Au bout de leur rêve

Un stade plein à craquer, un soleil magnifique, une température printanière, tout était réuni pour assister à une superbe finale. Elle le fut pendant ces 45 premières minutes, ouvertes et enlevées. Galvanisés par leur public plus que tétanisés par l'enjeu, énorme, les Tunisiens ont démarré à cent à l'heure. Après une première alerte signée Clayton (4e), Santos ouvrait la marque d'une tête imparable suite à un centre de Nafti (1-0, 5e).

Totalement étouffés, les Lions de l'Atlas passaient même tout près du K.O. au quart d'heure de jeu, mais Santos eut le tort de trop tergiverser devant Fouhami (15e). Heureusement, au fil des minutes, les hommes de Badou Zaki allaient sortir la tête de l'eau. Chamakh sonnait la révolte d'un coup de tête rageur mais non cadré (17e), puis, peu avant la pause, Mokhtari était à la conclusion d'un magnifique mouvement pour l'égalisation (1-1, 38e). Un score qui pouvait laissait quelques regrets aux Tunisiens, malheureux sur une frappe de Chedli (20e) puis sur une tête de Bouazizi (45e).

Les Tunisiens avaient mis cinq minutes à trouver la faille en première période, il ne leur en fallut à peine plus en seconde pour reprendre l'avantage. Sur un centre-tir appuyé et tendu de Clayton, Khalid Fouhami commettait l'irréparable en relâchant le ballon dans les pieds de Jaziri, à trois mètres du but. Une aubaine pour les Tunisiens et une catastrophe pour les Marocains (2-1, 52e). On ne le savait pas encore, mais la partie venait de basculer pour de bon dans le camp du pays organisateur.

La fatigue aidant, la seconde période s'avérait beaucoup moins plaisante, l'enjeu prenant le pas sur le jeu. Parfaitement organisés, les Tunisiens n'allaient quasiment pas être inquiétés après leur deuxième but. Manque de lucidité, mauvaise exploitation des coups de pieds arrêtés, notamment des corners, les Lions butaient systématiquement sur la muraille tunisienne. Ce sont même les hommes de Lemerre qui se trouvaient à plusieurs reprises en position de tuer le match, mais ni Mnari ni Santos ne trouvèrent la faille. Qu'importe, l'histoire retiendra que cette CAN 2004 était bien celle de la Tunisie, qui entre dans le gotha continental avec ce premier sacre. Roger Lemerre, quatre après le titre européen avec les Bleus, réussit lui aussi un doublé historique.