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Arbitrage - Penalties - Comment en finir avec les problèmes de mains dans la surface ?

Martin Mosnier

Mis à jour 20/03/2023 à 19:32 GMT+1

En quelques jours, des polémiques à Londres, Manchester ou Nice ont ravivé un débat qui ne s'est jamais vraiment éteint : comment homogénéiser les décisions concernant les mains dans les surfaces de réparation ? Bertrand Layec nous explique pourquoi il est aujourd'hui impossible de viser l'uniformité des décisions, même avec le recours à l'assistance vidéo.

Henrichs, coupable d'une main dans sa surface lors du 8e de finale opposant Manchester City au RB Leipzig

Crédit: Getty Images

Stamford Bridge, Etihad Stadium, Allianz Riviera, Parc des Princes. En quelques jours seulement, quatre nouvelles polémiques nées de penalties sifflés ou oubliés pour des mains dans la surface de réparation ont, à des degrés divers, nourri la défiance vis-à-vis de la loi du jeu la plus durement critiquée. A Manchester, en 8e de finale retour de la Ligue des champions, une tête à bout portant de Rodri effleure le bras d'Henrichs, alors dos au jeu : penalty. A Paris, cinq jours plus tard, Christopher Wooh dégage du bras un corner du PSG mais n'est pas sanctionné.
Comment s'en sortir ? L'IFAB peut-elle trouver un moyen d'homogénéiser les sanctions et rendre la partie plus facile aux arbitres pour que les mains dans la surface ne soient plus systématiquement sujettes à des interprétations diverses et variées ? Bertrand Layec, ancien arbitre international, est très clair : "Si on veut l'uniformité c'est très simple : soit on siffle toutes les mains soit on n'en siffle aucune."

Au cœur du débat : l'agrandissement de la surface du corps

Deux solutions qui restent, l'une comme l'autre, inapplicables pour des raisons évidentes. "Il existe une troisième option, nous confie-t-il. Sanctionner toutes les mains qui vont au ballon et ça reste factuel. C'est la base de la loi du jeu avant 2020 : l'intentionnalité." Mais cela ne suffit pas pour des raisons, là-encore, incontestables : les footballeurs pourraient se comporter comme des handballeurs et dresser des murs avec leurs bras dans les surfaces de réparation.
"Voilà pourquoi le législateur a depuis trois ans rajouté des critères sur l'agrandissement de la surface de contact", poursuit Bertrand Layec. Que dit la loi 12 du jeu qui pose les règles en la matière ? "Il est considéré qu’un joueur a artificiellement augmenté la surface couverte par son corps lorsque la position de son bras ou de sa main n’est pas une conséquence du mouvement de son corps dans cette situation spécifique ou n’est pas justifiable par un tel mouvement." On touche ici au nœud du problème : ce point précis est soumis à l'interprétation de l'arbitre. Qui dit interprétation dit possibilité d'émettre des jugements différents pour une seule et même situation.
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Slavko Vincic, arbitre de Manchester City - Leipzig

Crédit: Getty Images

Le foot n'a pas de solution
"Les termes de la Loi 12 ne sont pas de nature à faciliter l'homogénéité des décisions car ils laissent place à l'interprétation, constate ainsi Philippe Malige, ancien arbitre de L1. Je crains qu'il n'y ait pas de solution miracle... Il faut peut-être simplifier les critères d'appréciation en revenant à l'ancienne formulation qui stipulait simplement : 'manier volontairement le ballon'."
"L'intentionnalité permet de résoudre 99% des cas mais pas tous, lui répond Bertrand Layec. Dans le foot, il y a une part d'interprétation. Où commence et où finit l'agrandissement de la surface de contact : 20 degrés, 50 degrés ? C'est le cœur du débat. Il y a une zone grise. Je n'ai pas de solution, le foot n'en a pas. Tout le monde doit comprendre qu'il y a une frange interprétable de fautes par l'arbitre et par le VAR. Ce n'est pas parce qu'on est derrière un écran qu'il n'y a plus d'interprétation."
Il faudrait donc se résoudre à avoir des décisions différentes pour une même situation. Accepter qu'on respecte scrupuleusement le règlement à Manchester le mardi et que celui-ci soit interprété dans le sens du jeu le dimanche à Paris. "L'arbitrage s'est amélioré sur le plan humain. Physiquement, les arbitres sont mieux préparés, poursuit Bertrand Layec. Et le VAR a réduit les erreurs manifestes : la main d'Henry (ndlr : lors du barrage à la Coupe du monde 2010) et de Maradona (ndlr : lors de la Coupe du monde 1986) seront forcément sanctionnées. L'arbitrage a gagné sur ces erreurs comme sur les mains collées au corps qu'on ne siffle plus. Pour le reste, on doit accepter l'interprétation pour les situations qui l'exigent."
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Thierry Henry et sa main contre l'Irlande

Crédit: Eurosport

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