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Ballon d’Or 2023 : La Coupe du monde doit-elle peser plus lourd que la Ligue des champions ?

Amaury Erdogan-Gutierrez

Mis à jour 30/10/2023 à 18:02 GMT+1

La cérémonie et le résultat du Ballon d’Or 2023, c’est pour ce lundi. Tout porte à croire que cela se jouera entre Lionel Messi et Erling Haaland. Derrière cette opposition se dresse la comparaison entre les deux trophées les plus prestigieux de la planète foot. Au fond, la question est aussi de savoir laquelle pèse le plus lourd dans les débats entre la Coupe du monde et la Ligue des champions.

Un grand favori, deux outsiders : notre Top 5 du Ballon d'Or 2023

C’est reparti pour un tour. Comme chaque année, le marronnier du Ballon d’Or et de ses incessants débats sur le potentiel vainqueur occupent l’esprit d'une bonne partie des suiveurs du ballon rond à l'approche de la cérémonie. Un forum virtuel nourri par des camps cimentés dans l’idolâtrie des joueurs. Cette année, deux favoris se détachent. L’un, Erling Haaland, a construit son bilan sur toute la longueur, enchaînant les performances comme les pions tous les weekends, ou presque. L’autre, Lionel Messi, a irrigué la Coupe du monde de son génie, et comblé un pays, l’Argentine, en quête d’un messie et d'une étoile depuis le récital de Diego Maradona en 1986.
En filigrane, cette opposition dresse l’une contre l’autre la Coupe du monde et la Ligue des champions. Dans l’histoire récente, la seconde a souvent pris le pas sur la première, malgré le caractère exceptionnel d’un Mondial (disputé tous les quatre ans). En 2023, le vent a peut-être tourné.

Le paradoxe Messi

Combien d’éditions ont été émaillés par le sempiternel débat du mérite ? Celle-ci ne fait pas exception, et les critiques foisonnent déjà autour d'un homme, Lionel Messi. Considéré par certains observateurs comme le favori logique à l’aune d'une campagne couronnée de succès lors du Mondial qatari, la Pulga traîne pourtant derrière le boulet d'une édition 2010 encore aujourd'hui vivement contestée. Un sacre largement débattu, vu comme un scandale par les défenseurs du titre suprême remporté par l'Espagne, relégué au second plan au profit d’une individualisation extrême des performances.
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Qui est intéressé par le Ballon d'Or 2023 ?

En 2010, Messi réalise une année exceptionnelle sur le plan individuel (58 buts en 60 matches) avec pour acmé un quadruplé irréel contre Arsenal en Ligue des champions. S’il a brillé sur la scène nationale (champion d’Espagne, vainqueur de la Supercoupe d’Espagne), le génie argentin a traversé la Coupe du monde en Afrique du Sud comme un fantôme. Balayé par l’Allemagne en quarts de finale (4-0), le capitaine de l’Albiceleste semblait avoir perdu toutes chances de remporter la timbale. Puis vint l’annonce, et le choc.
Pour cette saison 2022/2023, les rôles sont inversés. Irradiant sur les trois premiers mois de la saison avec le PSG, Messi débarque au Qatar avec une préparation ciselée au millimètre et une envie décuplée pour sa dernière Coupe du monde. Le 18 décembre 2022, il rentre définitivement dans le panthéon du football en offrant une troisième étoile à l’Argentine. Enfin champion du monde et élu meilleur joueur de la plus belle scène de ce sport, un 8e Ballon d’Or ne devait faire l'affaire d'aucune contestation.

2010, 2014, 2018 : des vainqueurs "trop collectifs"

Sauf que, le refrain incessant des éternels insatisfaits invoque à présent l’argument de la régularité pour ternir le bilan de l’Argentin, décisif en Ligue 1 et auteur d’une phase de poules de Ligue des champions satisfaisante (4 buts, 4 passes). En face se dresse l’imposant Erling Haaland, finisseur d’un Manchester City intraitable et invincible (auteur du triplé FA Cup, Premier League, Ligue des champions) avec, en prime, un record de 36 buts inscrits sur une seule saison en championnat (depuis 1992).
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Erling Haaland avec le trophée de la Premier League remporté avec Manchester City en 2023.

Crédit: Getty Images

Reste cette tâche noire au milieu de la toile : le Norvégien n’existe pas à l’échelle des sélections (la Norvège n’était pas présente au Mondial) et ses performances moyennes lors des demi-finales et finale de C1 plombent un bilan certes colossal. Rappelons également que les critères d'attribution des votes ont évolué, avec dorénavant une hiérarchie claire. D'abord viennent les performances individuelles et le caractère décisif du joueur, puis les performances collectives et le palmarès, enfin la classe et le fair-play. Alors, que répondent celles et ceux qui ont fait des pieds et des mains pour que le Ballon d’Or de 2010 revienne à Xavi, voire Iniesta ? On observe surtout que la cohérence s’érode au gré des préférences et des sensibilités de chacun.
Il convient d'ailleurs de rappeler que les nations vainqueures des éditions 2010, 2014 et 2018 sont toutes marquées du sceau du collectif, en l’absence d’une figure majeure. Tout le contraire de l’Argentine en 2022, portée par les arabesques de son lutin flanqué du numéro 10. C’est pour cela qu’un Cristiano Ronaldo, anonyme lors du Mondial brésilien (il sort des poules en 2014), a quand même reçu l’écrin doré, couronnant une campagne européenne époustouflante (vainqueur de la Ligue des champions et recordman de buts sur une seule édition avec 17 unités).
Même constat en 2018 où la maestria d'Antoine Griezmann s’est (trop) fondue dans le collectif bleu, alors qu’un Modric a émergé naturellement au milieu des Croates, valeureux finalistes, et a pu compter sur le coup de tampon "C1" pour rafler la mise.

Mbappé, l’autre gagnant ?

Coupe du monde ou Ligue des champions, c’est bien là que se joue cette édition. Et Messi n’est pas le seul concerné par l'argument de la figure providentielle. Phare offensif des Bleus, Kylian Mbappé a réalisé lui aussi une Coupe du monde de tout premier plan, sertie d’un triplé légendaire en finale. Nul doute qu’en cas de victoire française, le Bondynois serait actuellement le grand favori à la succession de Karim Benzema. Emiliano Martinez et les penalties sont passés par là, et le Français se dirige plutôt vers un strapontin sur la troisième marche du podium, même si rien n’est exclu.
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Mbappé-Haaland : qui aura le plus de Ballons d'Or ?

Dans le sillage de ces deux figures de la finale de Lusail, 2023 signe le retour de la prédominance de la Coupe du monde sur la Ligue des champions. Un souhait émis par de nombreuses voix depuis cette fameuse édition 2010. Des échos qui ont potentiellement torpillé le choix de récompenser Fabio Cannavaro en 2006, voire celui d’élire Ronaldo en 2002. Un sacre de Messi, ou de Mbappé, se traduirait donc par un lustre retrouvé pour la compétition la plus prestigieuse. Haaland ne ferait pas un vainqueur en bois, loin de là. Mais, en dépit des chiffres, le Ballon d'Or a souvent manifesté son penchant pour les solistes faiseurs de miracles, qu'il fige dans un récit au teint homérique. Finalement, la Coupe du monde ne s'apparente-t-elle pas à une odyssée ?
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