Bayern malade, performances parfois ubuesques : Borussia Dortmund ou la peur de tout gâcher pour le titre en Bundesliga

"C'est difficile de trouver des mots. On pensait déjà avoir vécu le pire cette saison. Aujourd'hui, c'était le summum… On est la risée de l'Allemagne". C'est un Edin Terzic livide, stoïque qui s'est présenté à la presse samedi soir après la nouvelle sortie de route de ses ouailles. Tenus en échec par Stuttgart (2-2), malgré deux buts d'avance et une supériorité numérique pendant plus de cinquante minutes, les joueurs du Borussia Dortmund ont encore laissé échapper deux points précieux dans la course au titre.

Ce nouveau sabordage en règle a néanmoins eu le mérite de trouver un écho "rassurant" pour le BvB avec une nouvelle contre-performance du Bayern Munich face à Hoffenheim. Au coude à coude, les deux ennemis peinent à prendre le meilleur l'un sur l'autre. Cette année, Dortmund a une occasion en or de prendre sa revanche sur son pire ennemi. Mais à force de multiplier les scénarios ubuesques, les Jaune et Noir pourraient s'en mordre les doigts…

Bourrés de talents et surtout séduisants dans le jeu, les Marsupiaux ont retrouvé des couleurs cette saison sous la houlette du revenant Edin Terzic. Leur ADN, surtout. Le jeune technicien a trouvé les bonnes formules tactiques et responsabilisé l'ensemble de son effectif, des titulaires aux remplaçants. Ces derniers sont d'ailleurs les plus efficaces de Bundesliga avec pas moins de 13 buts en sortie de banc. C'est paradoxalement sur ces fins de matches que Dortmund a pris l'habitude de tout envoyer valser.

Habitué des scénarios rocambolesques et parfois ubuesques ces dernières années comme le nul dans le derby contre Schalke en 2017 après avoir mené 4-0 ou encore, le Borussia Dortmund n'en a pas fini avec ses mauvaises habitudes cette saison. Les matches face à Stuttgart et le Werder Brême fin août, perdu 3-2 dans les cinq dernières minutes de jeu après avoir mené 2-0 jusqu'à la 88e minute, n'en sont que la triste continuité.

Sérieux, prometteurs et parfois souverains sur deux tiers de la partie, les Borussen tremblent toujours dans des fins de matches dignes des plus grandes tragédies grecques. Cette saison encore, Dortmund a perdu 5 précieux points alors qu'ils menaient au score de deux buts. Des "miettes" qui auraient pu leur permettre de prendre le trône et de mettre la pression sur le Bayern Munich.

Mais où cela peut-il bien pêcher ? La réponse est finalement toujours la même depuis dix ans. C'est sur le plan psychologique que les Borussen font faillite. "Il y a des raisons pour lesquelles nous n'avons pas été au sommet depuis dix ans…", analysait Edin Terzic après la rencontre samedi. Un discours qui tranche avec ceux tenus par Marco Reus, Michael Zorc et consorts ces dernières années qui n'ont jamais réellement mis le curseur sur le sujet pour expliquer les mauvaises performances du BvB.

Le mal est là. Edin Terzic en a bien pris conscience. "La seule chose qui pouvait faire basculer ce match, c'était si on perdait notre discipline. Si on compte sur le type à côté de nous, on ne fait que reporter la responsabilité et ça menace de tout faire basculer…" Banco. "On s'est totalement relâchés, on n'a pas été très bons défensivement. C'est inacceptable que Stuttgart ait autant d'occasions en infériorité numérique", rageait le portier Gregor Kobel après la rencontre.

La maturité, cette jeune équipe du Borussia Dortmund en manque. C'est pourtant de l'orgueil qui pourrait lui permettre de parer à ses dégringolades. Dans sa chronique pour Sport1, l'ancien international allemand Stefan Effenberg n'y est pas allé de main morte sur le mental des Borussen et s'en est notamment pris à Marco Reus et Emre Can. "Ils ont un vrai problème dans la tête... Dans les moments difficiles, il faut se battre."

Il va pourtant falloir se montrer (enfin) fort dans la tête pour le Borussia Dortmund. Dans une course au titre qualifiée de "duel entre deux gros escargots" par le Frankfurter Allgemeine Zeitung, les deux géants se suivent et se ressemblent. Comme si personne ne souhaitait réellement s'emparer du Meisterschale.

Remonté ce week-end, le directeur sportif du BvB Sebastian Kehl s'est montré confiant sur le rebond de sa formation. "Nous n'avons pas perdu de vue notre objectif de remporter le titre. Nous sommes l'équipe la plus forte du championnat à domicile et nous sommes toujours capables de commencer une série." Atterré il y a une semaine, Edin Terzic a remis le bleu de chauffe et a tracé le même sillon que la légende du club. "Il n’y a que deux points d’écart, il reste six matchs dont quatre à domicile. C'est surtout à domicile que nous avons pratiqué un football très efficace. C’est ce qu’on veut retenir."

Plutôt que de ressasser le nouveau dérapage contre Stuttgart, le technicien de 40 ans a préféré tirer un trait dessus. "Bien sûr il y a une part de colère après tout ce qui s’est passé, mais ça ne sert à rien de la canaliser et de se pointer les uns les autres. Il faut assumer contre Francfort, ce qui s’est passé la semaine passée." Marco Reus et consorts ont une revanche à prendre ce samedi. Avec un Bayern Munich en mode FC Hollywood, et qui traverse sa plus grosse crise interne de ces dernières années, l'occasion est trop belle pour le Borussia Dortmund pour encore tout gâcher…