'étais pas du tout focalisé sur le protocole, a-t-il avoué en contemplant le balcon en hauteur, pour tenter de se souvenir de la scène qu'il avait vécue. J'étais vraiment concentré sur ce que j'avais à faire sur la piste. Je ne me souviens plus de la sensation que ça fait. Mais peut-être que, quand je reverrai les images, je me dirai que c'était beau !"
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"C'était indescriptible" : fier de son parcours, Borel bouche bée face à la ferveur du public
Video credit: Eurosport
D'ici vendredi et la compétition par équipes à l'épée, Borel va peut-être s'accorder un peu de temps pour voir et revivre "une expérience qu'on ne vit pas tous les jours". Pour l'instant, elle est encore "difficile à décrire" pour lui. "Je n'ai jamais vécu une telle ambiance", a-t-il assuré.
Mais il s'est tout même autorisé une petite communion avec la foule, avant d'embrasser sa famille. Et des quelques moments qu'il est parvenu à capter tout au long de sa journée, il a construit un message qu'il a souhaité faire passer à tous les membres de la délégation française : "Avec un public pareil, ils peuvent soulever des montagnes".
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