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Hoffenheim : Insulté d'un côté, défendu de l'autre : pourquoi Hopp fait autant parler de lui

Arthur Merle

Mis à jour 02/03/2020 à 19:06 GMT+1

BUNDESLIGA - Samedi, la rencontre entre Hoffenheim et le Bayern Munich (0-6) a été marquée par deux interruptions et une fin de match surréaliste après le déploiement par les supporters bavarois de banderoles insultantes vis-à-vis de Dietmar Hopp, propriétaire du TSG. Le Bayern a réagi avec une grande fermeté, donnant une autre ampleur à l'épisode. Explications.

Dietmar Hopp

Crédit: Getty Images

Samedi, Liverpool a lourdement chuté à Watford (3-0), pour la première fois de la saison en Premier League. Un sacré séisme. Mais ce n'est pas forcément ce qu'on retiendra de ce week-end européen. Car des images au moins aussi marquantes ont été captées du côté du Bade-Wurtemberg, où Hoffenheim recevait le Bayern Munich pour le compte de la 24e journée de Bundesliga. Malgré l'écrasante victoire (0-6) du leader du championnat, les supporters bavarois ont déployé des banderoles insultantes à l'encontre de Dietmar Hopp, richissime propriétaire du TSG 1899 Hoffenheim.
Le tout quelques minutes après un comportement similaire des supporters du Borussia Dortmund à Fribourg, pour les mêmes raisons. Résultat : le match a été interrompu à deux reprises, aux 66e et 77e minutes, passant proche d'être arrêté définitivement. S'en est suivi un dernier quart d'heure surréaliste durant lequel les deux équipes ont tranquillement échangé des passes, pendant que des applaudissements rendaient hommage à la cible des supporters bavarois.

Le Hoffenheim de Dietmar Hopp, modèle loin de faire l'unanimité

Mais pourquoi tant de haine envers Dietmar Hopp, source de toutes ces tensions ? Septième fortune d'Allemagne, ce milliardaire de 79 ans a investi depuis 1990 plus de 350 millions d'euros dans ce club qui, situé dans une ville de 3300 habitants, est passé de la sixième division à la Bundesliga, en 2008. Le co-fondateur de la société SAP (conception de logiciels) a lâché 40 millions d'euros pour la construction d'un stade nouvelle génération, en plus d'un centre d'entraînement ultra-moderne. Le tout dans un club pour lequel il avait joué durant sa jeunesse.
Des moyens qui ont permis à son écurie néophyte au plus haut niveau se maintenir dans l'élite du foot allemand. Puis de découvrir l'Europe grâce à une quatrième place en 2016-2017 et une montée sur le podium la saison suivante. Hoffenheim est par ailleurs devenu l'une des rares exceptions à la règle du "50+1", qui empêche une seule personne de posséder plus de 50% d'un club en Allemagne. Un modèle qui n'est pas pour plaire aux supporters, qui y voient une concurrence déloyale qui n'a pas sa place en Bundesliga.
Où s'est caché Hoffenheim pendant 100 ans ?
Des réactions en tribunes ont été observées dès l'accession du club en première division. Les dirigeants aussi, ont fait la grimace. Hans-Joachim Watzke, PDG du Borussia Dortmund, a ainsi rapidement déclaré que la Bundesliga n'avait "pas besoin de tels clubs". Lors de l'assemblée générale de 2008, le président du conseil exécutif du Bayern, Karl-Heinz Rummenigge, a de son côté ironisé : "Lors du dernier match à domicile de la première partie de saison, nous avons joué contre une équipe nommée Hoffenheim 1899. Mais je me demande : où se sont-ils cachés pendant 100 ans ?".
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Karl-Heinz Rummenigge

Crédit: Imago

Un comportement - côté supporters comme dirigeants - qui ressemble fort à celui observé après les rachats de Manchester City et du Paris Saint-Germain par des fortunes étrangères. Question de jalousie ou causes plus complexes, les ultras n'aiment pas ça. Et leur défiance n'ira pas en s'atténuant. Dimanche, la rencontre entre l’Union Berlin et Wolfsburg a elle aussi été interrompue à cause des banderoles et chants des locaux. Suite aux événements observés récemment, la Fédération allemande (DFB) a décidé d'interdire les supporters de Dortmund de se déplacer à Hoffenheim durant les trois prochaines saisons. La même sanction est attendue pour ceux du Bayern. Quant aux aristocrates du football, ils n'aiment tout simplement pas les nouveaux riches qui viennent marcher sur leurs plates-bandes.

Rummenigge et le Bayern défendent fermement Hopp

Pourtant, samedi, la solidarité affichée par Rummenigge et tout le club munichois envers Hopp ne souffrait d'aucune ambiguïté. "Au nom du Bayern Munich, j'ai profondément honte de ces idiots, a lâché l'ancien international allemand après la rencontre, au sujet de ses supporters. Le temps est venu, pour la Bundesliga, la DFL (Ligue) et la DFB (Fédération), d'adopter une position unie face à ces idiots. C'est la face moche du football. J'ai honte et je me suis excusé auprès de Dietmar Hopp. C'est un vrai gentleman. Il a fait beaucoup pour le football à Hoffenheim. Ce qui s'est passé est inexcusable."
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Flick défend aussi Hopp : "Ces banderoles n'ont pas leur place ici"

Alors comment expliquer une prise de position aussi franche, quitte à se mettre une partie de ses supporters à dos ? Car soyons clairs : s'il ne s'agit pas de minimiser ces insultes ("tout comme avant : la DFB manque à sa parole. Hopp reste un fils de p***"), les banderoles exhibées samedi ne sont ni les premières, ni l'exemple le plus grave de débordements observés en tribunes, à une époque où des joueurs victimes de cris racistes ne sont pas autant soutenus.

Le Bayern veille aussi à son image

Officiellement, il s'agit évidemment pour l'institution bavaroise de condamner ces propos insultants et considérés comme injustes. Le Bayern sait également que ces incidents, qui auraient pu lui faire perdre la rencontre sur tapis vert, auront un impact sur son image et celle de la Bundesliga. Mais au-delà de ça, le club aux 29 titres de champion d'Allemagne est conscient qu'il n'est plus vraiment menacé par une écurie quelque peu rentrée dans le rang car actuellement classée 8e de Bundesliga après 24 journées. L'intérêt de lui taper dessus est donc moindre.
Plus globalement, le Bayern Munich, maître pour conjuguer réussite sportive et équilibre économique, n'a plus exactement le même modèle qu'avant. Et commence à se tourner vers l'extérieur. A l'été 2017, le Rekordmeister a ainsi bouclé un contrat de six ans avec l'aéroport de Doha pour arborer un logo qatari sur la manche de son maillot. Depuis 2016, l'aéroport Hamad fait par ailleurs sa publicité à l'Allianz-Arena. Sans compter les stages effectués au Qatar ces dernières années. Pas de quoi éclipser sa riche histoire, bien évidemment. Mais s'opposer à l'argent extérieur dans le foot devient (un peu) moins crédible à Munich.
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