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Bundesliga : Après Robben et Ribéry, le Bayern navigue à vue

David Lortholary

Mis à jour 16/08/2019 à 15:32 GMT+2

Le départ des deux illustres compères trentenaires laisse un vide flagrant au Bayern. Si leur succession a été engagée depuis longtemps sur le plan sportif (Coman et Gnabry), ni leur charisme ni leur personnalité ne se remplacent sur commande. Au point, pour l'entraîneur, d'engager une mutation dans le système de jeu de l'équipe. Un petit saut dans l'inconnu avant la reprise de la Bundesliga.

Franck Ribéry, Arjen Robben

Crédit: Getty Images

La scène est révélatrice et se déroule mercredi dernier, à l'occasion de la présentation, à Munich, de la recrue croate Ivan Perisic. Le finaliste du dernier Mondial, qui jouera avec le n°14 jadis porté en Bavière par une légende de la Bundesliga, Claudio Pizarro, se prête au jeu de la photo avec son nouveau maillot en compagnie de son compatriote et entraîneur Niko Kovac. Ce dernier, comme souvent de très bonne humeur, lance une devinette au parterre de journalistes présents au media center du Bayern : "Qui a rendu le n°14 mondialement connu ?" La réponse, évidemment, fuse sans délai : Cruijff. Le chef de presse du club rebondit alors dans un contre-pied qui clot fatalement la séquence : "Et Juan Bernat, chez nous".
Les transferts ? Je ne peux toujours rien vous dire !
Poliment, Niko Kovac lâche un "bien !" sonore. La réplique laisse échapper, dans la salle, quelques rires nerveux et étouffés. Pour beaucoup, l'optimisme et la confiance affichés par le Bayern dans l'après "Robbéry" confine à la suffisance, voire à l'inconscience, sinon à la capitulation, tant les recrues offensives se font attendre. Il faut dire que, tant que le dossier Leroy Sané n'était pas décanté – l'investissement se chiffre tout compris à 200 M€ –, les dirigeants bavarois manquaient de visibilité pour tout achat connexe.
Le 8 août, tenant conférence de presse devant une douzaine de journalistes dans une salle du luxueux Seehotel de Rottach-Egern où le Bayern était en stage de préparation, Thomas Müller a provoqué l'hilarité. Petit topo convenu sur l'endroit idyllique et la proximité avec les supporters dans ce cocon effectivement époustouflant de Haute-Bavière puis, après quelques secondes de silence, le champion du monde 2014 lâche, sans qu'on lui ait demandé quoi que ce soit : "Les transferts ? Je ne peux toujours rien vous dire !" Comment, en 2019, lutter pour la victoire en Ligue des champions appelée de leurs vœux par les Rummenigge, Neuer et autre Lewandowski sans sortir les millions du compte en banque ?
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Bayern - Kovac demande du respect sur le marché des transferts

D'abord, en s'en tenant à un effectif réduit. À l'heure d'écrire ces lignes, et malgré la recrue Perisic, le groupe professionnel du Bayern se limite à une quinzaine de joueurs de champ. C'est extrêmement peu, même si, de l'avis partagé par les spécialistes du club, le onze-type actuel est le meilleur du pays. De Neuer à Lewandowski en passant par Alaba, Kimmich, Süle, Thiago, Tolisso, Müller, Coman et Gnabry, auxquels s'ajoutent Renato Sanches, Boateng, Goretzka et les recrues françaises Hernandez et Pavard, personne ne rivalise dans l'élite du football allemand. Mais au-delà ?
Nous voulons encore nous renforcer
Niko Kovac, conscient de la problématique, réclame du renfort aussi clairement que poliment. Il sait qu'en cas de pépins physiques, la compétitivité de son groupe baisse sensiblement. "La saison dernière, nous avons subi de très graves blessures – Coco (Tolisso), King (Coman) –, qui nous ont coûté beaucoup de potentiel", a-t-il souligné cette semaine. "Tous les responsables du club l'ont dit : nous voulons encore nous renforcer." Il rappelle aussi qu'en empilant les stars, on crée de la frustration. "C'est comme en cuisine, selon les ingrédients que vous mettez dans votre recette : parfois c'est bon, parfois moins", s'amuse-t-il. Et fait donc contre mauvaise fortune bon cœur, laissant à ses cadres le soin de pleurnicher plus ostensiblement devant les micros. Lewandowski, en particulier, a récemment ressorti son refrain pour demander des recrues. Ce qui n'a cependant pas empêché l'avant-centre polonais de se montrer fort bien disposé et très professionnel à l'occasion du stage d'entraînement sur les rives du Tegernsee, du 5 au 10 août dernier.

Un an et 5 M€ avec option d'achat pour le prêt de Perisic

Ensuite, en limitant les frais, conformément à la tradition de la Bundesliga. Le report du transfert de Leroy Sané, qui n'est cependant pas abandonné, est révélateur, indépendamment de la blessure au genou de l'ailier international. Les 80 M€ dépensés par le Bayern pour la venue du champion du monde Lucas Hernandez, qui a disputé lundi 12 août ses premières minutes en match officiel en Allemagne à l'occasion de la victoire de son club en Coupe à Cottbus (3-1), demeurent une exception. Dépenser 40 M€ (Javi Martinez, Tolisso) pour un joueur est extrêmement rare outre-Rhin. La venue de James Rodriguez en provenance du Real Madrid (un prêt d'environ 12 M€), comme celle ces jours-ci d'Ivan Perisic, également en prêt (5 M€ pour un an avec option d'achat), illustrent la prudence financière des gestionnaires.
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Lewandowski : "Nous avons besoin de grandes recrues au Bayern"

Celle-ci se double d'une dimension humaine palpable entre le club, ses joueurs et ses supporters qui permet au premier nommé de retenir des Boateng et autre Renato Sanches, pourtant embrumés d'envies d'ailleurs. "Le FC Bayern, c'est une famille. Nous avons 280000 membres, c'est la plus grande famille du monde", assène Detleft Sunkel, supporter emblématique basé à Coburg, dans l'extrême nord de la région. Mais il sait aussi combien son idole Franck Ribéry, symbole justement des rapports familiaux chers au club à travers la relation filiale qu'il a entretenue avec le président Uli Hoeness, va manquer. "Je donnerais volontiers dix ans de ma vie, je veux dire que moi j'aie dix ans de plus et lui dix ans de moins, modifier le temps, me faire plus vieux, parce que tout simplement il a fait du bien au FC Bayern et à notre communauté de supporters", s'enflamme-t-il dans une longue interview à RMC Sport.

Un 4-3-3 nouvelle formule

En 2007, il ne sait pas encore à quel point mais le Bayern réussit un coup exceptionnel en enrôlant Franck Ribéry. "Franck, en fait, a joué à un niveau bien au-delà de nos espérances", nous a confié Uli Hoeness cet été. "Nous savions bien que nous avions fait venir un bon joueur à Munich, mais on ne pensait pas, au départ, qu'il jouerait aussi bien et qu'il provoquerait un tel enthousiasme auprès du public." Et l'emblématique président de poursuivre : "Il y a une vieille formule : il est venu, il a vu, il a vaincu. Il s'est immédiatement fait une place dans le cœur des spectateurs munichois avec sa manière de jouer insolente et offensive. Spectaculaire. Ses dribbles, ses actions dans la surface ou sur l'aile... dès la première minute, cela a enchanté les spectateurs." Le seau d'eau glacé sur la tête d'Oliver Kahn aussi, rétrospectivement.
Pour compenser son départ, ainsi que celui, indissociable, d'Arjen Robben, Niko Kovac a modifié son système et proposé, ces dernières semaines au cours de la préparation et des premiers matches officiels, un 4-3-3 à la base duquel il entend installer comme patron Thiago Alcantara ("un joueur très, très important"), avec Müller et Tolisso ou Goretzka en n°8 sur sa gauche et sur sa droite. La version "défensive" de ce schéma intègre Javi Martinez mais ce n'est pas celle que privilégie le technicien croate. À la question de savoir quel profil il attendait pour les renforts à venir, il a répondu, mercredi, dans un grand sourire, "en défense, nous n'avons clairement plus besoin de rien !"
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Franck Ribéry et Arjen Robben

Crédit: Getty Images

À Dortmund, chez le grand rival de la Ruhr, on a frappé vite et fort dans le domaine offensif, en confirmant Paco Alcacer et surtout en enrôlant très tôt des pointures du championnat en la personne des milieux offensifs Julian Brandt et Thorgan Hazard. Les observateurs y voient objectivement une concurrence accrue et l'embouteillage en matière de recrues offensives qui, par contraste, a occupé l'été bavarois, est apparu de manière d'autant plus éclatante. Lors du stage de préparation sur le Tegernsee, les deux sujets de plaisanterie entre journalistes étaient d'une part le manque d'envergure, et donc de résultats, du directeur sportif Hasan Salihamidzic ("Sali who ?") auprès des grands décideurs de la planète football, et d'autre part l'arrivée d'Hansi Flick, nouvel entraîneur adjoint et ancien bras droit de Joachim Löw au sein de la Nationalmannschaft, considéré comme "recours tout trouvé" dès que Niko Kovac sera limogé...
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