Les Pharaons visent haut

"Veni, vidi, vici". Telle pourrait être la devise des Egyptiens venus avec la grosse pancarte du favori de la CAN sur le dos, celle logiquement assurée pour un double tenant du titre. Ils ne l'ont pas réclamé. L'histoire le leur a donné. Ils l'ont finalement assumé et avec brio, jusqu'au bout presque sans faillir. Avec quinze buts marqués et deux encaissés - soit, coïncidence ou pas, le bilan identique aux Français champions du monde 1998 - les chiffres ont parlé d'eux-mêmes. La meilleure attaque et la meilleure défense de la Coupe d'Afrique des Nations a maîtrisé son sujet de bout en bout.

Basé sur un collectif particulièrement bien organisé et efficace dans la construction du jeu, le groupe d'Hassan Chehata a également l'expérience pour lui. L'une des équipes les plus âgées (28 ans de moyenne) de la compétition a respiré la sérénité et le vécu commun de nombreux matches. "L'équipe s'améliore, c'est une des seules équipes en Afrique qui ne change pas de joueurs, ou seulement quand il y a des blessés. L'équipe ne dépend pas d'un seul joueur, même si des joueurs très importants nous ont manqué, comme AbouTreka, Zaki et Shawki", a noté d'ailleurs Mohamed Zidan à l'issue de la finale. Sûre d'elle, l'Egypte a toujours su répondre face au vent défavorable, notamment lors de l'ouverture contre le Nigeria et du quart de finale remporté face au Cameroun. "Le tournoi était plus dur que les précédents parce qu'on avait la pression: on essayait de remporter un troisième titre d'affilée", s'est-il justifié par la suite.

L'Egypte, savant mélange de générations allant du prometteur latéral droit Ahmed El Muhammady à l'inusable portier Issam El Hadary, n'a plus rien à démontrer...ou presque. Toujours présente dans les rendez-vous continentaux depuis plus de dix ans, celle-ci n'a pourtant jamais su concrétiser sa force dans les phases éliminatoires amenant au Mondial. En 1997 face à la Tunisie, en 2001 face au Maroc et au Sénégal, en 2005 contre le Cameroun et la Côte d'Ivoire, les Pharaons ont toujours échoué aux portes de la Coupe du monde. Les mauvaises langues diront que la formule d'un mini-championnat ne leur correspond pas, eux qui sont, a contrario, plus à l'aise dans une formule de coupe. Les sept titres continentaux et la seule qualification pour une Coupe du monde, en 1990, en attestent d'ailleurs.

"J'ai eu de nombreuses propositions de la part de clubs étrangers, des offres financières bien supérieurs à celle dont je bénéficie actuellement mais je me sens bien en Egypte. Je n'ai pas encore envie de partir. Mon souhait le plus cher est désormais de la qualifier, à nouveau, pour un Mondial", a admis Hassan Shehata au micro d'Orange Sport. L'ancien attaquant du Zamalek a encore une fois les cartes en main pour succéder aux glorieux aînés que sont Hany Ramzy et Magdi Abdelghani, entre autres. Les Pharaons règnent sur l'Afrique. Un grand ouvrage leur manque pour qu'ils restent désormais dans l'Histoire.