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Bundesliga | Bayern Munich : Thomas Müller est-il fini ?

David Lortholary

Mis à jour 27/01/2023 à 14:59 GMT+1

BUNDESLIGA - La formule de Louis van Gaal, "Müller joue toujours", n'est plus d'actualité. Remplaçant à l'occasion des deux derniers matches du Bayern, transparent depuis l'automne et lors du dernier Mondial, le champion du monde 2014 voit son rôle évoluer de protagoniste à joueur d'appoint. Paradoxalement, c'est potentiellement une arme nouvelle pour les Bavarois.

Thomas Müller (Bayern Munich)

Crédit: Getty Images

Mercredi 24 janvier, 19h30. C'est officiel : pour la deuxième fois consécutive, Thomas Müller est sur le banc au coup d'envoi d'un match de Bundesliga. Il faut remonter au mois d'octobre 2019, sous le mandat de Niko Kovac, pour retrouver pareil cas. Sur les deux dernières saisons, l'attaquant de 33 ans s'était assis parmi les remplaçants au début d'une rencontre une seule petite fois. En 2022/2023, c'est déjà la troisième. À l'ère du périssable, la question est abrupte : après une triste Coupe du monde, Müller est-il fini ?
Ce même 24 janvier, contre Cologne, le natif de Weilheim, en Haute Bavière, est entré en fin de match, participant discrètement au résultat nul (1-1) arraché d'un exploit du capitaine Joshua Kimmich à la 90e. N'empêche : il s'agissait là de son 425e match en championnat d'Allemagne, une marque lui permettant de dépasser Franz Beckenbauer et Klaus Allofs. Excusez du peu... "On est loin de la fin de l'histoire", estime un autre monument national, Lothar Matthäus.
"Convaincre à tous les matches, dominer de bout en bout, c'est un vœu pieu", estime le double vainqueur de la Ligue des champions, vingt-deux saisons au Bayern. "Ce n'est pas comme cela que ça marche, en particulier dans le football d'aujourd'hui. Même un adversaire de petit calibre, la plupart du temps, peut rivaliser. Les résultats étriqués font partie du paysage. Se livrer à une analyse critique, d'accord, mais ça n'empêche pas d'aller de l'avant."
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Thomas Muller à terre, l'Allemagne est éliminée du MondIal 2022

Crédit: Getty Images

Depuis toujours, ou presque, dans ce style authentique, si typique, si rare aujourd'hui, Thomas Müller dispense la bonne parole au micro des télévisions et des médias en général. Il s'exprime, explique, occupe le terrain physique comme virtuel, diffuse les ondes, oriente, analyse, corrige, réplique, cajole, titille, relaie, influence, relance, cimente, structure, harmonise, ambiance, chambre souvent. Pour résumer : il déroule du câble. Il est partout, tout le temps, sur la pelouse comme en dehors, sur le fond comme sur la forme, et c'est ainsi que le taulier du Bayern a inexorablement gagné le surnom de "Radio Müller".
Vous voulez connaître l'état de la nation ? C'est là que ça se passe. En bon ami des animaux qu'il est - son épouse est une championne d'équitation et lui-même imite les chevaux du couple dans ses stories pour faire marrer la planète et dégonfler toute pression -, Müller est cette anguille dont la noyade dans le grand bain du football professionnel est simplement impossible. Un vieux routier peut toujours servir, quel que soit le poste auquel il est aligné, quelle que soit l'orientation tactique privilégiée. Surtout quand il est une institution dans l'institution.

Toujours le plus populaire

Son poste, aujourd'hui, est justement une interrogation. Il en a vu d'autres mais, bousculé notamment par l'irruption de l'incroyable Jamal Musiala, Müller cherche sa place. Alors qu'à l'occasion de la 18e journée, la Bundesliga entame, ce week-end, sa phase retour, alors que l'équipe nationale, dans un an et demi, accueillera l'Euro avec inévitablement l'ambition de le gagner, la question se pose : quel rôle va jouer l'icône bavaroise sur le terrain désormais ? 15 ans après la célèbre formule de celui qui l'a lancé en pro, en l'occurrence Louis van Gaal, assénant que "Müller joue toujours", cette affirmation si juste, si longtemps, est-elle en train de devenir négation ?
À Doha, durant le stage de préparation du Bayern en début d'année, le bonhomme était toujours le visage le plus populaire de l'effectif auprès des supporters. Pour la jeune génération des amoureux de football en Allemagne, Müller, dont le palmarès est incommensurable - onze fois champion, un record -, est l'incarnation de son club et de l'équipe nationale.
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Thomas Müller

Crédit: Getty Images

Mais le passé, même récent, n'est guère d'un grand secours au moment de plaider le présent. Pour la première fois de sa carrière, à l'automne, le vice-capitaine du Bayern a essuyé une blessure, en l'occurrence musculaire, de plusieurs semaines. Pendant ce temps-là, ses coéquipiers virevoltaient de victoire en victoire. "Ç'a fonctionné aussi sans moi", a-t-il constaté en conférence de presse en début d'année, tout en signalant être toujours à disposition pour l'équipe nationale. Las, cela fait désormais quatre grands tournois consécutifs (2016, 2018, 2021, 2022) qu'il n'inscrit pas le moindre but et trois d'affilée qu'il incarne un échec précoce.
À Doha, au cours du stage de janvier, son entraîneur a posé le cadre : "Thomas a fait une très bonne impression. Nous avons énormément de matches à jouer et nous avons besoin de chaque joueur à son top niveau", a-t-il esquissé. "Il fait bien partie de mes plans, comme tous les autres. Nous avons besoin de lui et sommes heureux qu'il soit de nouveau apte." Diplomatique, certes, mais pas décourageant.
C'est aussi la performance qui décide
Ce n'est pas nouveau : Nagelsmann voit Müller dans l'axe, soit derrière l'avant-centre, soit à ce poste. Mais aujourd'hui, dans ce secteur, sa titularisation est devenue hypothétique. D'une part, Jamal Musiala est irrésistible. D'autre part, Eric Maxim Choupo-Moting est en pleine réussite, marquant régulièrement. De fait, le champion du monde 2014 est donc un challenger, sinon un outsider, du moins dans les matches importants. Pourtant, son bilan statistique pèse lourd. Sur les 31 matches qu'il a disputés comme avant-centre en Bundesliga, il a marqué 17 fois, avec 14 passes décisives pour enjoliver le tout. Comme milieu offensif axial ou relayeur, il a disputé dans ce même championnat 203 matches, marquant 71 fois et distribuant 115 passes décisives.
Tous postes confondus, il reste même sur trois saisons consécutives à plus de 20 passes décisives en championnat, ce que personne d'autre n'a réussi dans l'histoire du pays. Du passé, vraiment ? Müller, en tout cas, la joue prudent aujourd'hui : "Dans le domaine offensif, nous avons sept ou huit joueurs pour quatre places", comptabilise-t-il. "L'entraîneur a l'embarras du choix. Il doit trancher. C'est aussi la performance qui décide". Choupo, Coman, Gnabry, Sané, Musiala, Tel et, à terme, Sadio Mané - espéré contre le PSG - constituent effectivement une concurrence certaine.
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Thomas Müller

Crédit: Getty Images

Mais Müller l'a déjà montré : il sait se relever d'une période creuse. Tel en 2019, quand Niko Kovac ne comptait plus sur lui. Quelques semaines plus tard, c'est le Bayern qui ne comptait plus sur le Croate, limogé. Ce dernier avait gravement sous-estimé l'influence de son attaquant au sein du club et du vestiaire. Erreur fatale. Müller allait rebondir de manière spectaculaire sous la direction du successeur de Kovac, Hansi Flick, désormais sélectionneur, avec lequel il entretient de bonnes relations. Sa blessure de l'automne 2022 mise à part, le meilleur buteur du Mondial 2010 est toujours apte, apportant un soin particulier à sa santé au quotidien.

À peine 35 ans à l'Euro 2024

"Quand je rends visite aux physiothérapeutes, ce n'est pas seulement pour raconter la dernière blague à la mode", tient-il à préciser. Ses ressources psychologiques, en parallèle, sont une force. À la maison, il peut s'évader du football. Donner un coup de main à l'écurie, soigner les chevaux mentionnés plus haut. Cultiver, ainsi, une mentalité “pourquoi pas” avec l'Euro à l'horizon. "Si mes performances sont au top au printemps 2024, why not ? Sinon, pas de raison d'y aller, même si ce serait beau..."
Et si le nouveau Müller était toujours ce joueur important, mais sans jouer chaque match ? Son poids dans le groupe, en tout cas, est intact. En l'absence de Manuel Neuer, c'est lui le capitaine, juste devant Joshua Kimmich dans la hiérarchie. "Thomas est un joueur significatif pour le Bayern comme pour moi", explique son entraîneur. "C'est un interlocuteur important, le miroir de l'équipe. C'est ce qu'on attend des leaders." Arrivé l'été dernier, Matthijs de Ligt, appelé à s'installer comme chef de la défense, abonde : "Avec son expérience, c'est un joueur très important. Et ça le restera." À l'Euro 2024, Müller aura à peine 35 ans. La liste est longue et prestigieuse de ceux qui connaissent, à cet âge, leurs meilleures émotions sportives. N'est-ce pas, Lionel Messi ?
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