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OM : Vincent Labrune compare l'OM à Dortmund, l'analyse de Polo

Eurosport
ParEurosport

Publié 03/08/2013 à 16:32 GMT+2

Alors que le football français est à la croisée des chemins et cherche, surtout, à se raccrocher aux branches de l’arbre, l’OM est à son tour entré dans la danse du battage médiatique pro-allemand. "L'exemple, c'est Dortmund", a affirmé Vincent Labrune, jeudi. Notre blogueur Polo s'amuse du buzz mais se dit prêt à le prendre au mot. Sans trop y croire.

Aubameyang Sokratis Klopp Mkhitaryan Dortmund 2013

Crédit: Panoramic

C’est la grande tendance du moment. Les uns après les autres, les responsables du football français se convertissent au réalisme allemand. Le "modèle germanique" est sur toutes les lèvres. Jean-Michel Aulas avait déjà affirmé plusieurs fois s’être inspiré du Bayern Munich. Le président du conseil de surveillance de l’ASSE, Bernard Caïazzo, nous parle d’Allemagne, à chacune de ses sorties médiatiques (et l’estime véritablement au passage), tandis que Jean-Pierre Louvel, l’actuel président de l’UCPF, vantait les avantages du football d’outre-Rhin lors d’une intervention radiophonique.
Dernier en date, le président-délégué de l’Olympique de Marseille, Vincent Labrune, lequel souhaite prendre les Borussen comme référence ultime, affirme dans L’Equipe de ce jeudi : "L’exemple à suivre, c’est Dortmund". Alléluia mes frères ! Le football hexagonal est sauvé, le club phocéen aussi. Le "merde in France" de Jacques Dutronc est définitivement à ranger au rayon des souvenirs. Mais tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse.
Lorsque j’étais encore à l’école, la mode était à l’économie nippone. On me serinait à longueur de temps avec la logistique du Kanban, tandis que mes oreilles se fanaient lorsque Jacques Calvet, l’ancien PDG de Peugeot-Citroën, s’égosillait sur les ondes à propos de l’invasion prochaine des produits en provenance du pays du Soleil levant. Force est de constater que le modèle japonais a eu aussi ses limites. Autre exemple, voici des années que l’on nous chante les avantages du modèle nordique. Sans vraiment l’expliquer bien entendu. Pourtant, la seule constante est la suivante : si la France du football cherche une nouvelle voie de développement, c’est que son championnat ne va pas bien. La remise n cause nécessite une refonte bien plus profonde qu’un discours "copié-collé" bien tendance.
"Dans Labrune électrique"
Au passage, remercions le Bayern et le BVB d’être arrivés en finale de la Ligue des champions en 2013. Ben oui, c’est bien connu, le modèle de la Bundesliga, lequel vient de fêter son cinquantenaire, n’existe, aux yeux des décideurs français, qu’à partir de 2013. Si le Shakhtar et Kiev remportent les deux coupes européennes en 2014, il sera intéressant d’observer les ajustements médiatiques des porte-voix de la République du ballon rond. La Bundesliga a remporté le classement UEFA en 2013, calculant la densité de son football européen, certes. Mais ce fut aussi le cas en 2010. Et ses comptes sont structurellement bénéficiaires depuis des années.
J’adore entendre ou bien lire que les cures d’amaigrissement sont bénéfiques. Objection votre honneur, elles sont obligatoires et, en général, elles font mal. Je sais bien que la mode actuelle est au nihilisme des significations mais la vérité est ailleurs : la situation financière des Borussen n’a strictement rien à voir avec celle de l’OM. Lorsque le grand manitou, Hans-Joachim Watzke, est arrivé à Dortmund, le chiffre d’affaires du club était de 87 millions d’euros. Aujourd’hui, il dépasse les 250 millions d’euros. Marseille oscille structurellement entre 100 et 150 millions d’euros. Et ce depuis des années. Le football hexagonal cherche à sauver les apparences alors qu’il est en récession. Son homologue germain est en croissance. Une légère nuance… Affirmer que l’exemple à suivre est Dortmund parce que Monaco et le PSG sont plus puissants (à l’image du FC Bayern) est d’une facilité déconcertante, une véritable tarte à la crème.
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Dortmunds Geschäftsführer Hans-Joachim Watzke

Crédit: SID

Quel filtre pour dissiper Labrune ?
Mais là où l’OM peut se mettre la rate au court-bouillon, c’est que, comme le rappelle France Football ce mardi, sa nouvelle marge de manœuvre est essentiellement liée au bon vouloir de son actionnaire, Margarita Louis-Dreyfus, des abandons de créances et des facilités de trésorerie de cette dernière. Un ballon d’oxygène "one-shot" dont n’a pas besoin le Borussia Dortmund, lequel crée sa propre valeur ajoutée, donc sa propre richesse.
Faut-il mentionner aussi que le centre de formation du BVB a sorti quelques petites pépites dernièrement : Götze bien entendu mais aussi Schmelzer, Sahin ou Grosskreutz. Tous internationaux. Alors qu’Hofmann, 21 ans, a déjà intégré l’équipe professionnelle, Marian Sarr et Günter Koray, deux jeunes de 18 ans, sont annoncés par Jürgen Klopp comme "les deux plus grands talents défensifs d’Allemagne". A Marseille, André Ayew, la plus belle réussite actuelle du centre de formation, serait-il un titulaire indiscutable au Borussia Dortmund ?
Mais bon, il semble que les responsables du recrutement français pensent encore que le label cocorico est supérieur à celui de son homologue germain puisque celui de Rennes, Jean-Luc Buisine, estime qu’il ne s’explique pas "que les clubs allemands, sans problème de gestion, ne soient pas très présents sur notre marché". Cette erreur d’appréciation, mais aussi d’analyse, de mon point de vue, est d’autant plus grave que le marché estival de l’OM est domestique avec Imbula, Mendy et Payet et plus de 20 millions d’euros de dépensés. Comment obtenir le degré de performance des Borussen si nous produisons des joueurs de moindre qualité ? Et faut-il aussi ne recruter que Français lorsque Dortmund a découvert Kagawa, Lewandowski ou encore Kuba ? Trois joueurs qui ont coûté en tout et pour tout 8 millions d’euros, soit deux de moins que le seul Payet.
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2012-2013 Borussia Dortmund-Real Madrid Götze

Crédit: Panoramic

Perdu dans Labrune
Et le jeu dans tout cela ? Peut-on comparer celui produit par le double champion d’Allemagne 2011/2012 et celui de l’équipe entrainée par Elie Baup ? N’oublions pas la réussite maximum du club phocéen l’année dernière, les douze 1-0 de l’exercice, les six victoires consécutives en début de championnat. C’est tout à son honneur mais ça ne peut pas être pérenne. Le parcours en deuxième partie de saison en L1 n’est pas celui d’un participant à la lucrative Ligue des champions, sans oublier l’écroulement de Lyon, club devant Marseille au goal-average à la trêve hivernale.
Quant à la production sur le terrain, le statut de l’OM exige mieux. Le Borussia Dortmund a fait de son jeu dynamique une marque de fabrique. Marseille en est encore à compter les millions d’euros de la qualification en Ligue des champions. Un vrai miracle. Le BVB fait peur, sûrement pas l’OM. Le football moderne exige la beauté, le dynamisme. Marseille est à cent lieues de son référent. On peut toujours se raccrocher à la double confrontation de 2011-2012, cela permet de se dire qu’on existe. Quant au charisme des deux coaches… Je préfère ne pas effleurer le sujet.
Le modèle est donc Dortmund. Il est décrété par le président-délégué de l’Olympique de Marseille, Vincent Labrune, tout heureux de sa trouvaille. Ce qui permet de faire le buzz médiatique. De la parole aux actes, il y a un gouffre et un travail titanesque à accomplir. Je le note. Des calanques marseillaises aux calendes grecques…
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