Playoffs NFL - Tom Brady connaît la musique mais gare aux fausses notes

A une poignée de jours près, c'était il y a 21 ans. Tom Brady disputait son premier match de playoffs face à Oakland. Une rencontre mythique, disputée dans des conditions apocalyptiques et achevée sur une controverse, connue sous le double nom du "Tuck Rule Game" ou du "Snow Bowl". Plus de deux décennies ont passé, Brady a désormais 45 ans et il va aborder une nouvelle campagne de janvier. Lundi soir, contre Dallas, c'est son... 48e combat en playoffs que le légendaire quarterback s'apprête à livrer.

Avec lui, toutes les statistiques confinent au délire. Brady détient les records de victoires (7) et de participations (10) au Super Bowl, ainsi que du nombre de matches joués (47, donc) et gagnés en playoffs (35). Si Tampa Bay atteint la finale de conférence dans la NFC ces prochaines semaines, il totalisera autant de victoires en playoffs que n'importe quelle franchise dans l'histoire de la NFL. C'est son ancienne équipe, New England, qui possède ce record avec 37 victoires. A l'échelle du temps, Brady est une franchise à lui tout seul.

Mais tout n'est pas rose sous le soleil floridien. Certes, Tampa s'est à nouveau qualifié pour les playoffs, mais avec un bilan négatif en saison régulière, 8 victoires pour 9 défaites. Les Buccaneers ont bénéficié à plein de la faiblesse de leur division et c'est leur titre dans la NFC Sud qui leur a permis de composter leur billet. Mais cette équipe a-t-elle vraiment l'étoffe d'un candidat au titre ou même simplement l'étoffe d'une équipe de playoffs ? Certes, les Bucs ont souffert tout au long de la saison d'une infirmerie bien remplie et c'est encore le cas à l'heure d'aborder le moment de vérité, particulièrement sur la ligne offensive et le secondary.

Reste que l'attaque de Tom Brady elle-même a largement pataugé, même si lors de l'avant-dernière journée, à l'occasion du match décisif pour la qualification contre Carolina, il y a eu du mieux. La connexion entre Brady et son receveur numéro un Mike Evans a fonctionné à merveille. De quoi espérer, peut-être, que Tampa retrouve des couleurs au bon moment. Ce jour-là, Evans a cumulé trois touchdowns, lui qui n'en avait plus inscrit un seul depuis la semaine 4.

Autre raison d'y croire, au moins pour ce lundi, le nom de l'adversaire. Dallas a pourtant signé une saison nettement plus convaincante avec 12 victoires pour 5 défaites. Mais le titre de division octroyant automatiquement le bénéfice de jouer à domicile lors du tour de wild-card, les Cowboys sont contraints de se déplacer à Tampa. Or Dallas est d'une rare incompétence depuis plus de trente ans en playoffs lorsqu'il s'agit de jouer loin de son antre texane. Le dernier succès des Cowboys remonte à 1992. Seuls onze des 53 membres de l'effectif actuel étaient nés.

Ce n'est pas la seule mauvaise nouvelle pour Dallas, une des victimes préférées de Tom Brady. Ce dernier a affronté à sept reprises les Cowboys dans sa carrière, que ce soit avec les Patriots ou les Buccaneers. Résultat, sept victoires, la dernière en date remontant au match inaugural de cette saison. Malgré tout, c'est bien Dallas qui fait office de favori auprès des bookmakers. Logique, au vu de la saison des deux équipes.

Tom Brady, qui connait l'exigence des playoffs mieux que personne, s'attend lui à un match accroché, où tout se jouerait sur une ou deux actions. "Regardez, il y a deux saisons, nous avons gagné le Super Bowl et chaque match était accroché. L'année dernière, pareil. A l'arrivée, il faut sortir la bonne action au bon moment. Ils (les Los Angeles Rams, NDLR) avaient su le faire, pas nous. C'est ça, les playoffs." Selon lui, Dallas est "une très grosse équipe, bien coachée, avec une très grosse attaque, des playmakers des deux côtés du terrain... Nous les avons joués l'année dernière, et encore cette année, et nous avons bien conscience d'avoir affaire à un adversaire très compliqué."

Il va même jusqu'à admettre sur Dallas est probablement une meilleure équipe que Tampa Bay, pour mieux rappeler que... cela n'a aucune importance. "Ce n'est pas la meilleure équipe qui gagne, mais celle qui va jouer le mieux le jour J, explique-t-il. J'ai fait partie d'une équipe qui avait gagné tous ses matches jusqu'au Super Bowl mais le jour du Super Bowl, nous n'avons pas bien joué et nous avons perdu. J'ai aussi été de l'autre côté, dans le rôle de l'outsider, lors de ma première saison notamment. Pour mon premier Super Bowl, les Rams avaient la meilleure équipe mais nous avons soulevé le trophée Vince Lombardi. Être meilleur dans l'absolu, ça ne sert à rien."

"Je ne mise jamais contre Tom Brady", a clamé dans un sourire LeBron James samedi quand on lui a demandé ses pronostics pour ce premier week-end de playoffs. On le comprend, il est toujours délicat, voire risqué d'annoncer une énième fois la chute de la maison Brady. Même si cette saison n'a pas été la meilleure, ni pour lui ni pour son équipe, et c'est un euphémisme. "Tom est coriace, prévient l'entraîneur de Tampa, Todd Bowles. Il est là depuis longtemps. Il n'y a pas beaucoup de choses qu'il n'a pas vues ou traversées. Je ne pense pas que chaque jour de sa carrière ait été un grand jour. Il en a eu quelques difficiles aussi, mais il les a surmontés". Puis après tout, seul compte le jour J. Seul comptera lundi, donc.