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Super Bowl : Nick Foles est ressorti du brouillard

Laurent Vergne

Publié 04/02/2018 à 10:58 GMT+1

SUPER BOWL - Après avoir perdu son quarterback vedette Carson Wentz au mois de décembre, Phildalephie craignait de voir sa saison et ses chances de titre ruinées pour de bon. C'était sans compter sur Nick Foles. Après deux semaines d'ajustement, il a joué comme dans un rêve depuis le début des playoffs. Sacré retour au premier plan pour un joueur qui a tout connu, du très haut au très bas.

Nick Foles

Crédit: Getty Images

11 décembre, Los Angeles. Philadelphie est en déplacement au Coliseum pour affronter les Rams, dans le choc du week-end dans la NFC. A deux minutes de la fin du troisième quart-temps, Carson Wentz quitte le terrain, direction les vestiaires. Le verdict médical n'a pas encore frappé, mais le quarterback des Eagles sait sans doute déjà à ce moment-là que sa saison est terminée. L'IRM le confirmera : rupture des ligaments croisés du genou.
Pour Wentz, c'est la fin d'une campagne de rêve, qui l'avait vu porter son équipe au sommet des classements et se glisser dans la discussion pour le titre de MVP. Pour beaucoup, ce ne sont pas seulement les rêves du jeune Wentz qui viennent de se fracasser, mais aussi ceux de Philly. Un peu moins de deux mois plus tard, les Eagles sont pourtant bel et bien au Super Bowl. Jusqu'au bout, ils ont tenu leur rang de numéro un dans la NFL, gagnant le droit de défier les Patriots à Minneapolis. Il y avait une vie après Carson Wentz. Ce deuxième souffle avait un nom : Nick Foles.
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Nick Foles en action lors du match Phildalphie-Atlanta

Crédit: Getty Images

3 novembre 2013 : un dimanche historique

Drôle de trajectoire que celle de l'ancien Wildcat d'Arizona. En cinq ans, il aura tout connu. Le statut de superstar, la descente aux enfers, la tentation d'un départ anticipé à la retraite et cette improbable résurrection. Pour le meilleur ou pour le pire, c'est avec lui que Philadelphie devra vaincre ou mourir dimanche. Mais l'histoire serait savoureuse si le tout premier trophée Vince Lombardi de la franchise pennsylvanienne devait être obtenu avec comme guide offensif un joueur que presque tout le monde avait oublié voilà encore huit semaines.
Cette longue histoire sinusoïdale avait connu un premier point culminant en 2013. Cette saison-là, Philadelphie oscille entre Michael Vick et Nick Foles au poste de quarterback. Le 3 novembre, face à Oakland, Foles met fin au débat. Une journée de rêve. Un dimanche historique : en moins de trois quart-temps, il délivre sept passes de touchdown, record sur un match égalé.
Il n'est alors que le septième quarterback à cumuler sept touchdowns à la passe en une rencontre, et seulement le deuxième, après Peyton Manning, depuis la fin des années 60. A 24 ans, Foles devient une star et l'indiscutable QB titulaire des Eagles. Il va finir la saison avec 27 TD, seulement deux interceptions et un rating de 119 pour emmener Philly en playoffs. Tout simplement une des meilleures saisons d'un quarterback au cours de ces vingt dernières années.
J'avais perdu l'amour pour ce sport et c'était dur
L'avenir s'annonce radieux mais la saison suivante va s'avérer nettement plus complexe. Foles y alterne le bon et le très mauvais avant de se fracturer la clavicule. Philadelphie lui fait comprendre qu'il n'incarne pas le futur de la franchise. Vont suivre deux années d'errements, à Saint-Louis puis Kansas City, où il ne joue quelques matches, sans vraiment briller d'ailleurs. Nick Foles l'a avoué en septembre dernier, il a alors envisagé de tout arrêter pour devenir pasteur. "J'avais perdu l'amour pour ce sport et c'était dur", a-t-il confié. En mars dernier, il retourne pourtant à Philadelphie avec un contrat de deux ans un rôle bien défini, celui de doublure de Carson Wentz. Mais depuis ce 11 décembre, les malheurs de Wentz l'ont ramené sur le devant de la scène.
Les fans des Eagles sont alors modérément confiants quant aux chances de leur équipe avec Foles à la baguette. Son match catastrophique contre Oakland (19 sur 38 à la passe pour 163 yards et un rating inférieur à 60) lors de l'avant dernière-journée de saison régulière jette un premier froid. Puis lors du match sans enjeu contre Dallas, où il ne joue qu'un quart-temps, il lance une interception et ne complète que quatre passes sur onze. Autant dire qu'à l'heure d'aborder les playoffs, c'était ambiance "Peur sur la ville", malgré l'avantage du terrain. "Je me sens très bien et je sais de quoi je suis capable. Les gars ont confiance en moi", assure pourtant Foles. Mais son discours, pour beaucoup, s'apparente plus à de la méthode Coué qu'autre chose.
Pourtant, lors des deux matches de playoffs contre Atlanta et Minnesota, Nick Foles a joué au plus-que-parfait. Face à la redoutable défense des Vikings, en finale de conférence, il a même été exceptionnel avec 352 yards, 26 sur 33 à la passe et trois touchdowns sans interception. Xavier Rhodes, le cornerback de Minnesota, n'en est pas revenu. "Honnêtement, on ne s'attendait pas à ça, a-t-il admis. Entre ce que nous avions vu à la vidéo et ce qui s'est produit sur le terrain, c'était le jour et la nuit. Il avait une lecture parfaite du jeu, il était précis, y compris sur les passes longues, et il savait en permanence ce qu'il faisait."
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Nick Foles après la victoire de Philadelphie en finale de conférence

Crédit: Getty Images

Plus Hostetler que Brady

Avec ce Foles-là, les Eagles, équipe complète par excellence, ont une vraie chance de déboulonner New England dimanche. Avec celui de la saison régulière, aucune. C'est évidemment le match le plus important de sa carrière. On a déjà vu des quarterbacks remplaçants mener leur équipe à la victoire au Super Bowl. Tom Brady en est un des meilleurs exemples. Mais la situation de Nick Foles est particulière, car il a pris les rênes de son attaque très tardivement dans la saison. Ce n'était pas le cas de Brady en 2001-2002, de Kurt Warner deux ans plus tôt ou encore de Jim Plunkett avec les Raiders en 1980. Tous s'étaient retrouvés propulsés titulaires dans le premier tiers de la saison au plus tard.
Le seul cas de figure comparable à celui de Foles est Jeff Hostetler. Le moustachu avait dû suppléer Phil Simms chez les Giants en 1990 à deux semaines de la fin de la saison régulière avant de guider New York au titre, face à Buffalo, au terme d'un Super Bowl mémorable. La situation de Foles est particulière car, quoi qu'il advienne dimanche, il sait qu'il ne sera pas le quarterback titulaire des Eagles la saison prochaine. Carson Wentz est leur homme. Leur présent et leur futur. Même un titre de MVP n'y changerait rien. "C'est toujours l'équipe de Carson", a d'ailleurs convenu le "supersub" cette semaine.
Mais à 29 ans, c'est à la fois sa place à la postérité et son avenir que joue Nick Foles face à New England. S'il aligne une nouvelle performance de choix, il trouvera une place dans une autre équipe. La roue tourne parfois très vite en NFL. Dans un sens comme dans l'autre. Personne ne peut en témoigner davantage que Nick Foles, dont la carrière s'apparente à des incessantes montagnes russes. A nouveau monté très haut ces trois dernières semaines, il espère ne pas entamer une nouvelle descente brutale dimanche.
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Tom Brady croisant Nick Foles lors du Media day

Crédit: Getty Images

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